En choisissant d’intituler l’album Random Access Memories, les Daft affichent clairement leur concept : souvenirs-souvenirs, un peu de ceci, un peu de cela. Au petit bonheur la chance, suis-je tenté d’ajouter. Ils se sont fait plaisir, on ne peut pas le leur reprocher étant donné la clique classe qu’ils ont réussi à rassembler autour d’eux. (Cela dit, pas l’ombre d’une femme à l’horizon : la misogynie nerd et adolescente du duo de potos commence à se voir…)
Les gars chez Columbia ont dû sauter de joie quand ils ont appris qu’ils allaient avoir un disque de dance molle, avec des featurings prestigieux et hype, plutôt qu’une expérimentation casse-gueule comme le fut Human After All. Hum. Alors, RAM, un album dance ? Peter Rauhofer, encore tiède, doit déjà se retourner dans sa tombe.
Give Life Back To Music sonne comme l’aveu de ce qu’est RAM, et de ce qu’il ne sera pas : un disque « live », avec des instruments. Ca pourrait être alléchant, une belle promesse. Mais dès ce premier morceau, on comprend bien qu’on est dans l’hommage, regard dans le rétro, plutôt que dans la re-création à proprement parler. Au sein même de l’album, les morceaux se marchent sur les pieds : Give Life Back to Music sonne comme une maquette de Get Lucky sans Pharrell. And so on.
Giorgio by Moroder est un morceau bien malin, qui hésite entre suite jazz discoïde et référence pas du tout masquée aux sons du Moroder de la fin des années 70, The Chase en tête. En réalité, cela me fait plus penser à du Cerrone, son concurrent français. Ce n’est pas honteux, mais du coup, c’est hors sujet… Après un passage complètement superflu de scratch qui n’a rien à voir avec la choucroute, tout cela se termine dans un dégueulis de guitares dont même Bon Jovi jeune n’aurait pas eu envie sur une de ses chansons.
Alors à ce moment-là, on peut se poser la question : Daft Punk est-il toujours un groupe électro ? Si c’est parce qu’ils ont besoin d’électricité pour faire marcher les micros, passe encore. Mais il ne reste plus rien du son anorganique propre à l’électro historique, et qui traversait leurs premiers titres jusqu’à certains passages « vénères » de Human After All, plus rien de la froideur synthétique qui baignait les morceaux les moins mélodiques de Tron : L’Héritage.
Sur la plupart des morceaux, la batterie sonne très sèche, comme des boîtes en carton, plus que comme la section rythmique d’un groupe funk. Là encore, le grand écart entre leur vieux son et la direction qu’ils ont choisie semble inabouti. Il faut attendre Contact, à la fin de l’album, pour que la batterie se réveille et se révèle dans un maelström de guitare saturée et de boucles acides, qui rappellent toutefois davantage Human After All que le premier album. Peut-être un clin d’oeil aussi à Aerodynamite (remix d’Aerodynamic), qui reste pour moi un de leurs morceaux les plus épiques et les plus efficaces parce que débarrassé du blabla robotique.
Je sais pas pour vous, mais le vocoder, ou l’autotune, ou whatever outil de filtre vocal, ça me casse les pieds 99% du temps. Le charme d’une voix ne réside-t-il pas dans les souffles, la vibration, parfois l’hésitation ? Un morceau comme Within n’arrive pas à la cheville de Something About Us, leur chef d’œuvre slow, parce qu’il ne propose pas grand chose de nouveau, malgré la présence délicate de Gonzales. Idem sur Instant Crush, intitulé comme un appel à l’achat impulsif, où la voix de Julian Casablancas n’existe plus, noyée dans un ritournelle midtempo hyper prévisible. Je vous mets au défi de passer ça en soirée pour faire bouger le cul des gens.
Au fond, RAM me rappelle que je ne suis pas un fan de Daft Punk, que leus élans créatifs me touchent assez peu malgré leur amour indéniable de la musique, leur culture et leur flair. Je suis resté par exemple complètement hermétique à un morceau comme Touch, qui aurait pourtant pas mal d’atouts pour me plaire. Peut-être que le douze-millième degré m’échappe, j’entends surtout un gros délire sans queue ni tête, ni humour. Certains loueront la « liberté créative », j’entends surtout un pastiche de space-funk des années 70 qui n’apporte rien au genre (ledit genre n’ayant pas apporté grand chose à la musique).
C’est peut-être bien ça le problème : trop calculé pour être daft, trop Saint Laurent pour rester punk, Random Access Memories n’apporte pas grand chose à la musique non plus.
Let me get straight to the point: Random Access Memories is not a horrible album, it’s going to sell well (it already is). But it’s the record they should have made in 2005, instead of the infamous Human After All. At that time, nobody really wanted to hear about Nile Rodgers or Giorgio Moroder, Julian Casablancas and Panda Bear were super indie, and Pharrell Williams wasn’t the fashion icon he is now. The whole project wouldn’t have sounded as market-orientated, less French than ever, as it is today.
But hey, who am I to say what they should have done in their place? Didn’t they willingly choose to stick to their ManMachine sci-fi concept, going from Human After All to Tron: Legacy? This path seemed like a dead end, both albums being notable flops.
The title Random Access Memories sums up the record’s concept: a little bit of this (funk), a little bit of that (rock), provided that it reminds of the good old days (i.e. the artists childhood, Rosebud always). Daft Punk are the epitome of what the major companies need and want from their international acts: something quickly recognizable. Label it « dance music », even if more than 2/3 of the tracks are mid or downtempo. Label it « electronic music », even if the drums sound like cardboard boxes and all the instruments are played live. Label it « arty », even if it’s mostly parody. Before I listened to the record, everything I read about it screamed « Lady Gaga album without Lady Gaga ». Now that I’ve heard it, I acknowledge Daft Punk’s effort is far more enjoyable, mostly because it’s more comfortable. That’s the price to pay when you don’t (try to) break the rules anymore.
About Get Lucky, everything has already been said. But I didn’t read anywhere that, despite the track’s good vibe, it lacks of the sexual emergency that pervade the lyrics. A faster tempo would have worked better, and I am deeply convinced that it’s a mistake to have Pharrell Williams as the main and sole vocalist. It could have worked as a dialogue, and it would been a killer track if performed by Kylie Minogue or whatever K-Pop high-pitched and bubbly princess.
Funny also how these two Kings of Pop (or maybe Dukes is more than enough) assert themselves as male robots, surrounded by male musicians. Of course they talk of love all the time, and since they are not known for any gayness, women are present throughout several songs. But it’s an absolute shame that no lady ended in the studio with them. (Don’t tell me that there isn’t a disco or funk or 80s rock icon that happens to be also a woman.)
Or it’s just another sign of the times, sex equality is still an issue. Duh.
I know for a fact, an insider told me this years ago, that they turned down Madonna’s offer to produce what was to become the Music album. I also know for a fact that they did record some demos with Britney Spears when she was growing up from Oops! I Did It Again to I’m A Slave 4 U. But none of these collaborations went through.
As far as I know, the only Daft Punk female collaborationss are a remix they did for British singer Gabrielle, back in 1995, and a version of Technologic featuring Peaches in 2006. Is there anything wrong with this pair of high school buddies ? They’re now full grown-ups with wives and families, but still they show, at least, shyness when it comes to girls.
So let’s just listen to Get Lucky with different ears : doesn’t this song tell the story of a guy who needs luck to get with a chick? So unFrench, so nerdy. Come on Pharrell, I know you can do better…
Daft Kumbya – « Get Lucky » (cover)
« We’ve come too far to give up who we are »,
c’est pas un argument de parvenu ?
(Image by Hajime Sorayama,
taken from e621.net)