Moodboard 2010-2019

🇫🇷 La plus 2019 des années 2010 : Rosalía

Je l’adore. Pas nouvelle cette année, pourtant, la musique et la présence de Rosalía incarnent le renouveau de 2019. Les lyrics en anglais sont dépassées dans la pop, it’s a fact.

Ce qui convient désormais, c’est du catalan comme dans Milionària, du coréen (je suis passé largement à côté du train K-pop) ou la novlangue d’Aya Nakamura. Je ne serais pas surpris que la série inspirée du Seigneur des anneaux, ou tout autre univers de fiction doté d’une langue construite, inventée, ne finisse par donner naissance à des hits. Finalement, un tube, c’est un mème musical : tout est bon à prendre à ce compte et la culture passée à la moulinette du web ouvre de nouvelles possibilités.

En tout cas, il est loin le temps des Beatles « Baby, you can drive my car / Yes, I’m gonna be a star ». Regardez comme Lady Gaga s’est archi-vite ringardisée avec ses onomatopées de nouveau-né WASP épileptique.

De Gangnam Style à Despacito, le Top 50 mondial n’a jamais été aussi polyglotte. Et ce, malgré Taylor Swift, qui est aussi un marqueur de la décennie (DAMN IT).

Chose étrange, cette internationalisation des référents musicaux n’a pas ouvert de nouveaux horizons politiques. On est allé directement du Printemps arabe au Brexit sans passer par la case We Are The World. Pas de protest song 2.0 : non, maintenant, la jeunesse fait des détournements de tutos sur Tik Tok. On retiendra toutefois que la valeureuse MIA s’est exprimée en chanson sur le thème des migrants, U2 aussi entre autres. (La candidature de la France à l’Eurovision, avec Mercy, c’était un gros WTF).  Et on a pu compter au final sur Madonna pour défendre les gays, les Juifs, l’Islam, les femmes violées et d’autres opprimés dans une seule et même chanson.

Même Joan Baez prend sa retraite, alors…

🇬🇧 Dead people

Prince. I remember so well when I learned his passing. Nice evening. I was riding back from work and my phone kept buzzing (I have since disabled most news notifications, the Tens were such a mess about that too), so I checked it at a red light, close to the Opera, and he was declared dead. It took me a few breaths to take it in. Went back to that moment, a couple of days before, when I learned that he’d had a stroke or something: I thought « Oh no, not you, not now ».
Then again, I thought « Oh no, not you, not now ».

Back home, I listened to his music, sipping wine.
Shit.

Think of it, even Lauren Bacall was still (but) alive at the beginning of the decade.
Gil Scott-Heron.
Sylvia Robinson, Etta James, Whitney Houston, Donna Summer.
Donald Byrd, Yusef Lateef.
Gustavo Cerati.
Bowie.
Then, it was George Michael.
Then, it was Jeanne Moreau 💔.
Then, it was Aretha.
And Michel Legrand.

Those years are gone.

🇫🇷 La dance molle et les chanteuses à voix de petite fille

Ça a commencé dès 2010, avec Nightcall de Kavinsky.

Puis, dans la lignée de James Blake (aussi une des révélations de la décennie), mais en plus accessible : Flume, Kygo, Fakear, Petit Biscuit… tous ces nouveaux venus qui se sont vite fait un nom et qui ont fini par tous se ressembler.

En parallèle, Robyn, Nicolas Jaar, Disclosure, Four Tet, Caribou, Metronomy, Maya Jane Coles, Tycho, The Avalanches, Neon Indian, Unknown Mortal Orchestra, Boards of Canada, Nicola Cruz, Pacific Coliseum [qui fait le lien avec la vaporwave, cf. plus bas], Mark Ronson, jusqu’à Helado Negro encore cette année, ont tous apporté leur touche plus ou moins indé / underground à cette vibe. Pour calmer tout le monde et pousser le bouchon, Burial sort une compile 2011-2019, qui résume un peu tout ça. Bref.

Sont venus les hits tendance hyper régressive, des productions pas violentes et enveloppantes, des intonations rassurantes et chuchotantes, des tubes-doudous qui donnent autant envie de twerker qu’une comptine (cf. Abra, plus bas).
Du guilleret Rather Be avec la voix mielleuse de Jess Glyne, à Goodbye de Feder et son gimmick à la mandoline, sans oublier l’immanquable Lean On de l’immanquable Major Lazer, on n’a jamais dansé aussi sagement.

Katy Perry a enterré le game. Déjà, le retour de Daft Punk avait été mou du genou, hein… Un des clous dans le cercueil de cette vogue aura été Feels par le combo Calvin Harris / Katy Perry (encore elle) / Pharrell et Big Sean, une soupe aux featurings réchauffés. Même Clairo s’est perdue, passant d’une pop super lo-fi, aux multiples influences, à un trip plus indus assez laid à l’oreille.

La dance est redevenue plus VNR (trop pour certains), comme récemment avec ce truc chelou et pêchu de Four Tet (ironie de l’histoire, le sample date de 2006), pendant que perdurent encore quelques clichés beauf et big room, hantés par le fantôme d’Avicii, avec du gros son pour festoche où un couillon fait semblant de tourner des boutons devant une foule de kids super high.

La nonchalance est restée, elle a muté : avec la transformation des beats hip hop et r’n’b en trap, la deuxième moitié des années 10 a ouvert la voie à une version urbaine de la dance molle, cette fois mumble-rappée par des gamins de 20 ans avec des couteaux ou des lettrages dégueu tatoués sur le visage.

Ou minaudée par Ariana Grande.

🇬🇧 Music on screen

Musical documentaries were quite a thing. It started with the excellent Searching for Sugarman which made me rediscover Sixto Rodriguez, then there was Twenty Feet from Stardom (that Gimme Shelter moment is unforgettable), and then Netflix arrived with What Happened, Miss Simone?, Quincy and Homecoming.

In 2019, I litterally wept non-stop through Aretha’s Amazing Grace. For 2 hours. I still get goosebumps when I think of it.

Among other musical emotions at the movies, I’ll remember Barbara by Mathieu Amalric, Only Lovers Left Alive by Jim Jarmusch, Inside Llewyn Davis by the Coen brothers, Modern Love in Frances Ha, Xavier Dolan’s Les Amours imaginaires, Tom à la ferme & Mommy soundtracks (still not my thing, Céline Dion sure won the 2010s too), the awesome Doof Warrior, half-guitarist, half-flamethrower, in Mad Max: Fury Road, the 9 minutes 49 seconds progression of Light of the Seven in GOT season 6 finale, Preciso me encontrar by Liniker in Netflix Brasil’s 3%Skyfall opening credits, Harry Nilsson’s Without Her at the end of Victoria (echoed by Harry Nilsson’s Gotta Get Up in Russian Doll), Le Temps de l’amour in Moonrise Kingdom‘s so cute dance scene (mirrored by the Settin’ The Woods on Fire by Hank Williams in The End of The F***ing World), the Italian canzone in Call Me By Your Name and Adam Driver torch singing Being Alive at the end of Marriage Story.

And despite all the hate, I really enjoyed Vinyl, the HBO series, especially the giganormous two hour long pilot directed by Martin Scorsese. I really wish there had been a season 2 in order to dig more into disco and fix what The Get Down missed too.
Inexplicably, both shows were somehow wrong about what disco sounded like in the beginning.

🇫🇷 Beyoncé

Impossible de résumer l’improbable OPA de Queen B sur les années 2010. Elles sont passées très vite, et sans doute il faudra du temps pour digérer ce qu’elle a apporté, dans le maelstrom qui nous a conduit d’Obama à Trump.

Du suave (et mésestimé par moi-même à l’époque) 4 au phénoménal Lemonade, sans oublier la séminale surprise de Beyoncé en 2013, elle s’est imposée comme la star indépassable de l’époque, par ses performances, la prise de contrôle de sa persona à un niveau jamais égalé, sa plastique, son féminisme empowered et finalement son omniprésence.
Cette vedette est ce que l’industrie musicale a fait de mieux pour se racheter d’avoir engendré Michael Jackson.

J’aurais pu choisir un de ses plus gros coups de cette période Drunk In Love, parce que ça me fait toujours penser à Björk et à Ella Fitzgerald en même temps. Le truc, c’est que l’en même temps, c’est devenu compliqué.

Donc, puisqu’il est question ici de Prince et de tous ces RIP, The Beautiful Ones me paraît fort à propos.
(la 2e partie du clip, en revanche, c’est selon…)

🇬🇧 Rihanna

One of the most iconic songs of these years, and a damn good one.

I mean, RiRI crossovered Britney Spears, Shakira, Calvin Harris, Paul McCartney, Drake, fashion and Instagram. And she brought Diamonds (another Top ’10 song) to pop like Greta Thunberg a voice to the planet, like blah blah blah.

(Hey, that’s meta: « iconic » is one the words that has emerged since 2011, check Google Trends.)

🇫🇷 Kanye West

Dérouleur de beats.
Poopy-di scoop.
Génie pour certains.
Scoop-diddy-whoop.
A dansé le Floss avec Jay-Z bien avant Fortnite.
Whoop-di-scoop-di-poop.
Troll bipolaire qui penche vraiment trop à droite.
Poop-di-scoopty.
Mari de Kim Kardashian. (Putain de souvenir des années 10, ça aussi !)
Whoopity-scoop, whoop-poop.
Infréquentable mais respecté.
Poop-diddy, whoop-scoop.

Poop, poop.

🇬🇧 Abra

Among all the fresh faces from the Twenty-Tens, Abra holds a special place. The unexpected childling of Janet Jackson, rougher than AlunaGeorge, less creepy than Billie Eilish, less dool-like than Kali Uchis, fierce, influent and still underground.
Featured on Solange’s and Toro Y Moi’s latest albums, two artists among my loveyou’s of the decennary.

🇫🇷 Gainsbourg


Outre ce nouvel inédit, Lola Rastaquouère écoutée tant de fois et encore redécouverte très récemment dans cette version étirée au possible (le passage à partir de 7’11 » 👍), ce qui me vient en premier, c’est We Love Green, où j’ai vu Charlotte pour la première fois en 2018, parce que cette pelouse, par un intime et intérieur colimaçon, représente aussi d’autres choses dans ma vie.
Sans rentrer dans les détails, la conclusion, c’est que la musique est restée un gilet de sauvetage extrêmement fiable pendant ces 3645 jours. Notamment celle de la famille Ginsburg, ça remonte aux premières imprégnations quand j’étais gamin, et en dépit des tentatives du cher Lulu.

Depuis Gainsbourg, vie héroïque en 2010, de la réédition augmentée de Melody Nelson, à l’excellent Rest, en passant par l’intime journal de Jane B. en 2019, la galaxie Gainsbarre m’aura plus régalé que le hachis parmentier des Skywalker. Real people are real.
(Bon, ok, j’avoue, Baby Yoda, je craque comme tout le monde.)

🇬🇧 Out my mind, just in time

How can anyone live without Erykah Badu? Her power, her voice, her poetry?
I saw her, again, two or three times in the ’10s.

Among others, the artists I saw the most are Janelle Monáe, Björk (putain, j’ai vu Björk au Fuji Rock Festival 2013), Beyoncé, Madonna (can’t forget the intensity of La Marseillaise sung by the whole Bercy arena, a few weeks after the Bataclan attacks), Prince…
and Midnight Magic, my favourite live act of the decade.

Life is a circle: this love-breakup-rebirth song has been a personal staple in f%ing ’10 and in f#ing ’19.

Don’t ask, just listen through it. Again and again.

🇫🇷 Frank Ocean

Ce mec mérite tous les likes (encore un symbole des années 2010-2019) du monde.
Vas-y Franky, t’es bon. Merci pour ta musique, et surtout pour Pyramids à 1’11.

🇬🇧 Vaporwave

Call it future funk, call it nu disco, call it seapunk, call it post-trip hop, call it the next step after DJ re-edits (this subgenre, which originated with reggae and disco, peaked between 2007 and 2012)… Whatever, it’s an all new continent of sonic rehashing and digital reworking, sometimes including Microsoft Windows easter eggs. The spoils of digital native and 80s/90s (soon 2000s) nostalgia subculture. Flourishing, exciting, unhinged, glitched, screwed and chopped. So much fun.

I’m still wondering what the 2010 kids will be covering or sampling in 15 years. Snapchat and Android notifications maybe?

🇫🇷 Du piratage au streaming

On a globalement arrêté d’acquérir de la musique. Sauf en vinyle ou en cassette, mais au fond, c’est avant tout « pour l’objet ».
Et, perso, de temps en temps sur bandcamp.

On ne la vole (allez, presque…) plus non plus, depuis la neutralisation spectaculaire de Kim Dotcom en 2012.

Petit à petit, on est tous devenus abonnés.

A Spotify quand on est dans le camp des gens cools, à Amazon quand on n’est pas regardant sur le marchand, à Apple Music quand on est snob, à Tidal quand on est ultra-snob, à Deezer quand pourquoi pas…
Ou alors utilisateur de Youtube quand on est trop jeune pour avoir une carte bleue, quand on veut accéder au plus grand catalogue (covers pourries, bootlegs et morceaux officiellement reniés par l’artiste inclus), quand on n’a pas envie de payer pour écouter un truc qui est gratuit ailleurs ou qu’on s’en fout de bouffer le même pré-roll plusieurs fois par jour pour écouter en boucle Bim Bam Boum.

Cette évolution est en train de rendre obsolète les concepts d’album et de single. La consommation numérique de la musique a aussi démodé les albums mixés, où les morceaux s’enchaînent, et les interludes au début ou à la fin des chansons.

Des enregistrements studio, il ne reste vraiment plus que des tracks à playlister.

🏳️‍🌈 My chouchou de la década : Álex Anwandter

Depuis que je suis né, c’est toujours vendredi dans mon coeur. Et un jour, j’ai découvert un artiste qui avait écrit une chanson exactement sur ça (le reste des paroles dit un peu autre chose, mais bon, c’est aussi le propre de la pop d’offrir une multitude d’interprétations dont celle qui complait à l’auditeur).

Mais pas que : de Santiago à New York ou Los Angeles, où il vit si je comprends bien, Álex Anwandter compte dans la musique latino-américaine, parce qu’il la secoue un peu en contournant les clichés tropicalistes (ya qu’à entendre ses reprises de Milton Nascimento et de Chico Buarque sur son dernier album, magnifiques et absolument pas solaires comme on aurait pu s’y attendre). Il a même été adoubé par le fils de Gustavo Cerati d’une certaine façon.
Et puis faut voir ses posts en ce moment (c’est totalement la merde au Chili*, fin 2019).
*comme partout dans le monde, aussi, non ? 😳

Beau gosse queer, tendance non-binaire, il offre aussi des cours de musique, il produit des petits jeunes… Sans minimiser, ni banaliser, ni trivilialiser sa démarche, le mec est vachement dans son époque.
Et moi aussi, un peu plus grâce à lui.

Un petit regret, je ne l’ai jamais vu en concert, sans doute pendant les meilleures années de sa carrière. Reste aussi à voir son film, Nunca vas a estar solo.

Bonus tracks

Parce que Peggy Lee.
Parce que Don Draper.
Parce que « If that’s all there is my friends, then let’s keep dancing ».

« Me deixem cantar até o fim » a enchéri ma vieille copine Elza Soares en 2015 sur l’excellent A Mulher do Fim do Mundo.

« Nothing could be harder than the quest for fun
« .
David Bowie –
Baal’s Hymn (1982)

(Cover image by Playpause on Instagram)

Keren Ann cherche la merde

Je suis tombé sur cette chanson de la grandissime Irma Thomas, et paf, j’ai été frappé par la similitude entre la
petite guitare (guitare ? harmonium ? flûte de pan ? scie musicale ?) qui joue en fond et le gimmick que l’on entend tout au long de My Name Is Trouble de Keren Ann.
Pas de quoi fouetter un chat non plus, on ne va accuser personne ici d’avoir pillé, spolié, copié, mais le titre I Gave You Everything, ben, oui, Keren Ann, elle l’a pris au pied de la lettre.

I have absolutely no idea of how popular Miss Keren Ann is overseas (my guess is « not at all »). So probably, no English-speaking reader of this blog will have heard the track My Name Is Trouble. Very good actually : chic and intelligent, funky bass, witty lyrics, disco kicks, killer video. And a lovely guitar (guitar? harmonium? panpipe? singing saw?) gimmick that gives an acoustic-electro feel to the production. I thought it was a good and original idea, until I heard Miss Irma ThomasI Gave You Everything (recorded circa 1968).
Ditto.

Irma Thomas – I Gave You Everything

Say my name, say my name,
if no one is around you,
say « Baby I love you ».

(She makes me feel like a) Natural Woman

aretha-franklin.jpg Love For Sale : la première fois que je suis tombé amoureux de cette chanson, je devais avoir à peine 20 ans, et c’est la voix hésitante de Jane Birkin qui me la chantait. Enrobée d’un arrangement naviguant entre quiet storm et soft porn, la plus-si-lolita de Gainsbourg interprétait à la perfection la perversion ingénue de cette pute qui ne demande qu’à faire son boulot, parce qu’elle est revenue de l’amour.
Les bras (les oreilles, devrais-je écrire) m’en sont tombés lorsque j’ai découvert (récemment) que la reine Aretha, l’oie blanche de l’Amérique noire, l’avait aussi reprise.
C’est la force du Great American Songbook , cette entité musicale et nébuleuse composée de standards variés et de variétés sans cesse revisitées (Rod Steward, si tu me lis…). Peu importe ce que les chansons de ce répertoire racontent : elles sont tellement familières, identifiées, reconnaissables que n’importe qui, homme ou femme, jeune ou vieux, peut les interpréter sans qu’on ne trouve quoi que ce soit à redire. Sing along, c’est tout ce qu’on te demande…
Pour en revenir à Aretha, celle qui ne s’est jamais mariée à Sean Connery malgré la légende des cours de récré de mon enfance, et à ce qui m’a frappé dans son interprétation de ce morceau, c’est qu’elle a su incarner toutes les artistes de sa génération : la petite pianiste boulotte et surdouée, la chanteuse de jazz romantique, la prêtresse gospel, la figurante de luxe dans The Blues Brothers, le rouleau compresseur Rock FM, bien évidemment la soulgirl, et même la diva des dancefloors avec des succès aussi discutables que Sisters Are Doin’ It For Themselves, I Knew You Were Waiting (For Me) et A Deeper Love. Dans sa carrière plus récente, je chéris surtout A Rose Is Still A Rose, écrit par Lauryn Hill, qui avait réussi à l’époque (1999, tout de même) à concilier l’héritage quasi-séculaire de la Queen Of Soul et le son R&B du moment.
Et j’ai un lien vraiment particulier avec ‘Ree, aussi, parce que c’est au son de son Best Of que j’ai passé ma première « vraie » nuit d’amour. Mais ce n’est pas quelque chose que j’irais confier à cette vieille dame pieuse et aujourd’hui malade…

Love For Sale : I listened to this song last night, while my iPhone was carefully picking excellent tracks on my way home, and I immediately fell in love with it again. It’s taken from a 1992 repackaged compilation, « The Great American Songbook« . I didn’t know Aretha had covered it until recently, and I must say that her interpretation is one of my favorites. Even Chet Baker’s various versions don’t match the quality of this one, simply because this particular Cole Porter song needs to be sung.
Aretha released it in 1965, when she was still a promising R&B act signed to Columbia. Her passion for Dinah Washington probably led her to record this standard and sing these (ahem) shocking lyrics: « Follow me and climb the stairs ». Considered originally as a scandalous piece, Love For Sale tells the story of a disillusioned young hooker who has no hope but to get the job done, upon a lighthearted and cheeky melody. All she has to offer is the « thrill of love »… But this is the magic of the Great American Songbook : everyone can perform any of its songs, fearing no backlash for open sexual invitations.
It is obvioulsy not one of Aretha’s greatest hits, but it is surely another proof of her vocal abilities. This arrangement sets a lively pace that suits her vibrato particularly well, ending in an unusual off key and very jazzy finale. Aretha could do that too, and unfortunately, this lissomness wasn’t part of the medley performed for her at Sunday’s Grammy ceremony.
Instead, we had Christina Aguilera belting it out as loud as she could and Florence Welch trying hard to keep it up… Jennifer Hudson, Yolanda Adams and Martina McBride decently saved the number and justified Aretha’s prerecorded thank you message.
I hope that, when the Queen of Soul dies, she will get the tribute she deserves and love for free.

Aretha Franklin – Love For Sale

Le pancréas pour moi,
c’est un peu comme l’Allemagne pour Justin Bieber,
je saurais pas le mettre sur une carte

(Picture from Time.com)

Un petit point météo

On se les gèle, Bob Dylan sort un album de chansons de Noël, Paris est placardée d’affiches pour le nouveau film (sûrement horrible) avec Jim Carrey, bref, l’hiver arrive à grand pas. Lutte avec moi contre l’irrémédiable en écoutant cette très étrange reprise de « Sunny », basée sur l’instrumental de la version de Boney M. Une perle tirée de la compilation Thai Funk ZudRangMa.

Si tu arrives à m’expliquer ce que ce chanteur, ou ce groupe, a voulu faire avec cette superposition de pistes vocales, je t’offre un sorbet citron. Ou un Magnum. Comme à la plage.

Found this really awkward « Sunny » cover on the compilation Thai Funk ZudRangMa. The backing track was inspired by Boney M‘s version of the world famous song created by Bobby Hebb (also covered by James Brown, Frank Sinatra, Booker T & the MGs, Stevie Wonder, Marvin Gaye, George Benson, Herb Alpert, Robert Mitchum, José Feliciano, The Four Tops, The Electric Flag, Pat Martino, Sandra Cross, Herbie Mann, Luis Miguel, Manfred Mann, Cher and probably anyone who held a microphone once in their life).

This should help you fight winter, cold weather and Bob Dylan’s new Holiday LP.

Plearn Promdan – Sam Bai

 

Le lundi au soleil,
c’est une chose qu’on n’aura jamais.
Sauf les lundis où il fait soleil.

(Picture taken from Sunny FM KCSY)

Michaeljacking

MICHAELJACKING [maɪkəldʒækɪŋ]
n. m. (XXe siècle, de Michael Jackson, 1958-2009, vedette de la chanson noire, puis blanche, également célèbre pour son mode de vie dispendieux et ses supposées pratiques pédophiles).
Le fait, pour l’entourage personnel et professionnel d’une célébrité, de ne pas intervenir dans les choix personnels et professionnels de cette célébrité afin de tirer plus de bénéfices de l’exposition médiatique engendrée par les rumeurs, les échecs et les actes condamnables que de ses succès, de son vivant mais aussi à titre posthume.
Voir aussi : ladydisme

Ici et , j’ai déjà eu l’occasion sur playpause de dire ce que je pensais grosso modo de ce monument pipolo-musical. L’hystérie prévisible qui a entouré sa mort et le soudain intérêt que j’ai ressenti sont déjà un peu retombés.
Mais la saga MJ ne fait que commencer et c’est pain bénit pour tous ceux qui ont vécu sur le dos de la bête (de scène) jusqu’à sa mort : sa famille, son entourage professionnel, les médias, les maisons de disques, tous ont déjà sauté sur l’occasion pour s’enrichir un peu plus, sans s’arrêter une seule seconde pour se demander s’ils ne sont pas responsables, complices actifs et passifs, de sa déchéance visible et déplorable… Avoir raté sa vie personnelle fait-il de lui un plus grand artiste ?

D’un point de vue astronomique, le King of Pop aura été une étoile comme une autre : après avoir brillé, il s’est ratatiné sous la forme d’une naine blanche avant de s’effondrer… Et le selon le cycle de l’évolution des étoiles, vient ensuite le dernier stade : la naine noire.
Comme quoi, malgré toutes les opérations que tu t’es infligé, tu aurais dû le savoir, Michael, on n’échappe jamais vraiment à son destin.

Michael Jackson invented almost everything about contemporary superstardom, from music video to tabloid fueling. But he never second guessed that his show business genius would burn him out and that he wouldn’t be the one who would make the most profit out of it. The michaeljacking started when he was a kid, with his father, and carried on until his death: managers, lawyers, doctors, housekeepers, reporters, drug suppliers… everybody in the King of Pop’s circle made a living out of him, his talent and his painful oddities. And it seems, as far as we know, that nobody was ever able to make a real intervention and help this poor man live a better life. Support the person or spur on the persona, there was the dilemma.

Now that he’s dead, let the ladydism begin, and the crooked celebrity is slowly turning into a sanctified icon. Classic rehabilitation for a seriously ill guy, who liked to play nice in front of the cameras and scream « I Love You » when it was obvious that he didn’t like himself. I’m sure, though, that we’ll get sick & juicy stories in the coming years. And like Marilyn Monroe and Elvis Presley, each of his missteps will finally get an explanation, a justification and finally an excuse.

Astronomically speaking, Michael Jackson was just another star: the bright and shining hypergiant consumed all its energy, collapsed into a white dwarf and died. Which leads us to the final question: do dead stars still shine?

The Jackson 5 – Dancing Machine (Miami mix)

Do they say « plastic surgery » because it makes you look plastic?

(Picture from Ebony Magazine, 1985, via Orangehouse)
Check also RANTChick

Asphaltophone


Je n’aime pas la musique industrielle. Je n’aime pas vraiment le rock, à cause des guitares électriques. Je n’aime pas trop les musiciens qui se prennent la tête à l’extrême ni ceux qui font de la musique qui donne mal à la tête.

J’aime les jolies mélodies. J’aime les instruments doux et clairs, qui sonnent comme des bulles de savon. J’aime les morceaux qui commencent en Arizona et qui finissent en pays inconnu.

Découvert via Blip.fm, Bourbonese Qualk. Combien étaient-ils ? Deux, trois ? Un peu plus peut-être ? On ne sait jamais vraiment combien de membres comptent les cellules secrètes d’agitateurs, à moins d’en faire partie. Et encore… D’ailleurs, Crab, le survivant du groupe, détaille sur son blog comment échapper à l’œil indiscret et inquisiteur du gouvernement britannique. Tête chercheuse, à l’affût, ce monsieur m’a aussi mis sur la voie des routes chantantes. Oui, oui, tu peux aussi faire de la musique avec tes pneus.

I don’t like industrial music. I don’t really like rock, especially because of the sound of the electric guitar. I don’t like it when the musicians take it too seriously.

I prefer nice melodies. I prefer light and crisp instruments. Bubble, toy balloon and airship sounds. I prefer when the musicians tell me about the warm wind.

Recently discovered though Blip.fm, Bourbonese Qualk. Euro-quirky experimental-ish mutant duet which did not survive the death of Miles Miles, guitarist and founder of the band. Not all of it fits my ears, but thanks to Crab and other Bourbonese castaways, you can check freely their whole discography + live recordings on their gray – oh so gray – website.  Also check this Stalker post to learn about singing roads. No, it’s not about tying poor people down on the sidewalk and having them sing On The Road Again. It’s physics.

Bourbonese Qualk – Gabardinak

T’aurais aimé t’appeler Muguette ?

(Picture taken from Bourbonese Qualk archive)

L’enfant caché de la soeur oubliée

Ah ben voilà, j'ai l'air conne, maintenant ! On savait que chez les Jackson ça ne tournait pas rond, mais là, on touche le fond du n’importe quoi. Si Michael reste inégalable en termes de turpitudes, Janet vient de le rejoindre au firmament des vedettes minables : selon Yeeeah!, elle aurait eu une fille il y a 18 ans avec son mari d’alors et aurait laissé cet enfant chez sa grande soeur, Rebbie. Pauvre frangine, qui a dû torcher la gamine et a laissé filer sa carrière… Réécoute donc tous les tubes de Miss Janet avec une oreille neuve et, comme moi, fais « berk » : de What Have You Done For Me Lately à That’s The Way Love Goes en passant par Together Again et Come Back To Me, l’histoire d’une femme qui affiche sa détresse (elle doit bien en souffrir, tout de même, non ?) sous des airs de gentilles chansons d’amour.
Pire encore, la mise en scène de son masochisme dans le remix de Go Deep, où plane la menace d’un scandale sexuel… C’est pathétique.

Breaking news from the freaks family via Yeeeah!. Janet Jackson is supposed to have a 18-year-old daughter who was secretly raised by Rebbie Jackson. Now you can listen again to Miss Super Bowl Boob’s songs and hear a totally different story: from What Have You Done For Me Lately to That’s The Way Love Goes, from Miss You Much to Together Again, Janet never sung silly love songs but desperate calls to her abandoned child. I don’t know if it’s disgusting or far too ridiculous.
Pay attention again to this remix of her 1998 hit, Go Deep, on which a mysterious man tries to call her « regarding last night ». If this story is true, Janet now appears as a definite masochistic woman. And dumb as hell.

(Image taken from Janet-Planet.net)

Janet Jackson – Go Deep (Roni Size remix)

Girls, love & semantics

Hommage à Donny Hathaway Ca te met une petite claque. C’est le genre de trucs qui arrive parfois : tu entends une chanson, tu la reconnais, tu sais que tu l’aimes, d’ailleurs tu peux fredonner la suite, tu as déjà de l’avance sur cette morveuse qui doit avoir dix ans de moins que toi, qui ne savait même pas que cet air avait été composé quand, à toi, ça te fichait déjà des frissons. Alors tu chantonnes, mais il y a un truc qui ne colle pas, c’est quoi cette adaptation ? Les paroles… Ca parle de quoi, cette chanson, déjà ? Qu’est-ce qu’elle te raconte, la petite Kayna ? T’es pas celui que j’voulais. Mais c’est pas du tout ça… Quand ça te revient, tu te dis « merde, je vieillis » ou bien « ohlà, je suis fatigué ce soir ». Quand même, Donny Hathaway, ça s’oublie pas comme ça. Ben oui, mais c’est pas de ta faute, c’est celle de Kayna, qui t’a embrouillé très fort, qui t’a chanté avec sa voix de chatte le texte qu’elle a griffé sur celui d’Al Kooper. Peut-être qu’elle ne comprend pas l’anglais, Kayna, ou peut-être que c’est une vicieuse. En tout cas, cette chanson, I love you more than you’ll ever know, elle lui fait dire le contraire. Ah, ouais, ça te joue des tours, la vie. Tu crois que c’est pour toujours, que c’est plus fort que tout, et puis, non, c’est pas ce que tu croyais… Tellement pas que t’as pas compris du premier coup qu’elle te parlait de son père, lâche et absent. Elle t’a bien eu.

Words bring strange feelings. The song you can hear below is has an odd effect on me. Originally written by Al Kooper, first performed by prog blues band Blood, Sweat & Tears, made famous by Donny Hathaway, it was adapted by French r’n’b sensation Kayna Samet. Doesn’t she understand English ? The French lyrics she wrote to this song express the exact contrary to I love you more than you’ll ever know: « you aren’t the one I wanted », she sings in the chorus.
Feminism and blues music match, she flipped the song upside down. She answers to the guy who, in the original version, usually sings that he could do anything for his girl. And in the end, you understand that she’s not complaining about a disappointing lover, she’s disgusted by her absent and irresponsible father. Generations clash.
I’m quite happy that a French chick is finally shutting Christina Aguilera’s mouth, who was invited by Herbie Hancock to cover another Donny Hathaway standard, A song for you, on his last album, Possibilities. Why the hell did he pick the dirrty singer? Too much throat, too many shouts… Hopefully, when her voice lowers on the second part of the track, Herbie’s piano saves it. Wicked girls don’t always win over experienced men.

(I lost the original source for the top image… Contact me if you want to be credited, congratulated for your work and linked here)

Kayna Samet – Celui que j’voulais

Faire le buzz

Gimme, gimme, gimme another hit before I die Ca va être dur d’y échapper. D’ailleurs, si tu lis Métro, si tu regardes le tunnel de pub entre la fin du 20 heures et la météo de TF1, si tu es abonné à Orange pour tes communications mobiles, tu y as déjà eu droit depuis le début de la semaine : Madonna revient. Rousse, habillée de rose, remise de son accident de cheval, épuisée d’avoir écrit autant de livres pour les enfants, enchantée d’avoir contribué à la promotion people du film de son mari, ravie de participer au lancement du téléphone qui fait iPod, archi-contente de mettre enfin ses albums en vente sur iTunes Music Store… Et la musique dans tout ça ? Pas grand chose n’a filtré, si ce n’est que l’album a été presque entièrement enregistré chez et produit par Stuart Price, avec la collaboration de Mirwais et de Bloodshy & Avant (auteurs de Toxic pour Britney).
Contrairement aux derniers albums également très attendus de U2, Coldplay, Björk, j’en passe, même l’imminent single Hung Up n’a pour l’instant pris la tangeante pour batifoler sur Internet… Toutefois, si tu n’en peux plus, pique le téléphone 3G Orange de ta voisine de bureau et va sur le site musique de l’opérateur : en streaming, une minute et trente-quatre secondes du morceau qui va révolutionner ton dancefloor intérieur avec le recours si finaud à un sample de la scie Gimme, Gimme, Gimme (A Man After Midnight) du défunt et pas trop regretté groupe suédois ABBA.
Ca commençait à grincer des dents sévère, lundi soir, sur les forums de fans : entre ceux qui ne sont pas abonnés à Orange, ceux qui ont un téléphone du deuxième millénaire, ceux qui habitent dans un pays où les opérateurs de mobiles ne portent pas des noms de fruits et/ou de municipalités Front National, c’était la panique. Ni une ni deux, prenant mon courage, mon téléphone et ma caméra DV à deux mains, j’ai enregistré le streaming, transféré le film sur mon iMac (au fait, je t’ai pas dit ? il est réparé), récupéré la piste sonore et posté le mp3 que j’en ai tiré.
Quelques heures plus tard, le fichier avait déjà été téléchargé plus de 500 fois.
Le lendemain, le fichier s’échangeait sous d’autres noms que celui que je lui avais bêtement donné.
Le surlendemain, je l’ai retrouvé linké via Made in Brazil (attention les yeux), hébergé sur un autre site consacré à la chanteuse et portant fièrement la mention Madonna.com Preview.
J’en ris encore : la mauvaise capture faite à partir d’un téléphone monophonique, chez moi, à la roots, est maintenant presque considérée comme un extrait officiel. Il y a probablement une dose d’hystérie autour du phénomène Madonna qui trouble l’information, mais il n’en reste pas moins qu’Internet est un espace de bruit où il est difficile de démêler le vrai du faux…
Et pour illustrer le grand écart musicologique entre ce que Warner veut nous vendre du son eighties de Madonna et ce qu’il était réellement, l’écoute du jour est une démo que la demoiselle d’alors a enregistré circa 1980… De la pop un peu funky, un timide rap à la Debbie Harry et des paroles édifiantes qui plairaient bien à Iznogoud (euh non, pardon, Sarkozy) : t’as pas d’argent, t’as pas d’amis, alors bouge-toi le cul

As it is the soundtrack for the iPod phone ROKR advertisement, Madonna has mischiviously entitled her new single Hung Up.
Built on a sample from ABBA’s Gimme, Gimme, Gimme (A Man After Midnight), the song is supposed to bring back to the lady’s eighties touch, the sound from her early years. So figure it out by yourself :

  • find the Hung Up preview clips available online (the one labelled Madonna.com Preview is not official at all. I’m the one, no kidding, who recorded it with my non-iPod non-Motorola mobile phone from Orange World, who posted it on one Madonna forum, and who came across it under a different file name two days later!)
  • listen to the track below

This demo has been recorded by Madonna before she was signed to Sire Records. And you can feel that her sound circa 1980 was not close to ABBA’s… A mix of NYC pop and laid back funk-rock, on which she raps like Debbie Harry about how lame it is to have no friends and no money. The times, they are a-changin’

Madonna – Get Up

Un macchabée dans le placard

Mais pourquoi je tombe toujours amoureuse des homos ?Luther Vandross est mort.
Je ne peux pas dire que ça me bouleverse : ce type est né ringard, et, à part la daube dance The Best Things In Life Are Free qu’il a enregistrée avec Janet Jackson, je connais à peine les tubes qu’il laisse. J’ai retenu qu’il a commencé sa carrière discographique en chantant les choeurs pour Young Americans de David Bowie (avec qui il a aussi co-écrit Fame Fascination), Donna Summer et Bette Midler (plus camp, tu meurs). C’est peut-être ça, son drame : n’avoir su bien chanter que pour les autres.
Ou alors, son drame c’est d’avoir été un noir homosexuel en Amérique. Noir, c’est sûr, il ne pouvait pas le cacher. Homo, ça l’est moins : il ne l’a jamais avoué publiquement. Pourtant, le public aurait bien aimé savoir si ce qu’il devinait était vrai : sa jeunesse de fils-à-maman ; ce look très glitter à la ville comme à la scène (et ses pulls roses) ; sa reprise de Killing Me Soflty sans changer un mot du texte écrit pour Roberta Flack… Dommage, ça l’aurait bien fait, un chanteur de charme qui faisait mouiller les gonzesses dans les années 70-80 et qui sort du placard le jour où on lui pose la question. Mais répondre que sa sexualité ne regardait que lui n’a pas suffi et les rumeurs l’ont poursuivi jusqu’à sa mort.
Peut-être aurait-il dû lire ça et ça avant de mourir, ça l’aurait rassuré : le plus difficile, ce n’est pas de faire partie d’une minorité (de deux minorités, a fortiori, ça n’arrange rien), c’est que la majorité passe son temps, même malgré elle, à rappeler à ceux qui n’en font pas partie que non, ils n’en font pas partie.
Alors, c’est un petit hommage que je rends à cette victime du poids écrasant du modèle WASP en postant aujourd’hui sa reprise de Love The One You’re With, créée par Crosby, Stills & Nash. A l’origine, un tube pour gros machos qui dit : si ta bourgeoise n’est pas là et que tu croises une jolie poulette, y’a pas de mal à se faire du bien ! Mais les paroles My man, go ahead on, find somebody, get someone, ajoutées par Luther-dans-le-placard, donnent plutôt dans le Fast Love de George Michael. Plus possible de se cacher : sortir un soir avec pour seule idée en tête de soulager cette putain d’envie de niquer, c’est vraiment un truc de pédé.

Luther Vandross passed away. I’m not too sad about that: the guy was born cheesy, his looks were most of the time really bad and he had a terrible taste in music. But huge vocal talent. He was a background singer for every pop or soul star in the 70’s, did the vocal arrangements for No More Tears (Enough Is Enough), the campest duet (Barbra Streisand and Donna Summer) on pop history.
As a big music fan, he wanted to be Dionne Warwick or Diana Ross. And because he was so ambitious, the guy was a hard worker and a bitch. R&B trio En Vogue called him Lucifer while touring with him, Aretha Franklin walked away after an argument during a recording session when he told her Well, I’m the person who produced your first gold record in years… I mean, you don’t say such things to Aretha unless you are really honest about yourself… So the point is he seemed to be struggling against bad health and weight issues. But the real struggle must have been the rumours about his sexuality: was he gay or not?
Why would’nt he answer the question? I guess it’s not that easy to succeed in America when you are gay and black. And since you can’t hide the fact that you’re black, you deal with it, and to hell with the rest…
Anyway, Luther’s sexuality was merely a secret at the end of his life: he sang Killing Me Soflty not changing a single word in it, unlike Frank Sinatra. And from the album Songs featuring Roberta Flack’s classic, here is a cover of Crosby, Stills & Nash‘s Love The One You’re With, in which he added a few lines like My man, go ahead on, find somebody, get someone. George Michael sang nothing different in Fast Love… Call it gay romanticism if you wish, but, like Michael Jackson once sang with Princess Stephanie, keep it in the closet.

Luther Vandross – Love The One You’re With