Fusión

Et sinon, je t'ai dit que j'avais repris la clope ? Tandis que Dalida n’en finit plus de mourir sur scène dans ma télévision éteinte, je reprends le fil de Playpause, quelque peu interrompu la semaine dernière par manque de temps… et voilà que l’inspiration m’abandonne… Après avoir su écrire sur commande à propos de David Charvet, Kamel Ouali, Ilona, Clémence et Jean-Baptiste Maunier, je me sens en fait tout démuni à essayer d’écrire un truc un peu plus sérieux sur de la musique que j’aime.
Il est pourtant tout trouvé, mon thème : de la fusion en musique, ou comment la démultiplication des influences, quand on fait appel aux bonnes références, tend à faire monter le niveau.
Un peu comme pour la constitution : l’union fait la force, surtout quand tu t’allies avec des pas trop nazes. Cercle vertueux, émulation, prospérité… Bref.

Bien avant que Britney Spears ne pimente sa musique d’envolées de violons bollywoodiens dans le bien nommé Toxic, surfant sur la vogue de ces bandes bien plus originales que les trop sages philharmonies qui illustrent en général les films américains, le guitariste de flamenco Pepe Habichuela s’est acoquiné avec la star de la world music Nitin Sawhney. De fil en aiguille (collaboration sur un titre, invitations sur scène…), Pepe Habichuela, réputé en Espagne pour son ouverture sur des horizons musicaux plus larges que la déjà foisonnante musique arabo-andalouse, a rencontré Chandru, le boss du Bollywood Strings. Les deux hommes ont enregistré l’album Yerbagüena dont est extraite la séguidille En el Grec en écoute ici… mais pas l’ombre d’une corde de violon sur ce morceau. Une voix, une guitare, des tablas : on dirait que ces instruments ont toujours fonctionné ensemble. Histoire de rappeler que le flamenco est né au XIXe siècle, du folklore andalou et inspiré par les gitans, ce peuple nomade dont les racines ancestrales remontent en Inde, justement.
Comme quoi, quand tu crois qu’une tradition est ancrée dans une terre depuis des siècles, en fait, ce sont des immigrés qui te l’ont apportée. Et toc.

Sorry for past week’s interruption, been busy. Postponed interviews drove me mad and I had to postpone my personal plans and appointments with Bree Van De Kamp.
Back with Pepe Habichuela, classic flamenco guitar player: this living legend has proved to be quite a trendsetter by recording a bollywood-inspired album in 2001. Then, musical fashion was all about latin music (Shakira became a worldwide superstar that year, selling 13 millions copies of Laundry Service) but Pepe Habichuela felt that the next trend was coming from the East. He had met Nitin Sawhney, who introduced him to Chandru, Bollywood Strings leader. From this encounter came Yerbagüena, a mix of flamenco and bollywood harmonies.
On En el Grec, the Bollywood Strings are absent: this track was recorded live in Barcelona with Pepe the guitarist, a singer and a tablas player. This association proves history: flamenco was invented in Andalusia, under gipsy influence. And Gipsies (or Roma people) originally come from India. This may explain why the whole thing sounds so complete and deep.
Following Habichuela’s experience, Nitin Sawhney’s new album, Philtre, features Ojos de Brujo. This band performs a very contemporary form of flamenco, mixed with hip hop and urban gimmicks. Lend it an ear.
And keep in mind that the guy on the other side of the border, even on the other side of the planet, has something to do with you. It’s up to you to make it good.

(image taken from Postergroup.com)

Pepe Habichuela – En el Grec