Qui touchera le fond en premier ? Mon compte en banque ? Jean-Pierre Raffarin ? L’industrie du disque française ?
A lire ça, je me dis que notre Premier ministre a encore de beaux jours devant lui, il devrait même résister à la campagne sur le référendum…
Cette année, les cloches de Pâques, elles ne sont pas en chocolat : elles dirigent les majors du disque. Les entreprises qu’elles représentent s’obstinent à croire qu’Internet, c’est super grave… Et les journalistes, qui ne font rien qu’à les contrarier en écrivant dans leurs canards que pas du tout, si on vend/achète (tout dépend de quel côté on se place) moins de disques aujourd’hui, c’est pas à cause du téléchargement, mais à cause que les disques en vente dans les magasins sont petitun trop chers petideux trop nuls, méritent d’être punis. Lesdites cloches s’imaginent que supprimer les envois promos va tout résoudre !
Et surtout, en tant qu’à peu près journaliste écrivant parfois sur des sujets plus ou moins liés aux productions de ces producteurs, j’ai bien constaté une certaine dérive depuis quelques années :
- Quand une major ou un de ses sous-labels fait des envois de promos, la plupart du temps, il s’agit d’un CD-R. Ce qui n’est pas si mal, mais les étiquettes Maxell, j’ai moins de plaisir à les lire (et ça me donne moins d’infos sur le disque en question) qu’un livret de CD… En plus, les stagiaires promo sont de plus en plus paresseux, ils ne mettent plus de stickers sur les galettes, résultat, tu mélanges tout et tu ne retrouves plus ton disque au moment où tu veux le réécouter.
- A moins de t’appeler Epok, de promettre une couv’, un tirage à 2000000 et une interview croisée avec Eminem, c’est la stagiaire qui te répond, entre deux cafés, qui te promet tes envois en fin de journée, et qui oublie, parce que vraiment, elle n’a pas que ça à faire… Pour l’anecdote, quand j’ai appelé Polydor deux mois avant la sortie de l’album solo de Gwen Stefani, la meuf a d’abord hésité, puis s’est renseignée (puis s’est trompée de bouton, ça a raccroché), avant de se rendre compte que, oui, oui, effectivement, Gwen Stefani, c’est bien chez elle, mais que pour l’instant, c’est pas une priorité, donc est-ce que tu peux rappeler la semaine prochaine ?
- Les indépendants aiment bien envoyer des disques, parce qu’ils sont sûrement encore les seuls à penser que pour parler d’un album, le mieux c’est de l’avoir entendu auparavant…
Donc, tout ça ne donne pas vraiment envie de respecter les méthodes des majors. Ce qui n’empêche nullement de respecter les artistes : je n’ai jamais entendu quelqu’un se féliciter de pirater le promo d’un artiste en développement, mais plutôt de niquer Universal ou son clone. Surtout quand un disque écrit, enregistré et produit met six mois à sortir, tout ça pour coller à je ne sais quelle loi sur les quotas, à je ne sais quelle stratégie de tube de l’été (même sur Nova, il y a des tubes de l’été), à je ne sais quel partenariat…
Alors, si tu es concerné, signe la pétition sur DownMusicFrance.
Et puisqu’on est dans la revendication, pense déjà à voter OUI au référendum sur la ratification du Traité établissant une Constitution pour l’Europe.
Quant à mon compte en banque, en fait, il est hors concours, il a déjà touché le fond. Mais tel Mylène Farmer (à côté de qui j’ai déjeuné cette semaine, mais cette conne me tournait le dos, je ne peux donc pas te dire si elle fait aussi peur en vrai qu’à la tévé), il remonte toujours des abysses au moment où on s’y attend le moins.
Pour fêter ça, on écoute Le silence d’Ollano. Parce que c’est extrait d’un des premiers albums que j’ai reçus en promo quand je commençais à être vaguement stagiaire pour un journal et que je devais créer la page musique. Parce que je me souviens encore très bien de ces CD. Parce que les stagiaires qui commencent leur carrière aujourd’hui ne recevront plus des disques qui les suivront pendant dix ans, mais des liens dans leur boîte mail pour écouter du streaming sécurisé. Rien que pour ça, je changerais de vocation.
French music industry keeps on acting foolishly. They pretend to be very calm and conscious, facing poor sales and criticisme, but in fact, all they do is panicking… On this site is a petition for journalists and reviewers against the five French majors’ new idea: no more promo stuff, online streaming only! They pretend to save money and to stop piracy with this technology. But they also stop the press from doing their job (i.e. listening to albums, and not only during office hours because some of them are meant to be heard on sunday mornings…).
I don’t know how it goes in foreign countries, on the biggest markets : the U.S., Japan, England… Can anyone tell me if anything like this happening elsewhere?
As a writer, what I’m sure of is that independant labels still know that sending promo CDs is a good thing, mainly because music lovers have also something with owning the music, holding it in their hands, passing it to their friends… I’ll always remember how excited I was when I received my first promo CDs, ten years ago. I still remember them: Excentrique by Daniel Chenevez (pure French crap), Blur’s self titled album (with great tunes like Beetlebum, Theme from Retro and Death of a party…), and Ollano.
A concept album featuring, among others, Pierre Bégon Lours, who became part of Mellow, Marc Collin, wannabe Nouvelle Vague, Helena Noguerra, whom I’ve talked about here, and Bertrand Burgalat, Tricatel founder.
Today’s selection is then Le silence (sung by Sandra Nkake)… That’s my testimony and my petition, too.
(image taken from Une vie de cloche)
Ollano – Le silence