C’est comme une douche à poil

Divas-gations matinales… Alors que Jill Scott illumine mes soirées depuis une semaine avec son interprétation naïve et savoureuse de Mma Precious Ramotswe dans la série The No. 1 Ladies’ Detective Agency, je me suis réveillé ce matin avec Erykah Badu en tête, et son bien-nommé Honey sucrant ma cervelle engourdie.

Une vraie diva, celle-là. Du genre à arriver deux heures en retard à son concert. Elle nous a dit « Désolée, le bus s’est perdu ». Tu parles, il oublié de configurer son GPS, le chauffeur du bus avant de faire New York-Montréal, ou alors il n’a pas vu le panneau « Vieux Port » ?
Justement, c’est ça, une vraie diva. Elle te raconte des craques pour se faire mousser, elle te fait poireauter (enfin, c’est The Roots, en première partie, qui avaient assuré l’attente musicale pendant tout ce temps, bravo les gars, c’était mieux que « Les Quatre Saisons » en boucle), elle fait des mines, prend la pose, arrange son chapeau entre les chansons… Mais quand elle chante, attention, tu te tais, tu es cloué, tellement elle est en place.
La preuve, sur ce live où elle rend visite à son ex, Common, pour caler un freestyle dont elle a le secret. A part quelques fausses notes en début d’intervention, elle est impeccable, et surtout, elle retourne le plublic en sa faveur.

C’était son année, 2008, à la Badu. Nouvel album, vachement bien, nouveau bébé (né en 2009) et signature avec Tom Ford pour personifier son nouveau parfum. D’ailleurs, je ne sais toujours pas s’il y a un jeu de mots, une ironie, derrière ce contrat ou si c’est juste une coïncidence de faire appel à une artiste qui revendique ses racines africaines, donc noires, pour la promotion de White Patchouli.

Pendant ce temps, lu ce matin, Yelle a signé une chanson pour le nouveau gel douche de Dove. Et t’invite à faire du air guitar de bouche avec elle (ils appellent ça du « lipdub », mais en fait, c’est un faux-ami barbare qui veut dire « playback » en web 2.0). On a les contrats qu’on mérite…

She has grace and power, she has the groove and the soul, she impersonates afro-american feminism and political consciousness… Erykah Badu is a true diva, someone who can be 2 hours late at her own show and yet make you forget that your feet hurt for standing too long…
Such a professional that she commands her band and background singers with a single fingersnap. I guess it takes hours of rehearsals to reach this level of stage perfection. She has them break down when she wants, stops the instrumentation, twists her own songs. Soulful & playful.
She’s not just a perfectly clocked singing machine, she’s not just a good performer. She is a diva. She is herself. She probably doesn’t act on stage she way she is in real life, but she has something so true and so generous that you can’t resist.

When New Amerykah Part One: 4th World War was released, I remember reading an article her where she explained how dumb she was technology-wise, until her son introduced her to it. Until then, she would call her own answering machine to sing new melodies that came to her mind. Clever.

It doesn’t take millions of producers, auto-tune filters and overheard samples to make real good black music. It doesn’t take bullshitty references to God, Jesus, the Lord or whatever to be a spiritual and inspired artist. A tribute to her friend and producer J-Dilla, the track Telephone is the deepest, strangest song I’ve heard in a long time. And it haunts me everytime I hear it. Rihanna can stay where she is, on the victims side, in the flock of exploited songstresses… Alongside Jill Scott, Badu is the greatest soul singer of this era. Motown, her label, is lucky to have her.

Listen to this remix of her 2008 hit Honey, a sticky & sweet homage to classic soul as shown in the video. Super cool DJ Day has perfectly brought together Badu’s vocals and a jazzy-groovy feeling to the track that suit her sugalicious vibe.

Erykah Badu – Honey (DJ Day remix)

Faut pas faire de disques avec Michaël Youn,
regarde Obispo : même aux Enfoirés, ils n’en veulent plus !

(Photo by Julien Lavigne)

Pétard mouillé

massive.jpgOu comment le système finit toujours par manger même ceux qui pourraient s’affranchir de certaines contraintes et discours obligés.

Nous sommes allés, très nombreux, voir Massive Attack dans le magnifique théâtre de la Cité de Carcassonne. Et nous sommes repartis déçus et moqueurs. J’ai ressenti deux raisons, principalement, à l’échec du passage en live des morceaux de Massive Attack.

  • l’abus de guitares saturées, qui remplacent TOUTES les explorations et variations stylistiques qui ont fait la renommée du groupe. On n’entendait guère de nappes, pas de violons, à peine de samples, rien que des riffs joués fort, trop fort. Je n’aime pas le son de la guitare électrique, c’est un fait, mais pourquoi TOUT réduire à un solo de guitare alors que deux batteurs se démènent sur scène (ils n’auront d’ailleurs même pas droit à leur quart d’heure de gloire, les Massive ne cédant pas au cérémonial de la présentation du groupe), alors que trois chanteurs (plus deux frontmen) se succèdent comme à la kermesse de l’école, alors que le public réclame dès le troisième morceau d’entendre des tubes ?
  • le discours anarcho-punk des écrans LCD (mal réglés, d’ailleurs, y’avait des pixels morts, et les caractères accentués ne s’affichaient pas, la honte) qui assènent aussi bien des titres de news Yahoo! People que des citations de Staline. Mai 68, Paris Match et l’altermondialisme placés au même niveau, ça fait toujours un peu bizarre, et surtout, tellement cliché ! Je me souviens avoir vu le POPMART Tour de U2 il y a 10 ans tout rond et y avoir perçu le même discours-mise-en-abyme (« Tu me regardes donner en spectacle le monde qui s’écroule sous le poids du fric mais tu viens de lâcher 40 euros pour te le faire dire, à moi qui suis déjà millionnaire »), avec beaucoup plus d’efficacité et (c’est bien pour ça qu’on y va) de divertissement.

Le pire, dans tout cela, c’est que Massive Attack m’avait fait le même effet, il y a environ 10 ans, dans la froideur de Bercy. C’était juste après la sortie de Mezzanine, alors que le groupe commençait à se désolidariser, que Tricky commençait à dire beaucoup de mal de ses fondateurs, et que les grandes salles s’étaient ouvertes à ce collectif qui a commencé en animant des soirées hyper black-blanc-beur-underground à Bristol. L’histoire a déjà été écrite, elle a même été résumée en musique par DJ Milo sur l’excellentissime compilation The Wild Bunch – Story of a Sound System. Coincés par leurs problèmes d’ego et de créativité, les membres de Massive Attack sont aujourd’hui en roue libre, tellement fiers d’avoir accompli ce qu’ils ont accompli, créer un nouveau genre musical, rien que ça, qu’ils en oublient d’être simplement des artistes sur scène, présents, généreux et accessibles.

Restent les classiques, ceux qu’on écoutera encore dans 40 ans, quand le vieux Horace Andy aura passé l’arme à gauche.

La preuve, quand c’est Tina Turner qui les reprend, ça colle des frissons.

The « wild Corbières bunch » went to see Massive Attack in Carcassonne, the other night. We were all quite excited about it, and when the show was over, we all felt SO relieved… Wow.

Sitting next to me, Gary, the überfunky drummer, deplores that it takes two sets of drums & percussions to hit the same blank beat on every song.
A little further, Daisy & Seren decide that they should get wild to the music instead of waiting for something to happen. They start dancing like in their old raving days. In the end, they sweat a lot, have a little fun and hurt their back…

After the fifth track, Cécile leans towards me and shyly says: « I’m afraid I don’t like the way they have evolved… »

Juice boos the poor Stephanie Dosen when she totally misses the high notes on Teardrop. By the end of the show, everybody will be laughing at her each time she hits the stage, acting like a little girl and whispering (fortunately, much better than on her first song), and she gets nicknamed « Candy », like in the Japanese cartoon.

I get seriously pissed when the LCD screen starts to quote indifferently Aung San Suu Kyi and Joseph Staline. It reminds of the old POPMART time Bono, without the irony… Karine looks absorbed by the display, but she doesn’t seem amused either. She’ll confess later her despise for the cheesy demagogy of the show: « It’s too easy to tease the French crowd with slogans from Mai 68! »

The crowd goes crazy when the band finally starts playing their hits. Unfinished Sympathy is one of them, blandly sung by a dummy who doesn’t even try to sound like the original. Anyway, the guitar player is soon taking over her, hammering his tenth solo of the night, in order to definitely butcher the groovy elegance of the song.

How can you be so disappointed by the performance of a legendary band, which originated a whole new musical genre, the CDs of which you have listened to so many times that you have felt every emotion possible on their tracks?

Well, it seems that they haven’t improved their live performances in ten years…

Since the huge success of Protection and during the production of Mezzanine, the members of Massive Attack have gone astray, barely speaking to each other. The first time I saw them live was just after the release of Mezzanine and they were already heavily « guitaring up » their tracks, emptying them of the poetic and soulful substance of Trip Hop. They are still capable of writing beautiful and haunting tracks (check I Against I featuring Mos Def, and the incredible James Holden remix of Teardrop) but they don’t seem to be able to share any emotion, at least they can’t translate it musically and restore their dark yet welcoming craft.

That is why I am posting today a cover by Tina Turner, the entertainer who gives it all when on stage. That’ll teach them.

Tina Turner – Unfinished Sympathy (extended olympic mix)

Le public, c’est comme des petit vieux, il faut lui servir un peu la soupe, sinon, ça bave.

Les sucettes de la renommée

Suce, tu chanteras moins... La blogosphère applaudit tant qu’elle peut l’album d’Annie… Mouais… Pourtant, rien qui vaille qu’on lâche Britney ou Mariah pour une petite Norvégienne qui a juste le mérite de fréquenter hype et de porter des Nike édition limitée.
Ce qui l’a (presque) révélée, c’est le single The Greatest Hit, en 1999. Avec un titre pareil, et sachant que le morceau resuce à n’en plus finir un sample de Madonna, c’était un peu obligé qu’on la remarque, et effectivement, ça fait remuer le popotin. Mais la miss n’a pas eu de chance, son amoureux et producteur, le jeune et talentueux fondateur du label Tellé Records, Erot est mort… Avec le succès de son premier titre, Annie s’est débrouillée pour faire écrire et produire la fin de son album par d’autres, les incontournables cross-over Röyksopp et Richard X. Ils ont eu beau essayer, ils n’ont pas réussi à rendre à Annie la grâce juvénile et sexy du titre qu’Erot avait écrit pour elle. Elle s’accroche toutefois à sa renommée naissante, à son petit succès, portée par le nécessaire renouvellement de poptarts qu’exigent l’industrie musicale et la presse.
Quoi qu’il en soit, le petit corpus de l’oeuvre d’Erot reste super recommandable : Song for Annie, par exemple. Ou ce morceau remixé des Kings Of Convenience, avec la voix molle d’Erlend Øye. Petite pop indé de très bon goût, non ? (Normal, je l’ai piquée à mon chéri)
En revanche, la marque Chupa Chups vient de sortir trois nouveaux parfums… Ca va renarder dans les cours de récré, au New Swing, et à la plage, cet été…

Music blogosphere, especially gay music blogosphere, has been making quite a fuss about Annie‘s first album. Anniemal may be the cleverest album title since George Michael’s Listen Without Prejudice, the chick may be the perfect Scandinavian blonde fantasy, the music fails to raise any interest.
Yet, she had a wonderful debut, the single The Greatest Hit. Happy groove sampled on Madonna’s Everybody, funky beats, great vocal production. The track is now a ’99 classic even though it never really broke through in the charts. The breaks are amazing on the 12″ Extended Disco Mix.
Producer Erot was behind this sound, a guy who has also done the lovely Song for Annie, when they were lovers. After he died, Little Orphan Annie went on recording her album, helped by first class collaborators Röyksopp and Richard X, but the guys never found the way to keep Erot’s sweet feeling. Chewing Gum stays flat, Heartbeat remakes Kylie’s gimicks on Fever without the fun. And remixes by Mylo or Maurice Fulton still don’t make up for it.
Then listen to Erot’s works. Pick of the day is his remix for Kings Of ConvenienceGold For The Price Of Silver. Very cosy song, funky sample loop, the remix respects Erlend Øye’s soft tone. These Norwegian people know how to lay back.

(image taken from Once Upon A Time Collectibles)

Kings Of Convenience – Gold For The Price Of Silver (Erot Vs. Kings of Convenience Version)

Résumé des épisodes précédents

You say you’ll change the constitution, well you know... En vrac, et parce que je me prends un peu pour Georges Perec, parfois, une liste non raisonnée de choses que je tenais à te dire :

  • On ne le dira jamais assez d’ici dimanche : il faut voter OUI au référendum. Parce que sinon, dans cinq ans, on nous reposera la même question et donc, on aura droit au même débat de crétins démagos…
  • « Les riches votent OUI » (homme-sandwich ATTAC en campagne le long du Canal Saint Martin). Il est bon, non, le niveau du débat ?
  • « JEDI NON contre l’empire et que la force soit avec nous…!! » (Jack, internaute inspiré). C’est bien connu, les calembours sont les meilleurs arguments politiques.
  • « Un non qui s’abstient, c’est un bon non. Un oui qui vote, c’est un bon vote » (Jean-Pierre Raffarin, futur ex-premier ministre). Ouh làlà, qu’il est bon, le niveau du débat !
  • « Si vous rencontrez un gars qui a envie de voter non, dites-lui plutôt d’aller à la pêche » (Jean-Pierre Raffarin, qui aime bien s’asseoir sur la démocratie pour réhausser le débat). A croire qu’il le fait exprès pour se faire virer.
  • « Le devoir de vérité impose de dire qu’il peut y avoir un plan B » (Jacques Delors, spécialiste indiscuté des questions européennes)…
  • « Il n’y a pas de plan B ni dans les têtes ni dans les dossiers, c’est clair » (Jacques Delors, puni). Un très bel exemple : le monsieur a essayé de nuancer le débat, mais on l’a grondé, résultat, il doit se contenter d’arguments-massue.
  • « Le vrai scoop, c’est plutôt ce que j’appellerai le plan C : le plan caché de la droite pour l’après-oui » (Laurent Fabius, berk). Encore un qui ferait mieux de moins penser le matin, quand il se rase, ça éviterait de plomber le débat…
  • « Si le oui gagne, ce sera le plan D : délocalisations, déréglementation, déferlante migratoire » (Philippe de Villiers, habitué de la surenchère). Dépêchez-vous les gars, plus que 4 jours pour arriver au plan Z !
  • Du coup, je fais ce que je peux, et je milite pour le plan Be. C’est le nouvel album de Common, le plus beau de tous les rappeurs. Pas aussi fort que son opus précédent, Electric Circus, mais c’est smooth et bourré de samples soul très groovy pour ce printemps qui n’arrive pas à éclore….
  • J’ai aussi acheté le premier CD d’Amos Lee, après avoir découvert le morceau Keep It Loose, Keep It Tight sur Jazz and Conversation. Joli brin de voix, de la mélancolie…
  • RADIOLALA – EPISODE III est en préparation.
  • Desperate Housewives, c’est bien. Lost, c’est bien aussi. Je voudrais juste que les scénaristes de ces séries arrêtent avec le petit jeu initié dans 24 : la manipulation du montage et caviardage du récit par des approximations qui maintiennent le spectateur dans l’ignorance d’un élément important du scénario. Après l’omniscience du narrateur dans les romans classiques, voici venu le temps de l’omission du cadreur dans les séries télé, qui reposent par ailleurs sur un réalisme assez cru… Dans 24 (première saison), il fallait attendre le dernier épisode pour voir à qui téléphonait le méchant alors que le personnage recevait ces coups de fil sous nos yeux depuis le début. Dans Lost, le filmage en caméra subjective permet de ne pas montrer le mystérieux monstre de l’île, que les personnages appellent tout simplement « thing » entre eux, créant un suspense artificiel franchement agaçant.
  • A propos de suspense (OUI un jour, NON le lendemain… mais moi, je te le rappelle, j’ai déjà fait mon choix), je résume le débat en chanson avec la voix de la flamboyante Graciella, soeur de Machito à qui l’on doit le morceau posté aujourd’hui et en écoute ci-dessous.

Still worrying about the result of the French referendum on the Treaty establishing a Constitution for Europe… It feels like we’re back in November ’04, when the rest of the world wanted John Kerry to be president and the US citizens finally chose the worst they could, George W. Bush. The debate should be about what is good for us, not what we are angry for… The funny thing with this campaign have been the silly declarations by our Prime Minister, petty and unpopular Jean-Pierre Raffarin, and the comebacks of political veterans (yet wise), caricatured on the image above.
As an illustration to the French hesitation, I picked up this tune, Si Si No No, performed by Machito and his Afro-Cuban orchestra, among which her sister and vocalist Graciella. A song about a girl who says YES when she means « stop », who says NO when she wants more… Sassy and funny, it could have made it for the upcoming RADIOLALA – EPISODE III!

(image by Sardon, taken from Libération)

Machito and his Afro-Cuban orchestra – Si Si No No

Tu veux ou tu veux pas

à 25 sur le drapeau, obligé, c'est un peu tassé

Je m’y attendais. Discrétos, j’ai glissé il y a quelques jours qu’il fallait voter OUI au référendum sur la ratification du Traité constitutionnel par la France… Et j’ai reçu un commentaire comminatoire, culpabilisant, manquant sérieusement d’humour (alors qu’ici, sur Playpause, on s’amuse à tout prendre à la légère), me mettant au défi d’argumenter ma prise de position.
OK, c’est parti !
Tout d’abord, pour commencer, je souligne : jusqu’à présent, personne ne m’avait sommé de justifier une opinion, même un peu sèchement affichée sur ce blog. Comme je l’ai écrit au mois de novembre et à propos de Michael Jackson, ici, c’est chez moi, alors je fais totalement ce que je veux. Quand je dis que Mylène Farmer chante de la merde, personne ne vient me titiller sur le ton « mais tu te rends compte de ce que tu écris ? ». Oui, je me rends compte. Oui, je suis d’accord avec moi-même. Oui, Mylène Farmer chante de la merde. Oui, je vais voter OUI le 29 mai.
Ceci dit, je ne suis pas fermé à la discussion, loin de là. J’ai réfléchi, j’ai survolé ce texte, j’ai écouté les arguments de mon chéri qui va voter NON, j’ai lu les tribunes des pour et des contre, j’ai téléchargé le résumé rédigé par les services de la Commission européenne. On peut certes les soupçonner d’être plutôt acquis à la cause, on ne peut en revanche pas leur reprocher d’enjoliver la réalité : ils parlent du boulot que ça va leur donner, donc, pas maso, ils n’en rajoutent pas.
Ce bousin est une rédaction indigeste principalement imputable à Valéry Giscard d’Estaing, un fatras technocratique comme les services de la Commission et de l’Union européennes savent en pondre, une construction intellectuelle assez alambiquée… Mais qui reprend dans les grandes lignes les traités et textes successifs signés depuis 1957 et ajoute une couche institutionnelle qui enrobe le tout pour mieux faire glisser les 25 pays les uns contre les autres.
Mouais… Ecrit comme ça, je pourrais paraître opposé à ce projet politique. Sauf que dans le fond, l’Europe dans laquelle je vis depuis que je suis né ne fonctionne pas si mal. Alors je me dis « autant continuer ». Et là, en plus, on y colle une bonne dose de droits de l’homme (ça ne fait jamais de mal), on met un peu plus de contrôle démocratique, on organise tout ce petit monde pour une défense commune. Pas mal.
Alors, si c’était aussi beau, pourquoi la majorité des sondés voudrait-elle voter contre ?

  • Peut-être parce que Chirac, Raffarin et leurs petits copains ont poussé le bouchon vraiment trop loin et que c’est le seul moyen qu’on a trouvé pour le leur dire. Oui, mais il faut pas confondre : notre archi naze gouvernement français pue du cerveau, ce n’est pas une raison pour vouloir faire péter tout l’appareil politique qui se trouve autour.
  • Peut-être parce que Sarkozy et Hollande qui militent à fond pour, ça fait peur. Oui, mais Christine Boutin, Philippe de Villiers, Jean-Marie Le Pen et Jean-Pierre Chevènement qui militent à fond contre (et accessoirement Laurent Fabius), ça me fait encore plus peur.
  • Peut-être parce que des personnalités-et-pas-des-moindres comme José Bové et Bernard Cassen expliquent que c’est un traité pro-libéral. Oui, mais non : il s’agit d’une constitution, pas d’un programme électoral. En clair : ce n’est pas au cadre constitutionnel que l’on doit reprocher le libéralisme ambiant, mais à ceux qui sont au pouvoir. Et si une constitution imposait des choix politiques, économiques et sociaux, ça se saurait. Même Mitterrand, qui avait craint le coup d’état permanent au passage de la Ve République, s’était un peu gourré : à moins de voter pour Le Pen aux prochaines présidentielles, on ne risque pas grand chose. (D’ailleurs, si tu pouvais m’éviter d’avoir à re-voter à droite la prochaine fois, merci…).
  • Enfin, peut-être parce que ça paraît un peu compliqué et qu’on n’est pas sûr de signer pour un truc avec une petite note de bas de page qui nous le colle dans le baba. Oui, mais dans ce cas-là, dis-moi que tu as lu le code civil et que tu l’as compris, dis-moi que connais la constitution française et que tu te la récites le soir en t’endormant pour ne pas l’oublier, dis-moi que tu connais le traité de Rome et qu’il te suffit largement. Parce qu’une constitution, c’est effectivement une construction mentale fabriquée par des experts en la matière pour organiser le fonctionnement d’un état (ou d’un truc encore plus gros) : plus compliqué que la notice de montage d’une armoire IKEA, plus impliquant qu’un vote par SMS pour la Nouvelle Star… Faut juste être un peu spécialiste ou élire des politiques en qui tu as confiance pour l’appliquer et la respecter…

Et puis parce qu’il y en a qui, en plus, s’amusent à vraiment tout mélanger en pelotant le racisme du Français de base sur le thème « dire OUI à la Constitution, c’est ouvrir la porte de nos maisons aux Turcs qui n’attendent que ça pour venir violer nos femmes », je te dis tout de suite que je suis plutôt favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Europe. Mais on en reparlera parce que là n’est pas le débat.
En attendant, un morceau de Mercan Dede. Parce qu’il est Turc, il dit EVET quand il veut dire OUI dans sa langue natale.

Have you heard of the new French paradox? These people used to be pro-European, their country has contributed to build the European institutions from the beginning thanks to great men like Robert Schumann, they have taken profit from this institutional and political progress. But they have a short memory and now they want to stop this historical evolution by saying NO to the referendum on the ratification of the Treaty establishing a Constitution for Europe.
Sure, one should think twice before answering. But French voters are so mad at the uselessness of our President, Prime minister and government, so worried about low growth rates and high unemployement, and desperate for the future that they want to say NO instead of thinking that the problem do not lie in this European project. And like Sinéad O’Connor once said about the Pope, we need to fight the real enemy: greed and lies.

As I have explained my opinion to my French readers (who seemed upset by my positive attitude) above, I’m not going further here in the English part of the post. I’d rather talk of Mercan Dede.
A Turkish musician with crazy looks and amazingly beautiful tatoos, who lives in Canada, who blends traditional and electronic vibes, who spins records also under the name of Arkin Allen. Must be open minded, would probably vote YES to the referendum… Carries a peaceful message…
The albums Seyahatname and Nar are ambient masterpieces that mix traditional sufi music with electronic design. He tours with an ensemble that provides energy to his rather mental music: the spiritual vibes get alive on stage thanks to a whirler. Must be quite an experience.
Nar-ı Seher is the last track on the CD: a detuned sample rushes along, the voice of an old sufi, beats… I love this piece.
After that, you’ll check the East 2 West compilations released on Doublemoon, an electro label from Istanbul, featuring some Mercan Dede’s works and remixes.
And hope that Turkey will match the European commission criteria in order to get into the EU some day… Say EVET!

(Rem Koolhas’ EU Flag project taken from Spiky Art)

Mercan Dede – Nar-ı Seher

Plus con, t’es mort

Avec mon nouveau jouet, je vais bien faire chier tout le monde ! (Pascal Nègre) Qui touchera le fond en premier ? Mon compte en banque ? Jean-Pierre Raffarin ? L’industrie du disque française ?
A lire ça, je me dis que notre Premier ministre a encore de beaux jours devant lui, il devrait même résister à la campagne sur le référendum…

Cette année, les cloches de Pâques, elles ne sont pas en chocolat : elles dirigent les majors du disque. Les entreprises qu’elles représentent s’obstinent à croire qu’Internet, c’est super grave… Et les journalistes, qui ne font rien qu’à les contrarier en écrivant dans leurs canards que pas du tout, si on vend/achète (tout dépend de quel côté on se place) moins de disques aujourd’hui, c’est pas à cause du téléchargement, mais à cause que les disques en vente dans les magasins sont petitun trop chers petideux trop nuls, méritent d’être punis. Lesdites cloches s’imaginent que supprimer les envois promos va tout résoudre !
Et surtout, en tant qu’à peu près journaliste écrivant parfois sur des sujets plus ou moins liés aux productions de ces producteurs, j’ai bien constaté une certaine dérive depuis quelques années :

  • Quand une major ou un de ses sous-labels fait des envois de promos, la plupart du temps, il s’agit d’un CD-R. Ce qui n’est pas si mal, mais les étiquettes Maxell, j’ai moins de plaisir à les lire (et ça me donne moins d’infos sur le disque en question) qu’un livret de CD… En plus, les stagiaires promo sont de plus en plus paresseux, ils ne mettent plus de stickers sur les galettes, résultat, tu mélanges tout et tu ne retrouves plus ton disque au moment où tu veux le réécouter.
  • A moins de t’appeler Epok, de promettre une couv’, un tirage à 2000000 et une interview croisée avec Eminem, c’est la stagiaire qui te répond, entre deux cafés, qui te promet tes envois en fin de journée, et qui oublie, parce que vraiment, elle n’a pas que ça à faire… Pour l’anecdote, quand j’ai appelé Polydor deux mois avant la sortie de l’album solo de Gwen Stefani, la meuf a d’abord hésité, puis s’est renseignée (puis s’est trompée de bouton, ça a raccroché), avant de se rendre compte que, oui, oui, effectivement, Gwen Stefani, c’est bien chez elle, mais que pour l’instant, c’est pas une priorité, donc est-ce que tu peux rappeler la semaine prochaine ?
  • Les indépendants aiment bien envoyer des disques, parce qu’ils sont sûrement encore les seuls à penser que pour parler d’un album, le mieux c’est de l’avoir entendu auparavant…

Donc, tout ça ne donne pas vraiment envie de respecter les méthodes des majors. Ce qui n’empêche nullement de respecter les artistes : je n’ai jamais entendu quelqu’un se féliciter de pirater le promo d’un artiste en développement, mais plutôt de niquer Universal ou son clone. Surtout quand un disque écrit, enregistré et produit met six mois à sortir, tout ça pour coller à je ne sais quelle loi sur les quotas, à je ne sais quelle stratégie de tube de l’été (même sur Nova, il y a des tubes de l’été), à je ne sais quel partenariat…
Alors, si tu es concerné, signe la pétition sur DownMusicFrance.
Et puisqu’on est dans la revendication, pense déjà à voter OUI au référendum sur la ratification du Traité établissant une Constitution pour l’Europe.

Quant à mon compte en banque, en fait, il est hors concours, il a déjà touché le fond. Mais tel Mylène Farmer (à côté de qui j’ai déjeuné cette semaine, mais cette conne me tournait le dos, je ne peux donc pas te dire si elle fait aussi peur en vrai qu’à la tévé), il remonte toujours des abysses au moment où on s’y attend le moins.
Pour fêter ça, on écoute Le silence d’Ollano. Parce que c’est extrait d’un des premiers albums que j’ai reçus en promo quand je commençais à être vaguement stagiaire pour un journal et que je devais créer la page musique. Parce que je me souviens encore très bien de ces CD. Parce que les stagiaires qui commencent leur carrière aujourd’hui ne recevront plus des disques qui les suivront pendant dix ans, mais des liens dans leur boîte mail pour écouter du streaming sécurisé. Rien que pour ça, je changerais de vocation.

French music industry keeps on acting foolishly. They pretend to be very calm and conscious, facing poor sales and criticisme, but in fact, all they do is panicking… On this site is a petition for journalists and reviewers against the five French majors’ new idea: no more promo stuff, online streaming only! They pretend to save money and to stop piracy with this technology. But they also stop the press from doing their job (i.e. listening to albums, and not only during office hours because some of them are meant to be heard on sunday mornings…).
I don’t know how it goes in foreign countries, on the biggest markets : the U.S., Japan, England… Can anyone tell me if anything like this happening elsewhere?
As a writer, what I’m sure of is that independant labels still know that sending promo CDs is a good thing, mainly because music lovers have also something with owning the music, holding it in their hands, passing it to their friends… I’ll always remember how excited I was when I received my first promo CDs, ten years ago. I still remember them: Excentrique by Daniel Chenevez (pure French crap), Blur’s self titled album (with great tunes like Beetlebum, Theme from Retro and Death of a party…), and Ollano.
A concept album featuring, among others, Pierre Bégon Lours, who became part of Mellow, Marc Collin, wannabe Nouvelle Vague, Helena Noguerra, whom I’ve talked about here, and Bertrand Burgalat, Tricatel founder.
Today’s selection is then Le silence (sung by Sandra Nkake)… That’s my testimony and my petition, too.

(image taken from Une vie de cloche)

Ollano – Le silence

Vive la sanchon çanfraise

Le bal des ringards Présidées par le patron d’un label indépendant, les Victoires de la musique ne pouvaient cette année qu’être respectables, présenter un palmarès digne et susciter les applaudissements des professionnels de la profession… Que nenni ! A voir ce qu’ils en ont fait, ces messieurs ont plutôt semblé s’acharner sur le cadavre d’un figurant de Six Feet Under.
A commencer par ça : les Rita Mitsouko dans la catégorie Artiste(s) interprète(s) féminine(s) de l’année, ça aurait dû faire sortir tous les guitaristes de France dans la rue. Fred Chichin, un homme qui en a… des seins ? L’honneur est sauf : c’est Françoise Hardy qui obtenu le prix, et on ne peut pas la soupçonner de manquer de féminité : elle était la covergirl préférée de Mick Jagger dans sa jeunesse.
Autre aberration dans ce palmarès : Daniel Darc élu Révélation en 2005 ! J’avoue ignorer les critères exacts pour être éligible dans cette catégorie, mais connaissant la discographie solo du garçon, ça me semble louche, sans compter sa carrière en groupe dans le légendaire Taxi Girl…
Cette cérémonie a touché le coeur du problème, à savoir le ridicule de toute cette mise en scène, en remettant le prix du Clip de l’année à Alain Chamfort pour Les beaux yeux de Laure… La vidéo en DV, genre caméra cachée, dans laquelle il charge sa maison de disques qui lui a rendu son contrat. Grâce aux Victoires, les producteurs peuvent dire aux artistes : quand on vous aura tous virés, on vous filera des prix de consolation, même aux ringards !
Et la plus belle victoire de toutes, c’est celle qui a été remise à l’impayable Mylène Farmer pour les vingt ans de musique insupportable qu’elle nous a fait subir depuis la création de cette cérémonie foireuse. (Pourquoi pas Michèle Torr, tant qu’à couronner les chanteuses qui font peur ? Ca fait plus de vingt ans qu’elle chante et que tout le monde s’en tamponne, ça mérite bien un prix, non ?)
D’ailleurs, les tubes à essais de Libé se sont autorisé un emplafonnement de la dernière livraison de la rousse ici. Mais comme Universal a truffé les réseaux d’échange de leurres, je n’ai même pas eu le plaisir de rire de cette chose pour l’instant. Et ne compte pas sur moi pour écouter NRJ en attendant la diffusion dudit tube, ça me tombera bien assez tôt dans les oreilles.
Bon, les Victoires de musique, fallait pas être devin pour prévoir un sérieux foutage de gueule (donc, j’ai séché le Zénith et le plateau-télé. Je suis allé voir ça, plutôt, c’était sympa). La semaine précédente, les César s’en étaient mieux sortis : au moins, les vannes de Gad Elmaleh, le défilé des alcooliques mondains et les lèvres d’Isabelle Adjani m’ont fait marrer.

Il reste toutefois un petit peu d’espoir à cette chose musicale qui se chante en mots français. Outre l’événement que représente l’outrancier photoshopage de Lara Fabian nue sur la pochette de son dernier album (sera-ce vraiment le dernier ?), il y a la claque Camille. Je vais essayer de ne pas en faire des tonnes, parce que la blogosphère et la presse musicale, parisienne, nationale, bref, tout le monde s’extasie à l’écoute du Fil. Qui est bel et bien chanté en mots français quoi que leur sens m’échappe…
Camille, si tu me lis, tu étais déjà vachement bien sur ton premier album, Le sac des filles. Trop polie, parfois, ton grain de folie, ton petit vélo dans la voix étaient un peu bridés… Restent la chanson éponyme, hymne post-féministe rigolo, et La demeure d’un ciel, pseudo-soul déchirante qui laissait entrevoir Le Fil… Tu étais aussi vachement bien dans Nouvelle Vague (pistes 3, 4, 6 et 8), surtout pour In a manner of speaking (la 3), cette ballade tellement triste que je n’ai rien pu faire d’autre que l’écouter 20 fois de suite, un soir. Après, sur scène, tu t’es lâchée et tu as massacré l’intention bossa nova de ce concept album : je ne t’en ai pas voulu parce que tu m’as prouvé, ce soir-là, au Triptyque, que tu n’étais pas une chanteuse comme les autres, plutôt une preneuse d’otages.
Merci pour ton coup de fil (feel ?), ce travail étonnant sur la voix, ce disque qui trouve plus de sens dans le feeling que dans les mots : tu rappes mieux que MC Farmer (voir plus haut), tu vocalises mieux que Björk, tu évoques tes obsessions comme une grande artiste. Et quand mon iPod te fait chanter au creux de mes oreilles, j’ai l’impression que c’est mon cerveau qui fait des bruits de bouche.
Alors pour reprendre un peu de distance, je ressors Ruby du premier CD : un enregistrement que tu as dû passer 35 fois dans un magnétophone pour qu’il sonne aussi usé, et pourtant ton timbre y est toujours reconnaissable. Et puisqu’on a causé céfran jusque là, par esprit de contradiction, on écoute angliche…

We, French music listeners, have a very strange annual award ceremony: les Victoires de la musique. For 20 years, it has been known for being a boring TV show, and a complete masquerade. This year, once again, it was a ridiculous prom ball, where the French music industry has proved to be hypocritical and stupid. The most ludicrous example being the band Les Rita Mitsouko nominated for Best female artist award: imagine the reactions if a band as big as No Doubt was in that category (even if their music have nothing to do, by the way). Fans would go out and demonstrate their disagreement… The press would humiliate the jury for this unfair cast… Other nominated artists would protest against such nonsense… Well, in fact, nothing happened, and Les Rita Mitsouko didn’t win the prize anyway.
However, French chanson is not completely dead with its lacking sense of reality, some artists are really renewing it. Camille is one of them. She bears a name that can be either male or female in French, and her voice, sometimes, sounds like a young boy’s. On her latest album Le Fil (The Thread), with very few instruments and heavy vocal arragements, she tells strange stories about loving too strong, about being dead on the road to Nice, about taking the place of someone else’s pain… She sings that birds too are afraid of heights.
This record seems like an obvious spin-off to Björk’s Medulla, but she was already working on it one year ago, before the icelandic diva released her all-voices effort. I saw Camille live on a Nouvelle Vague show and she performed her songs on a complete different mood from the studio versions and it appears to me now that she was giving to Nouvelle Vague her Fil feeling.
Yet, as you can find many information on this new album of hers (here, for example), I’m giving out to you an English-speaking song from more conventional Le sac des filles, her first album. She wrote it, like most of her works. And you can sense her unique tone, here very feminine, light and warm. Now, like Theseus, follow the sonic thread…

(image taken from coulonges.net)

Camille – Ruby

[di djé ing] culture

Et tu crois que ça va les aider à choper des gonzesses ? Bonjour, on se (re)connaît ? Playpause a changé : un nom de domaine rien qu’à moi (merci mon amour), un design rien qu’à moi aussi (encore en travaux), plein de nouvelles couleurs et de nouvelles idées, peu de temps… Je vais toutefois rendre cet endroit un peu plus vivant que les dernières semaines de playpause.typepad.com !
Pour commencer, alors, une médaille ! C’est festif et de bon ton… Je ne vois pas pourquoi je n’auto-célèbrerais pas un petit peu le futur succès de cette nouveauté, étant donné que notre gouvernement ne perd pas de temps non plus : pendant que le ministre de la dépense inconsidérée se voit jeté dehors pour cause de foutage de gueule manifeste, le ministre de la bonne conscience chiraquienne propose des maisons à 100000 € pour les pauvres… Et tandis que les intermittents réclament qu’on s’occupe vraiment d’eux, le ministre des inrockuptibles fait Chevalier de l’ordre des Arts et Lettres les doyens de la French Touch Air, Dimitri From Paris et Philippe Zdar. (Question en filigrane : en ont-ils vraiment quelque chose à foutre, voire besoin ?)
(Mauvaise langue, je continue sur ma lancée : cette info, je l’ai lue en premier dans A nous Paris… C’est bien la première fois que j’apprends vraiment quelque chose grâce au gratuit du métro…)
Pouet, pouet, boom, boom, sortez les cotillons… Je ne sais pas quel stagiaire de cabinet a rédigé le discours de notre ministre, mais j’ose espérer que ça a ricané rue de Valois quand RDV, le petit prince des pince-fesses, a lu les phrases suivantes :

  • Vous ne cessez de franchir de nouvelles étapes, toujours plus haut, vers de nouvelles échappées vibratoires et magnétiques. (extrait du discours à J.B. Dunckel et N. Godin)
  • Le premier album de Cassius en 1999 étincèle, avec son hip-hop festif aux sonorités soul et électronique, à la fois sensuelle et frénétique, impossible à écouter sans se mettre à danser. (extrait du discours à P. Zdar)
  • Vous découvrez le DJing [di djé ing] chez vous avec les moyens du bord, remixant, en coupant/collant des extraits de bandes de tubes disco que vous enregistrez à la radio. (extrait du discours à DFP)

[di djé ing] : je ne sais pas toi, mais moi, me rendre compte que sur le site du ministère de la culture, on publie le texte intégral des discours du ministre, didascalies phonétiques comprises, ça me fait hurler de rire…

Sinon, c’est l’occasion de mettre en ligne un morceau bien chouette des Brand New Heavies, remixé par Dimitri le DJ bien peigné. Une touche de house très nineties, quand le qualificatif underground imprimé sur une pochette de CD suffisait à me faire croire que mes oreilles allaient tomber du côté obscur de la musique électronique. Et la voix de Siedah Garrett, pas aussi mind tripping que celle de N’Dea Davenport (historiquement, la première chanteuse du groupe), mais tout de même joliment mise en valeur par le court passage a capella au milieu du morceau.
Alors, c’est parce que je préfère Dimitri à Siedah que je classe ce premier billet 100% playpause.fr dans la catégorie Faces, consacrée aux producteurs & remixeurs… Mais, c’est promis : je mettrai prochainement en avant la voix (l’autre, la vraie) des BNH…

Talkin’ ’bout a revolution
or maybe just a change of mind

Yep, Playpause has changed, and I haven’t figured out yet if it’s a revolution or a change of mind.
My lover has offered me this domain name for Valentine’s Day and I’m getting used to all the new tools and toys that come with managing my own site. More to come!
This new version is still work in progress, forgive the bugs and layout errors: everything will be fixed soon…

Sometimes: today’s song is a celebration of my new site (and also the new life I’m about to live. But I’m not really going into personal details on playpause.)
And an illustration of an eternal song theme: when you do good, good things happen to you. They’ve all sung that, from Aretha to Janet (for example), from Gorillaz ‘ forthcoming Feelgood Inc. to The Brand New Heavies
Frontband of Acid Jazz movement, they were quite huge in the beginning of the 90’s. Sometimes was the first single from Shelter. Yet, it is a great song, featuring their new female vocalist, Siedah Garrett, also known for recording I just can’t stop loving you, a duet with Michael Jackson, and one of Madonna’s background singers on her last Re-invention Tour.
Unfortunately, this BNH album lacked of the dreamy fucking funky inspiration they had put into the three first LPs and bomb singles as Dream come true or Dream on dreamer, and it seems that the band hasn’t really recovered it on their last effort, allaboutthefunk… (How can you take seriously people who cover Many rivers to cross ?)
This special remix is served by très très chic Dimitri From Paris, whose link to the news may not be very interesting for those who don’t follow French politics… Forgive me for this, I’d rather take care of my new design for you than translate these national issues! Anyway, enjoy, hope you like the new Playpause.

(image taken from doublet.com)

The Brand New Heavies – Sometimes (Monsieur D’S Underground Behaviour Mix)

Ecarte les jambes, je touche pas le fond

Gwen Stefani, what she waiting for?Bon, on se connaît à peine, cher lecteur, et je fais déjà ma coquette. Je n’aime pas trop ça : poster des mp3 de vieux tubes que l’on trouve par ailleurs sans difficulté sur les réseaux d’échange P2P. Mais :
– le P2P, c’est pas joli joli, et je m’en voudrais de t’inciter à télécharger illégalement des fichiers alors que tu peux les écouter, à des fins documentaires et hautement intellectuelles, sur des ptiblogs tels que le mien. En plus, le SNEP rôde, gare au derrière de ton disque dur.
– le morceau que je te propose aujourd’hui, quand tu le trouves ailleurs sur Internet, c’est qu’il est extrait d’une compile mixée genre Ragga Connection, donc, il manque le début, il est mangé à la fin, il est pitché de surcroît. Autant dire qu’en termes de respect de l’oeuvre enregistrée, je t’en donne dix fois plus pour ta consommation de bande passante que Monsieur Kazaa.
– c’est avant tout pour éclairer la lanterne de mes (quelques) lecteurs pas français, qui ne connaissent pas le morceau ci-dessous, mais qui vont trouver tremendous le prochain single de Gwen Stefani en duo avec sa copine Eve, Rich Girl.
Cela dit, écoute un peu ce lien (Windows Media). Maintenant, suis mon raisonnement.
On n’en finit plus de reprises et de pompages d’idées, la musique produite et vendue par les majors tourne en rond sur elle-même tel le serpent sans fin qui se mord la queue. Et l’album de Gwen Stefani, qui est bien mignonne par ailleurs, est truffé de fausses trouvailles du genre. Par exemple, sur The Real Thing, le producteur Nellee Hooper fait du William Orbit qui s’inspire de Depeche Mode imitant U2… Dans le genre autocitation, Andre 3000 d’Outkast a réécrit Millionnaire, chanson qu’il a composé pour Kelis, et son ex Tony Kanal, bassiste de No Doubt, produit deux autres titres, donc, si ça ressemble, à du No Doubt, ya pas de doute, c’est fait exprès. Dans la version bonus track de The Real Thing (Wendy and Lisa Slow Jam mix), elle se prend pour Britney qui aurait appris à chanter avec Martika (tu t’en souviens ?); Dans Hollaback Girl, elle se prend pour Christina Aguilera ; sur Harajuku Girls, elle pique le gimmick Oh ouh oh de Prince dans Erotic City ; et dans Serious, elle reprend le fameux Oh Oh (note la nuance) qui a fait le succès de Barbie Girl du groupe Aqua. Comme référence, ça se place là, quand même. La classe !
Et le pompon, c’est le quasi-intégral-pompage de Ah si j’étais riche, dont se sont fendu Big Boss & Winsome il y a quelques années en France, d’après la comédie musicale Un violon sur le toit (ce succès était donc déjà une reprise, par ailleurs rendue célèbre par la verve du grand Ivan Rebroff). Même beats ragga, même dialogue chant-rap : Dr Dre s’enfonce, après le détournement d’un tube de Bollywood pour lequel il a été lourdement condamné, et sur lequel il avait bâti Addictive, de Truth Hurts. (Conclusion de l’affaire, la pauvre Truth Hurts a été lourdée d’Aftermath, le label de Dre…)
Côté news, la demoiselle devait faire plein de promo télé aux étazunis, mais elle est malade, alors elle a tout annulé. Espérons qu’elle va profiter de cette petite pause pour apprendre à chanter en direct, parce qu’on ne peut pas dire qu’elle ait fait des étincelles vocales, la semaine dernière aux MTV Europe Music Awards.
Encore une couche d’ironie par dessus tout cela : la version longue du clip de What You Waiting For? qui met en scène une Gwen Stefani en proie à l’angoisse de la page blanche et qui consulte un hôpital pour chanteuses-de-groupes-qui-se-lancent-en-solo-et-qui-peinent-à-trouver-l’inspiration. Regarde le ici (Quicktime), c’est vraiment drôle.
Simplement, on nous fait croire qu’elle est toute seule aux commandes, alors qu’ils s’y sont mis à plein pour avoir aussi peu d’idées. Et c’est pas gentil, au fond, de tout mettre sur le dos sur la dame.
Excusez-la : c’est une femme, elle est blonde, les américains se contenteront de cette explication.

This one is especially for you, my dear English-speaking reader.
Your favorite radio station will be soon playing non-stop Gwen Stefani’s next single, Rich Girl. You may know the song If I Were A Rich Man, from the musical Fiddler On The Roof. But you may not know the French adaptation, by Big Boss & Winsome, with ragga beats and two girls rapping and singing together… oh! but what does this mean ?
Yes, Dr. Dre, who made himself famous a couple of years ago for uncrediting the sample he used on Truth Hurt’s hit Addictive from a Bollywood song, oops… did it again. He stole the idea of turning this ol’ musical tune into a girlie rap with lots of ragga beats inside. Bad boy.
He, and the major companies behind Gwen Stefani’s album, must have made sure that they wouldn’t get any trouble from this, but, still, it sounds too much the same to be completely honest. At least, they should acknowledge that the idea is not theirs, but they won’t: no American music reviewer will ever mention the French hit and credit someone else for the musical-into-ragga twist. Am I being unfair?
Because, for Interscope, this would mean that they acknowledge also Gwen Stefani’s imitation of Britney imitating Martika on The Real Thing (Wendy and Lisa Slow Jam mix), Gwen Stefani’s caricature of Christina Aguilera on Hollaback Girl. They sould acknowledge Prince’s Erotic City gimmick quotation in Harajuku Girls, and Aqua’s Barbie Girl gimmick quotation in Serious. They should acknowledge that they hired Nellee Hooper asking him to sound like William Orbit sounding like Depeche Mode sounding like U2, and Andre 3000 asking him to re-write Kelis’ Milionnaire, which didn’t sell as a single, and turn into a best seller for Gwen Stefani. Bla, bla, bla, that’s Love, Angel, Music, Baby
The funniest is that this complete lack of inspiration is clearly shown in the full length version of What You Waiting For? video. The short movie is actually funny : Gwen Stefani wants an appointment at the Uninspired bandleaders going solo hospital… Check it out here (Quicktime).
The thing that really bothers me is that she appears to be the only one to blame for being such a copycat. Forgive her, she’s directed by Francis Lawrence, the guy who films women the way he films Big Macsⓒ.

Big Boss & Winsome – Ah si j’étais riche

Propaganda Blues

CovermardigrasbbLe roulement de tambour roule encore, comme une locomotive qui s’emballe dans la nuit électorale américaine. Un grand frisson parcourt le globe depuis 24 heures… Soulagement dans 4 ans?
Révision : Je suis dans un état proche de l’Ohio. Merci, Serge.
La guerre au terrorisme, à la terreur, transpire jusque dans les nouvelles recherches graphiques. La mode est un éternel recommencement, dit-on parfois, un grand recyclage. Donc, après la vogue des imprimés « camouflage », la thématique esthétique de cette fin 2004 est résolument années 30-40. Au menu, un « pathé » de propagande soviétique, d’actualités filmées. « Le ministère de l’information vous parle »… Dans le genre best of, ce très beau petit bijou filmé illustre parfaitement le revival, parallèle avec le nazisme inclus (voir photogrammes ci-dessous)…
Même la musique joyeuse tremble dans ses platform boots. Par exemple, la fanfare teutonne Mardi Gras.bb qui a bâti son répertoire sur des reprises funky et un style urbain. Roots clash, ces allemands ont du sang noir. Cliquez ici pour des petites vidéos en live, trop sympa !
Pour 29moonglow, oubliés les Kung Fu Fighting, les remixes hip hop, l’invitation au roi fusion Eumir Deodato… Le nouvel album proclame en sur-titre Reason in revolt now thunders. Bigre… La protestation, l’inquiétude, tous les arguments sont bons pour que désormais les musiciens les plus chauds ne transforment leur répertoire en crachoir de blues. Le brass band d’Hazelwood Vinyl Plastics ne fait pas exception à la règle, comme on peut l’entendre dans le choix du jour. Valley of Tears, le titre parle de lui-même. On se croirait galérien dans la cale du Titanic, à faire tourner les dynamos pour que les grands de ce monde aient la clim’ sur le pont supérieur. Sauf qu’on ne sait pas si on va couler tout de suite ou bien continuer à pédaler comme ça pendant longtemps…
Autre exemple : U2 et son nouvel album How to Dismantle an Atomic Bomb… Comme quoi, les majors savent aussi traduire l’air du temps, quand elles ont les artistes qui vont bien.

Post-modernism is not neo-something enough. Imperialism is the new thing and plain modernism is the solution : there are always new territories to conquer. If no territories, minds at least.
Economically, we already knew that. Graphically, since the camouflage trend in fashion, it was bound to happen. Artistically, it is justified by the issue of 2004 : war on terror. Here, you will find a spectacular short movie, beautiful demonstration against George W Bush and his fellows (screencaps below).
Shall we have to wait 4 more years before relief?
On music also, terrorism has its collateral damages. Even the juiciest bands turn into echo chambers for the contemporary blue mood. Reason in revolt now thunders, they say. Taken from Mardi Gras.bb‘s new album, 29moonglow, Valley of Tears depincts this dark atmosphere, as if we were all in the Titanic, not knowing where we’re heading, nor when is the crash going to happen.
Post-modern lifestyle is building my own private ghetto.
Meanwhile, U2 will have taught us How to Dismantle an Atomic Bomb. Lucky guys.

Mardi Gras.bb – Valley of Tears