Ou comment le système finit toujours par manger même ceux qui pourraient s’affranchir de certaines contraintes et discours obligés.
Nous sommes allés, très nombreux, voir Massive Attack dans le magnifique théâtre de la Cité de Carcassonne. Et nous sommes repartis déçus et moqueurs. J’ai ressenti deux raisons, principalement, à l’échec du passage en live des morceaux de Massive Attack.
- l’abus de guitares saturées, qui remplacent TOUTES les explorations et variations stylistiques qui ont fait la renommée du groupe. On n’entendait guère de nappes, pas de violons, à peine de samples, rien que des riffs joués fort, trop fort. Je n’aime pas le son de la guitare électrique, c’est un fait, mais pourquoi TOUT réduire à un solo de guitare alors que deux batteurs se démènent sur scène (ils n’auront d’ailleurs même pas droit à leur quart d’heure de gloire, les Massive ne cédant pas au cérémonial de la présentation du groupe), alors que trois chanteurs (plus deux frontmen) se succèdent comme à la kermesse de l’école, alors que le public réclame dès le troisième morceau d’entendre des tubes ?
- le discours anarcho-punk des écrans LCD (mal réglés, d’ailleurs, y’avait des pixels morts, et les caractères accentués ne s’affichaient pas, la honte) qui assènent aussi bien des titres de news Yahoo! People que des citations de Staline. Mai 68, Paris Match et l’altermondialisme placés au même niveau, ça fait toujours un peu bizarre, et surtout, tellement cliché ! Je me souviens avoir vu le POPMART Tour de U2 il y a 10 ans tout rond et y avoir perçu le même discours-mise-en-abyme (« Tu me regardes donner en spectacle le monde qui s’écroule sous le poids du fric mais tu viens de lâcher 40 euros pour te le faire dire, à moi qui suis déjà millionnaire »), avec beaucoup plus d’efficacité et (c’est bien pour ça qu’on y va) de divertissement.
Le pire, dans tout cela, c’est que Massive Attack m’avait fait le même effet, il y a environ 10 ans, dans la froideur de Bercy. C’était juste après la sortie de Mezzanine, alors que le groupe commençait à se désolidariser, que Tricky commençait à dire beaucoup de mal de ses fondateurs, et que les grandes salles s’étaient ouvertes à ce collectif qui a commencé en animant des soirées hyper black-blanc-beur-underground à Bristol. L’histoire a déjà été écrite, elle a même été résumée en musique par DJ Milo sur l’excellentissime compilation The Wild Bunch – Story of a Sound System. Coincés par leurs problèmes d’ego et de créativité, les membres de Massive Attack sont aujourd’hui en roue libre, tellement fiers d’avoir accompli ce qu’ils ont accompli, créer un nouveau genre musical, rien que ça, qu’ils en oublient d’être simplement des artistes sur scène, présents, généreux et accessibles.
Restent les classiques, ceux qu’on écoutera encore dans 40 ans, quand le vieux Horace Andy aura passé l’arme à gauche.
La preuve, quand c’est Tina Turner qui les reprend, ça colle des frissons.
The « wild Corbières bunch » went to see Massive Attack in Carcassonne, the other night. We were all quite excited about it, and when the show was over, we all felt SO relieved… Wow.
Sitting next to me, Gary, the überfunky drummer, deplores that it takes two sets of drums & percussions to hit the same blank beat on every song.
A little further, Daisy & Seren decide that they should get wild to the music instead of waiting for something to happen. They start dancing like in their old raving days. In the end, they sweat a lot, have a little fun and hurt their back…
After the fifth track, Cécile leans towards me and shyly says: « I’m afraid I don’t like the way they have evolved… »
Juice boos the poor Stephanie Dosen when she totally misses the high notes on Teardrop. By the end of the show, everybody will be laughing at her each time she hits the stage, acting like a little girl and whispering (fortunately, much better than on her first song), and she gets nicknamed « Candy », like in the Japanese cartoon.
I get seriously pissed when the LCD screen starts to quote indifferently Aung San Suu Kyi and Joseph Staline. It reminds of the old POPMART time Bono, without the irony… Karine looks absorbed by the display, but she doesn’t seem amused either. She’ll confess later her despise for the cheesy demagogy of the show: « It’s too easy to tease the French crowd with slogans from Mai 68! »
The crowd goes crazy when the band finally starts playing their hits. Unfinished Sympathy is one of them, blandly sung by a dummy who doesn’t even try to sound like the original. Anyway, the guitar player is soon taking over her, hammering his tenth solo of the night, in order to definitely butcher the groovy elegance of the song.
How can you be so disappointed by the performance of a legendary band, which originated a whole new musical genre, the CDs of which you have listened to so many times that you have felt every emotion possible on their tracks?
Well, it seems that they haven’t improved their live performances in ten years…
Since the huge success of Protection and during the production of Mezzanine, the members of Massive Attack have gone astray, barely speaking to each other. The first time I saw them live was just after the release of Mezzanine and they were already heavily « guitaring up » their tracks, emptying them of the poetic and soulful substance of Trip Hop. They are still capable of writing beautiful and haunting tracks (check I Against I featuring Mos Def, and the incredible James Holden remix of Teardrop) but they don’t seem to be able to share any emotion, at least they can’t translate it musically and restore their dark yet welcoming craft.
That is why I am posting today a cover by Tina Turner, the entertainer who gives it all when on stage. That’ll teach them.
Tina Turner – Unfinished Sympathy (extended olympic mix)
Le public, c’est comme des petit vieux, il faut lui servir un peu la soupe, sinon, ça bave.