In the grey of December / The curiousness of your potential kiss

WINTER²⁰²²

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🔚 BLACKHAMPTON – The Ending

C’est con, je viens juste de découvrir Blackhampton alors qu’ils se sont séparés. Chelou, cette année.

On ne va pas commencer par la fin, de toute façon, c’est pas un best-of 2022, c’est une sélection de saison, un truc presque spontané, une playlist comme j’aime les faire, un petit voyage d’une heure vingt, à peine plus (bon, la version YT avec ses putains de pub et le bonus track, on doit arriver à deux heures…).

Tu vais voir, ça passe tout seul. The Ending est juste le début.

🎤 Eydie Gormé – Quiereme Mucho

Deep, soft groove, easy listening à la Julio Iglesias. Deep.

🇨🇦 Lisa Leblanc – Pourquoi faire aujourd’hui
🇧🇷 Gal Costa – Sublime
🇬🇧 Louis La Roche – The D Word

Disco, bébé.

♥︎ Sault – Love is All I Know
Daphni – Always There
SONIKKU – Megalomaniac

House music, baby.

🪩 Julieta Venegas – Mismo Amor

Au milieu de l’infernale toupie de 2022, mon chouchou Alex Anwandter a produit l’album de la Venegas, superstar mexicaine, presque comme si, dans 10 ans, Zazie bossait avec Kidddy Smile*. Pas totalement logique pourtant super plus excitant que leurs derniers trucs faits tout seuls.

*vérifier dans 10 ans.

🏎 Redcar – Combien de temps

Otherworldly post-Rita Mitsouko/Gainsbarre French spoken word full of grammar barbarisms and scansion mannerisms. Some moments on the album almost sound like a parody of the French 80s but they take it somewhere fresher and queerer.

🕥 Kornel Kovacs & Aluna – Follow You (Alex Kassian Ambient remix)

La voix d’Aluna, une réminiscence du milieu de la dernière décennie. Ca devrait sembler proche mais ça semble tellement loin. Merci le début des années 2020.

🛬 Ryuichi Sakamoto – Merry Christmas Mr. Lawrence (Electric Youth Remodel)

One of the best remix/tribute albums ever from an iconic musician. This version of a standard goes to an expected place, but it doesn’t disappoint and feels whole like a good plane landing, as it should.

🌅 BADBADNOTGOOD – Unfolding (Ron Trent remix)

Des décennies après, tu retombes sur des trucs balearic/deep house à tomber par terre et en fait, back to the future, ça date de 2022.

💿 Tina Turner – Unfinished Sympathy (Extended Olympic mix)

This remix of a Massive Attack cover isn’t on streaming. Go to YouTube to hear my full favorite version available on the 1996 Whatever You Want CD2 maxi-single.

🎻 Nikolaï Rimski-Korsakov – Shéhérazade (Laura Masotto Rework)

J’ai été tendance sur tumblr pendant l’équivalent de 0.000047 secondes à l’échelle de Catherine Zeta-Jones grâce à ce partage.

Спасибо, Николай.

🌈 Sade – By Your Side (Cottonbelly’s Fela Extended remix)

Another Playpause classic came out officially on digital in 2022. The Red Hot series was a huge part in my musical education and excitement at some point in the 90s, besides my awakening on LGBTQ and HIV related issues. This came full circle in 2002 with this unmissable reissue around the Fela-themed compilation.

☮️ Nina Hagen feat. Bob Geldof – It Doesn’t Matter Now

Depuis Late Summer Select, plus de live pour conclure cette sélection, comme pour conjurer les mauvais plis pris pendant/depuis le/s confinement/s contre la cessation des sessions de musique jouée en direct, écoutée et dansée collectivement. Et le reste.

C’est dur à perdre, les habitudes.
Faut se forcer un peu.

Comme pour écouter Nina Hagen, dont j’ai exploré récemment la discographie dans ce mouvement de contre-survie, ce relapse post-covid. Chanteuse extraordinaire comme on dit en anglais hollywoodien, voix venue de nulle part passée des yéyés est-allemands au firmament de la pop-culture du temps-où-une-femme-se-pouvait-se-toucher-la-chatte-en-direct-à-la-télé (un truc que les Gen post-fluides ne verront probablement jamais à cause de la censuréduction médiatique de Web3 et al.).

Un blues écrit par Bob Geldof, tu fais pas plus boomer que ça, ni plus wunderbar.

Wunderboomer.

🔙 Bonus track : Madonna – Back That Up to the Beat

Cette démo qui a fuité fin 2014 parmi d’autres, ruinant la sortie d’un album en 2015, devient un tube via TikTok en 2022. Voilà une histoire rigolote de cette fin d’ année.

Si ça se trouve, c’est la plus grande opé de guerrilla marketing/social hacking du XXIe siècle, tout en buvant du Krug Rosé et des Lemon Drops.

Wunderboomer².

Cover art by Playpause

Epidémie, guerre, catastrophes naturelles, quelles épreuves attendent nos aventuriers ?
Découvrez-le dans la prochaine saison de « Les Gens »…

 

Pétard mouillé

massive.jpgOu comment le système finit toujours par manger même ceux qui pourraient s’affranchir de certaines contraintes et discours obligés.

Nous sommes allés, très nombreux, voir Massive Attack dans le magnifique théâtre de la Cité de Carcassonne. Et nous sommes repartis déçus et moqueurs. J’ai ressenti deux raisons, principalement, à l’échec du passage en live des morceaux de Massive Attack.

  • l’abus de guitares saturées, qui remplacent TOUTES les explorations et variations stylistiques qui ont fait la renommée du groupe. On n’entendait guère de nappes, pas de violons, à peine de samples, rien que des riffs joués fort, trop fort. Je n’aime pas le son de la guitare électrique, c’est un fait, mais pourquoi TOUT réduire à un solo de guitare alors que deux batteurs se démènent sur scène (ils n’auront d’ailleurs même pas droit à leur quart d’heure de gloire, les Massive ne cédant pas au cérémonial de la présentation du groupe), alors que trois chanteurs (plus deux frontmen) se succèdent comme à la kermesse de l’école, alors que le public réclame dès le troisième morceau d’entendre des tubes ?
  • le discours anarcho-punk des écrans LCD (mal réglés, d’ailleurs, y’avait des pixels morts, et les caractères accentués ne s’affichaient pas, la honte) qui assènent aussi bien des titres de news Yahoo! People que des citations de Staline. Mai 68, Paris Match et l’altermondialisme placés au même niveau, ça fait toujours un peu bizarre, et surtout, tellement cliché ! Je me souviens avoir vu le POPMART Tour de U2 il y a 10 ans tout rond et y avoir perçu le même discours-mise-en-abyme (« Tu me regardes donner en spectacle le monde qui s’écroule sous le poids du fric mais tu viens de lâcher 40 euros pour te le faire dire, à moi qui suis déjà millionnaire »), avec beaucoup plus d’efficacité et (c’est bien pour ça qu’on y va) de divertissement.

Le pire, dans tout cela, c’est que Massive Attack m’avait fait le même effet, il y a environ 10 ans, dans la froideur de Bercy. C’était juste après la sortie de Mezzanine, alors que le groupe commençait à se désolidariser, que Tricky commençait à dire beaucoup de mal de ses fondateurs, et que les grandes salles s’étaient ouvertes à ce collectif qui a commencé en animant des soirées hyper black-blanc-beur-underground à Bristol. L’histoire a déjà été écrite, elle a même été résumée en musique par DJ Milo sur l’excellentissime compilation The Wild Bunch – Story of a Sound System. Coincés par leurs problèmes d’ego et de créativité, les membres de Massive Attack sont aujourd’hui en roue libre, tellement fiers d’avoir accompli ce qu’ils ont accompli, créer un nouveau genre musical, rien que ça, qu’ils en oublient d’être simplement des artistes sur scène, présents, généreux et accessibles.

Restent les classiques, ceux qu’on écoutera encore dans 40 ans, quand le vieux Horace Andy aura passé l’arme à gauche.

La preuve, quand c’est Tina Turner qui les reprend, ça colle des frissons.

The « wild Corbières bunch » went to see Massive Attack in Carcassonne, the other night. We were all quite excited about it, and when the show was over, we all felt SO relieved… Wow.

Sitting next to me, Gary, the überfunky drummer, deplores that it takes two sets of drums & percussions to hit the same blank beat on every song.
A little further, Daisy & Seren decide that they should get wild to the music instead of waiting for something to happen. They start dancing like in their old raving days. In the end, they sweat a lot, have a little fun and hurt their back…

After the fifth track, Cécile leans towards me and shyly says: « I’m afraid I don’t like the way they have evolved… »

Juice boos the poor Stephanie Dosen when she totally misses the high notes on Teardrop. By the end of the show, everybody will be laughing at her each time she hits the stage, acting like a little girl and whispering (fortunately, much better than on her first song), and she gets nicknamed « Candy », like in the Japanese cartoon.

I get seriously pissed when the LCD screen starts to quote indifferently Aung San Suu Kyi and Joseph Staline. It reminds of the old POPMART time Bono, without the irony… Karine looks absorbed by the display, but she doesn’t seem amused either. She’ll confess later her despise for the cheesy demagogy of the show: « It’s too easy to tease the French crowd with slogans from Mai 68! »

The crowd goes crazy when the band finally starts playing their hits. Unfinished Sympathy is one of them, blandly sung by a dummy who doesn’t even try to sound like the original. Anyway, the guitar player is soon taking over her, hammering his tenth solo of the night, in order to definitely butcher the groovy elegance of the song.

How can you be so disappointed by the performance of a legendary band, which originated a whole new musical genre, the CDs of which you have listened to so many times that you have felt every emotion possible on their tracks?

Well, it seems that they haven’t improved their live performances in ten years…

Since the huge success of Protection and during the production of Mezzanine, the members of Massive Attack have gone astray, barely speaking to each other. The first time I saw them live was just after the release of Mezzanine and they were already heavily « guitaring up » their tracks, emptying them of the poetic and soulful substance of Trip Hop. They are still capable of writing beautiful and haunting tracks (check I Against I featuring Mos Def, and the incredible James Holden remix of Teardrop) but they don’t seem to be able to share any emotion, at least they can’t translate it musically and restore their dark yet welcoming craft.

That is why I am posting today a cover by Tina Turner, the entertainer who gives it all when on stage. That’ll teach them.

Tina Turner – Unfinished Sympathy (extended olympic mix)

Le public, c’est comme des petit vieux, il faut lui servir un peu la soupe, sinon, ça bave.

Cassandre et les voyeurs

Psychedelic BeyoncéUn samedi soir sur la Terre, autour d’une raclette :
– Je voudrais qu’on passe Tina Turner à mon enterrement.
– Quelle chanson ?
– The Best.

Eclats de rire à table. C’est pourtant rare, les aveux aussi sincèrement crus dans un dîner parisien.
– Je crois que je ne l’ai jamais dit à personne…

Vas-y cocotte, lâche-toi, vaut mieux s’identifier à Tina Turner, jupes trop courtes, lèvres trop grosses et/ou trop rouges, trop de féminité, trop de sexe, trop de voix, qu’à…  Christina Aguilera par exemple.
La lionne rugit plus fort que la musique. I Smell Trouble, prévient-elle. Sur ce morceau extrait d’un concert mythique à l’Olympia en 1971, même les doigts agiles de son Ike ne parviennent pas à la dompter. Ca dure dix minutes, intenses et frénétiques, une déferlante, un rouleau compresseur.

Un peu comme la Vague. J’ai scotché sur l’émission Zone Interdite dimanche soir, horrible et fascinante. Je n’avais pas encore vu autant d’images du tsunami, autant d’images de désolation, autant de destins contaminés par la peur et la mort. Les vidéos amateur des touristes en maillot de bain, les premiers reportages réalisés seulement quelques heures après le déluge, les groupes de survivants coupés du monde qui s’organisent, donnent un côté Koh Lanta à l’événement, cynique régurgitation parodique d’une TV trop real. Gros plans sur des enfants qui pleurent, beaux et bronzés ; quêtes désespérées des uns et des autres à travers les morgues et les hôpitaux…
Obscène.
Et Bernard de la Villardière a toujours une tête de noeud.

A girl was telling me the other night that she wanted Tina Turner to be played at her funeral. You’re simply the Best / Better than all the rest… It’s immodestly funny, sarcastic, and desperate at the same time : if you don’t claim it loud, how can you be sure that people will think you were the best once you are dead ?

Tina Turner is the mother of all. Janet Jackson, Christina Aguilera, Pink, Anastacia, Beyoncé… They owe everything to her : voice used as an instrument, feminine soul, attitude, look, surgery, buddhism… In the end, her legend may be bigger than her actual career. Tina Turner remains the woman who lost and won it all back, thanks to the music. And an unforgettable live performer.
On I Smell Trouble, she fights a duel with Ike‘s finger picks. In 1971, Anna Mae Cassandra Bullock was already stronger than Evil Ike. He should have known she’ll finally beat him up.

(Image taken from Randy Tuten)

Ike & Tina Turner – I Smell Trouble