Luther Vandross est mort.
Je ne peux pas dire que ça me bouleverse : ce type est né ringard, et, à part la daube dance The Best Things In Life Are Free qu’il a enregistrée avec Janet Jackson, je connais à peine les tubes qu’il laisse. J’ai retenu qu’il a commencé sa carrière discographique en chantant les choeurs pour Young Americans de David Bowie (avec qui il a aussi co-écrit Fame Fascination), Donna Summer et Bette Midler (plus camp, tu meurs). C’est peut-être ça, son drame : n’avoir su bien chanter que pour les autres.
Ou alors, son drame c’est d’avoir été un noir homosexuel en Amérique. Noir, c’est sûr, il ne pouvait pas le cacher. Homo, ça l’est moins : il ne l’a jamais avoué publiquement. Pourtant, le public aurait bien aimé savoir si ce qu’il devinait était vrai : sa jeunesse de fils-à-maman ; ce look très glitter à la ville comme à la scène (et ses pulls roses) ; sa reprise de Killing Me Soflty sans changer un mot du texte écrit pour Roberta Flack… Dommage, ça l’aurait bien fait, un chanteur de charme qui faisait mouiller les gonzesses dans les années 70-80 et qui sort du placard le jour où on lui pose la question. Mais répondre que sa sexualité ne regardait que lui n’a pas suffi et les rumeurs l’ont poursuivi jusqu’à sa mort.
Peut-être aurait-il dû lire ça et ça avant de mourir, ça l’aurait rassuré : le plus difficile, ce n’est pas de faire partie d’une minorité (de deux minorités, a fortiori, ça n’arrange rien), c’est que la majorité passe son temps, même malgré elle, à rappeler à ceux qui n’en font pas partie que non, ils n’en font pas partie.
Alors, c’est un petit hommage que je rends à cette victime du poids écrasant du modèle WASP en postant aujourd’hui sa reprise de Love The One You’re With, créée par Crosby, Stills & Nash. A l’origine, un tube pour gros machos qui dit : si ta bourgeoise n’est pas là et que tu croises une jolie poulette, y’a pas de mal à se faire du bien ! Mais les paroles My man, go ahead on, find somebody, get someone, ajoutées par Luther-dans-le-placard, donnent plutôt dans le Fast Love de George Michael. Plus possible de se cacher : sortir un soir avec pour seule idée en tête de soulager cette putain d’envie de niquer, c’est vraiment un truc de pédé.
Luther Vandross passed away. I’m not too sad about that: the guy was born cheesy, his looks were most of the time really bad and he had a terrible taste in music. But huge vocal talent. He was a background singer for every pop or soul star in the 70’s, did the vocal arrangements for No More Tears (Enough Is Enough), the campest duet (Barbra Streisand and Donna Summer) on pop history.
As a big music fan, he wanted to be Dionne Warwick or Diana Ross. And because he was so ambitious, the guy was a hard worker and a bitch. R&B trio En Vogue called him Lucifer while touring with him, Aretha Franklin walked away after an argument during a recording session when he told her Well, I’m the person who produced your first gold record in years… I mean, you don’t say such things to Aretha unless you are really honest about yourself… So the point is he seemed to be struggling against bad health and weight issues. But the real struggle must have been the rumours about his sexuality: was he gay or not?
Why would’nt he answer the question? I guess it’s not that easy to succeed in America when you are gay and black. And since you can’t hide the fact that you’re black, you deal with it, and to hell with the rest…
Anyway, Luther’s sexuality was merely a secret at the end of his life: he sang Killing Me Soflty not changing a single word in it, unlike Frank Sinatra. And from the album Songs featuring Roberta Flack’s classic, here is a cover of Crosby, Stills & Nash‘s Love The One You’re With, in which he added a few lines like My man, go ahead on, find somebody, get someone. George Michael sang nothing different in Fast Love… Call it gay romanticism if you wish, but, like Michael Jackson once sang with Princess Stephanie, keep it in the closet.
Luther Vandross – Love The One You’re With