On les mettra jamais tes putains de lunettes spéciales

🤗 BIENVENUE EN 2️⃣1️⃣2️⃣2️⃣

Ca te fait pas ça, à toi, cette sensation de décalage, cette vision de science-fiction, quand tu regardes une scène avec plein de gens qui s’embrassent, qui se frottent les unes et les uns aux autres dans un élan sans barrière, un mariage pré-2020, un but, un festival, une manif contre les fachos, une gay pride des grandes années ?

Ou au contraire, ce pincement désabusé devant une dystopie d’il y a 10 ou 20 ans, quand tu te rends compte que le pire décrit à l’époque n’est qu’une cybereffluve dans ton quotidien, un like, la tendance du jour, le KPI sur une Google slide ?

A quel moment a-t-on basculé dans l’hyper-après ?
Hum.
Le corona nous servira au moins de marqueur…  Ou la guerre, on ne sait pas.

Qui aura envie de se souvenir de cette année passée autrement que comme un long purgatoire avant… avant quoi, d’ailleurs ? La purge ?

Je n’ai eu ni l’envie ni le temps ni le besoin ni rien de faire de 2021. Pas vraiment de best of, pas non plus un bilan, comme un entre-deux. Rassure-toi : l’espoir n’est jamais perdu car les petits ruisseaux font les grandes rivières, comme le chantait la grande Jeanne…

🤮 SOCIAL OVERLOAD

2021 will be remembered as the year when content started to override. Internet 2.0 reached its tipping peak, faster than the environment, thanks to the physical presence of devices and their overbearing impact in everyone's everyday life. I'm unable to quote up-to-date data on human recordable production in history but it sure as hell hit it high in times of truck blockades and anti-science fueled coronacrisis.

 💿 CD COLLECTION

En 2021, j’ai (enfin) récupéré mes CD, après des décennies d’errance. Deux-trois mille galettes absolument pas classées dont je n’arrive à écouter superficiellement que les premiers tiroirs. Un peu comme quand je trainais au Virgin Megastore des Champs le dimanche après-midi au rayon des maxis au début des années 90, là où tout a commencé.

La satisfaction bassement matérielle de disposer de tant de musique me conviendrait-elle davantage que les possibilités infinies que Deezer et ses finalement rares surprises ?

La tête des gamins d’aujourd’hui : c’est possible d’avoir autant de CD ? A quoi ça peut bien servir ?

Je repense à ma fascination devant des discothèques de vinyles quand j’étais enfant, cette aspiration tripale, l’appel de la musique, du produit de tant d’expressions artistiques et d’individualités.

Comme celle devant toute -thèque : que ce soit dans la modestie d’une petite étagère pas forcément rangée, aux murs de la pièce dédiée qu’elle habille, minutieusement ou malicieusement ordonnée, sur le compte d’un abonné à un service de streaming ou dans les interstices mémoriaux et les ordonnancements empiriques de son/sa propriétaire, une collection reste le spicilège d’un goût, d’une sensibilité et au fond d’une âme.

[EDIT] Je viens de découvrir le scanner dans l’app Discogs, c’est parti…

Un univers. Un de mes multivers.

 

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🤑 METAxNFTx🕍⛩🕌🛕⛪️

Talking about parallel universes, what’s the future like? Are we prisoners of our cognitive disonance or have the possibilities multiplied? Seems like… WAIT! We have something for you: it’s called METAxNFTxVERSE. We’ll haul you a remixed, avatared, blockchained, pixellated online experience of whatever you think you like and you’ll worship us for it.

Boba Fett will never die.
Neither will Tokyo, nor your favourite K-Pop suicide idol.

You’ll live their lives and deaths over and over, as much as you want.

Mr Big will be back in the spin-off prequel limited mini-series that might extend to a franchise when we know how to sell episodes made of whatever-comes-after-gifs to a qualifiied macho audience without alienating non-Chris-North identifying viewers.

Brands will be everywhere. Click the affiliated link for a discount.

There will always be a better version of yourself that we are able to sell to you. Subscribe here, it’s free!

🤳 ROSADEILISHÈLE

Elle a effacé son profil, elle est partie, elle est revenue. Elle aussi : là, sur Netflix, plus là, re-là, sur Disney+. Mieux, plus belle, plus ceci, plus cela, plus t’as vu, elle a perdu des kilos, classe, elle montre son décolleté, hé oui, elle était pas comme ça avant, dis donc, elle se livre vachement, tiens, elle met des robes, dingue, elle est blonde, ah non, elle est brune maintenant, quand même, ce qu’elle raconte à Oprah, punaise, ça doit pas être facile dans ce monde de prédateurs du dimanche, week-end compris.

Ou malgré elle, prédatrice.

Demandez à Nina Simone, à Madonna, à Elza Soares.
Elle les ont tous niqués #whoruntheworld

🇧🇷 ELZA SOARES, REST IN POWER 💘

She was 91.

She suffered so much. She stood up for so long.

I knew her death would happen, it broke my heart.

Playpause wrote a lot about her. She was my favourite singer of all time ever, period.

What will a world without Elza Soares sound like?
We kind of already know. We survived all the female singers who never got their voice already.

We hear you.

Elza sang for everyone who had to fight. Sometimes for life, sometimes for love. Always sambando. In the end, it’s all the same.

🧟‍♂️ LE ROCK EST MORT

Mine de rien, est-ce qu’on a << parlé >> de musique tant que ça ? Noyée dans ce dégueulis de contenus, elle accompagne la culture dans la débandade collective qui annule tout. Les vieux de la vieille annulent Spotify, Bono auto-annule U2, Charlie Watts annule sa tournée avec les Stones…

Essaie de parler de Prince à un Millenial, ça te donnera une idée de ce que veut dire chépacéki. D’ailleurs, son ixième album posthume était super super naze et il n’y a tellement plus rien à se mettre sous la dent que toute la presse a trouvé ça génial…

On ne peut pas se réjouir du fait que ce genre musical, au sens large, ne représente plus qu’une part ridicule de la conversation, hormis les Beatles grâce au Big Mac Get Back remont-r-é façon Godzilla (trop flashy, trop gras, trop gros), Muse (get back to the 1990s et restez-y) et Coldplay (get back to le néant et avec BTS steuplé)… Manque plus qu’une tournée de Bashung en hologramme et on sera au taquet.

Heureusement, le rock a beau atteindre sa date de péremption en même temps que les boomers qui l’ont vécu,  incarné et écouté, les voies ouvertes sont désormais des boulevards. Jusqu’à preuve du contraire, et à l’inverse des droits humains, toute conquête musicale est acquise. Il y aura toujours une rockeuse pour faire un truc qu’on n’attend pas d’elle, une emmerdeuse, une sorcière.

Tiens, remember la miction de Sophia Unista sur un fan pendant un concert : quelques gouttes urinées dans le vase de ceux qui disent qu’on ne peut plus rien faire.

Autrement plus classe, Patti Smith, en concert au Grand Rex peu après je-ne-sais-plus-quel redéreconfinement. 75 piges, mazette. Et elle finit en cassant sa guitare au bout deux heures d’un set impeccable.

Not dead en fait. De toute façon, on serait allé pisser sur sa tombe, au truc, never mind the bollocks.

C’est ce qu’ont fait Zahara et C. Tangana en 2021. Que suerte, le folklore global du monde hispanique prend la relève et génère des sons un tant soit peu analogiques dans l’océan des beatmakers tout en faisant basculer l’axe de London-New York à Madrid-Miami. Ils ont toujours envie de baiser, de danser et de faire chier pas mal de gens, sauf que maintenant ils chantent aussi le dérèglement climatique, le harcèlement et les haters.

De son côté franco-mondial, Stromae est revenu en mode combo schlager tropical, activant encore plus de boutons sur la manette pour exploser le boss de ce niveau caché de la pop que Madonna, Mirwais et Maluma (mine de rien) ont débloqué en  2019. Qui l’eût cru ?

🏴‍☠️ #unpopularopinion #DiscoIsDead

Disco revival helped us through the first waves of the pandemic, as a nostalgic way of coping with the loss of the parties that weren’t. Distanced – in time – yet common, fashionable and marketable as fuck thanks to the all the imagery, sexy but prude on the WAP scale, full of transgenerational references…

Disco isn’t the first crossover of (proto) queer voices, shouts and body expressions in the entertainment industry and then the mainstream. Yet its presence is simultaneously obvious and dated (more than gospel, blues or reggae), of course always pleasurable, hence its never-dying success.

Every other variety singer added a violin-overpowered hi-nrg spin to their songwriting and made a hit or an album out of it.

The best, glorious homage to a disco party will be Clara Luciani’s Respire encore, at Les Victoires de la Musique… Great take on this era. Disco ain’t dying cause it’s breathing again.

(Waiting for good remixes 🥳🌈🙏)

👻 Musica disco non taedes

Ils ont bien essayé de tuer la disco, le disco, you name it, à force de sampler et de citer tout ce qui ramène à une piste de danse sur un élan corporel, une basse grattée avec les ongles et des violons qui violonnent, steuplé on n’en peut plus du beat sensoriellement bien qu’artificiellement parfait des mèmes TikTok, même à partir de tubes de boomer.

Tellement à rebours, ABBA est revenu comme un posse de fantômes, au son des voix aigrelettes de ces mamies déprimantes. Sérieux, une fois la hype passée, qui a vraiment trouvé ça, sauf mon respect éternel… mémorable ?

A l’heure tardive où j’écris ces lignes passe So In Love de Jill Scott avec Anthony Hamilton : que peut-on faire de plus 2011 que ça ? Pas si vieux, tellement une autre époque, et pourtant vas-y ça te fait décaler l’épaule, cligner le pied, voir un rayon de soleil là où la lampe de ton salon shine dégun… Il y a ce truc qu’on n’entend pas ailleurs et qui touche ce point particulier de l’aire tegmentale ventrale, aka le plaize.

C’est disco jusqu’à ce qu’iel meure.

🔁 BACK TO TODAY

From the Abba requiem and disco samples to series remixing the Spice TLC Girls, via Aretha and Billie Holiday Oscar-Grammy worthy impersonations… Is it me or does this era keep on rehashing?

New step, H.E.R. makes an expected nod to vaporwave on her first album Back Of My Mind.

This viralcyberdigitalisticalidocious invention from a couple of years ago (or more…), it seems that the next generation has found a way to play around it in the twentytwenties sandbox.

Being a blogger for almost 20 years, a reader for about 40, makes me understand that every new media eats and digests past cultural stems, aka memes. Back then, we were sharing unheard gems. Today, kids seem to be repeating this, save they’re dancing to them and they don’t even notice it’s the same song over and over, or is it?

The Internet redefined the concept of history: what is online is present forever, what isn’t has neither past nor future.

🎤 THIS IS THE VOICE

Trois voix m’ont ensorcelé en 2021 : Celeste, avec son album rétro et pourtant désarmant de fraîcheur, et l’autrement céleste Yebba. Mas o menos dans le même rayon et pourtant incomparables l’une à l’autre, deux bébés divas qui déroulent tout ce qu’elles peuvent dans ce monde saturé de chanteureuses de stade.

L’une et son grain qui fait le pont entre Rose Murphy et Amy Winehouse (tiens, deux drôles de filles que tout le monde adore maintenant qu’elles sont mortes), l’autre, virtuose sur des instrus aux échos également vintage, signés Mark Ronson et Kaytranada si tu veux du coucougnette-dropping. (Je raccourcis, elle compose aussi.)

Troisième voix (c’est pour voir si tu suis) : Akiko Yano, pas du tout une perdrix de l’année.

Tucépacéki ? Si je te dis que c’est l’ex-femme de l’adoré Ryuichi Sakamoto et qu’elle a été reprise par Pizzicato Five, tu te dis forcément ah oui, en même temps ça la réduit à un statut réducteur de zouze dans l’über-patriarcat nippon, malgré une discographie qui frise les 30 albums, complètement barrée et ahurissante et des collabs … Fais-toi ton idée sur Youtube, ya quasiment rien sur les plateformes de streaming.

Faut toujours avoir sur soi une Japonaise qui groove un peu VNR, toujours.

🇫🇷 Bonus track : Marianne, etc.

Puisque mes dernières compiles se terminent sur un live depuis #disconfinement, quand on ne pouvait écouter que de la musique enregistrée (tant qu’on n’en fait pas soi-même), finissons (presque) avec deux grands de la chanson, faut-il le préciser, de la culture française.

Pour faire chier les rageux, j’ai repensé à ces deux-trois-douze-mille bustes de Marianne un peu ou beaucoup la tête couverte d’un bonnet phrygien, ce symbole de liberté… Comme quoi.

💩 Bonus Track : Number two

La politique dans la musique se glisse aux endroits les plus improbables, loin des gros, impérieux et nécessaires, besoins d’Orelsan. Comme ce peu de moi qui m’a fait dessus inopinément, en Bluetooth, lors d’un transit aéroportuaire, pendant que je scrollais le tapis roulant des bagages et un fil de news apocalyptique suite au rapport du GIEC – Summer ’21 collection – et à la capilotade afghane.

Une chanson scato, ça nous change des asmrismes arianabrunesques sur l’éther féminin. Avec son message si humble et intime, GiedRé a rendu ce moment d’attente absolument gai, hilarant et inoubliable.

Et puis, c’est devenu un hymne que je chante secrètement aux horribles personnages, dealers de haine et de bêtise, pendant mes commissions.

🇺🇦 Bonus track 3 : Sofia Rotaru – Ночь

The first draft of this post goes back to two weeks ago, as old bloggers do, so the overall relevance of everything you read or heard might seem and sound very, very out of touch.

So let’s just play some Ukrainian disco and dance this long night away.

SEASON₴ELECT 2122

Deezer version

[vrai EDIT, 2 avril 2022] Youtube version

« Le XXIe siècle sera moyenâgeux ou ne sera pas. »

(André Malraux)

(cover design by Playpause, inspired by Elza Soares’ Somos Todos Iguais)

 

2020 : ‘Peut-être qu’avec du temps, ça partira’

😷 Meilleur symptôme de 2020 : Dua Lipa

La chanson qui résume ce que quiconque a traversé en 2020 : ‘je crois que j’ai de la fièvre’.

Deux pop singers au top de leur game, à l’audience protéiforme sauce 2021.

Angèle : from Instagram videos to NRJ Music Awards real quick.

Mère : Laurence Bibot, splendide et inclassable personnalité comme seule la Belgique sait en produire. Hasard de l’histoire ou recommandation d’algorithme, cette actrice peu connue en France va jouer en 2021 dans une comédie qui lui va comme un gant, bien bourge bien Michèle Laroque (sortie prévue on sait pas quand, vive le cinéma)… Bref, tout le potentiel d’un filon SEO pour les sites people en 2021.

Père : Marka, chanteur que j’ai découvert il y a bien longtemps pendant mon service militaire dans les années 90 (oui, je peux écrire ça), à Bruxelles, et qui a fait des trucs que j’adore, cf. #disconfinement (plus bas).

Frère : Roméo Elvis, prodige aux ailes brisées, accablé sous les accusations comme un glitch radioactif dans la matrice de cette famille talentueuse, prise à partie dans un débat et un moment qui la dépasse.

Comme un médicament, moi je suis rien sans toi’, chante Angèle.

Le drame de tous ces gens à l’isolement autour du monde : crever de soif devant leur écran ou sous leur casque en entendant des soupirs enregistrés dans un micro qui compresse tout à burnes. ASMR is here to stay. Un cran encore au-dessus, sur un crescendo qui n’attend que d’être entendu en Dolby Atmos, Billie Eilish a proclamé que c’était pas le moment de mourir 💀

Leurs respirations de plus en plus robotiques explosent en un refrain orgasmique et tout ceci se termine en boucle rythmique qui redémarre au début du morceau, comme tout tube tiktokable et instagrammable.

A qui s’adresse Dua ? She her he him i.el they them the coronavirus, on sait pas et on en revient aux Beatles qui avaient tout compris sans le savoir :  elle parle à ‘you’ et mène le jeu dès le début. Elle ordonne à sa target de la toucher (mais tu as perdu la tête, Dudule ! As-tu une attestation ?), la voix à la fois abandonnée et déterminée.

2020 nous aura donné envie d’écouter de forts organes, vivaces de surcroît. A mille lieues des robots K-pop et des rouleaux compresseurs US formatés et blasés de chanter la même chose à chaque fois, Dua Lipa a imposé un personnage d’idol fraîche et mature, présente parce qu’elle a su l’être habilement, mais pas omniprésente comme son succès aurait dû la rendre. Elle n’a pas fait un stream sur Twitch enchaîné avec Jimmy Fallon et Quotidien dans la même journée, n’a pas été un mème suite à un nipslip au Met Gala ou tout événement digne de TT à la durée de vie proche de l’éphémère, n’a pas hacké le moindre happening global (RIP Tokyo 2020), ne s’est pas tapé 35 festivals où plus rien ne ressemble à rien à la fin. A posteriori, les popstars devraient regretter le repos imposé par 2020.

Outre Fever, l’album de Dua Lipa résonne avec cette fête impossible mais physiquement inéluctable. Une commotion électronique, issue du métissage global et plus particulièrement européen, d’une Londres post-George Michael et dissoute dans le Brexit. So long, dear fellows.

We will meet again.

En conclusion, tout ce qu’il reste des Tiny Desk concerts, format innovant s’il en est en matière de musique sur le web depuis plus de 10 ans, c’est ce bureau virtuel qui n’a plus rien à voir avec rien. A l’origine, c’étaient des récitals enregistrés à l’arrache dans un coin de rédaction et voilà-t-y pas que ça sa finit sur le plateau 37 dans un décor banalement déconstruit, où le concept d’open space est à peine évoqué par des étagères IKEA respectant les règles de distanciation et éclairées par 50 nuances de LED pastel qui nous feront saigner les yeux dans 3 ans.

Les concerts post-pandémie ont fait ce qu’ils ont pu pour ne pas ressembler à des réunions Zoom… et au bout du compte, on a surtout vu des people friqués dans des lieux immenses, ou vides, ou sur IG dans la cuisine, sauf Damien Robitaille, qui a pensé à se filmer devant un rideau moche, mais rideau quand même.

Hashtag 2020.

💃 Best music trend: Disco

 

In the beginning, I thought Dua Lipa would be an entry in the corona-disco trend, but she didn’t fit right in: despite the hits and the vibe, her whole story goes somewhere else after the initial leak of her album and the marketing success they pulled out of it (looking at you Lady Boringaga) climaxing with the club remix album (another leak, orchestrated by la Madonna herself ’cause, sure, why not? it’s 2020) and the most palpable live event of We Are The World co-vid edition, Studio 2054. Dua is the ultimate poptimist dance machine for years to come and already a disco queen among others but…

Disco is not only about strings and four-on-the-floor beats. It’s a spirit, a vibe, maybe a way of life, a utopia.

This year, I have wondered so many times about the coming of this hopeful energy in real life, at a party, at a concert venue, during a festival, I’ll never know.
I’ll never find myself dancing embarrassingly at le bal du 14 juillet 2020. I’ll never hear a friend talk about that DJ set they heard last night and wanted to go with. I’ll never sillily lip-sync on a silly song at this barbecue gathering (whose birthday is it again?). I’ll never hear the song that changes my life and makes me want to dance like the world is ending.

2020 took it away.

Yet, disco happens when your inner rainbow parties you to through the storm.

So, 2020 gave it back.

2020 has proved we needed it, from Kaytranada’s 10% crowded and glittery Soul Train contest to Róisín Murphy’s Law and Kylie’s… well, Disco killer album. Dancefloor Darling sounds like everything Kylie pushed further with P-funk, Where Does The DJ Go asks the question nobody ever answered with an instant classic that doesn’t speculate but on the partygoer’s point of view (going to bed with the disc jockey wasn’t an option, since nobody could). Gloria Gaynor, Donna Summer, Chic  and ABBA were summoned for the better. Even Fine Wine feels like from another galaxy: in 2020, celebrities don’t need brand partnerships anymore, they just sing about their own merchandise.

Even when the outcome is 100% electronic like this italo-pixellated mess, disco always brings the music to a very organic and somatic feeling.

Jessie Ware is obviously my favourite in the end, after being on my radar through the years : Running of course, the soulful Glasshouse album, and Midnight Caller, from Tough Love, is my safe space song. Thank you for springing Spotlight when springtime should have sprung, with this sensual ride on the Orient-Express featuring lazy dance moves and a sweaty, undistanced wedding fanfare outro.

What’s Your Pleasure? (what a title!) is the best in the category this year because it not only revives disco’s groove, hedonism and camp from the 70s and 80s but also its 1990s offsprings, from Nuyorican Soul‘s wonderful post-Salsoul album, to Les Rythmes Digitales’ Darkdancer (Playpause coming full circle here) and echoes of William Orbit’s Strange Cargo escapism. Indie-dance music masters Joseph Mount, James Ford and Morgan Geist bring the millennial polish to this new party gospel.

Given that the party mostly happens laying on the couch on Saturday and every other night, this album thankfully never makes you feel bad about the fact that you didn’t dance that much to it. The last track doesn’t keep you wanting more, but with the incandescent feeling of fulfillment, as when you leave the club at the perfect moment before you’re too tired, in high spirits and comfortable enough in your shoes to walk home and maybe grab a bite on the way. No other disco record did that to me in 2020.

🕺 Meilleure soirée : #Disconfinement

Cf. ci-dessus.

J’ai lancé le hashtag #disconfinement en 2020 et je l’ai alimenté certains samedis soirs depuis mon canapé. Toutes les playlists sont sur ma chaîne YouTube.

🍌 Best newcomer, but where?: Bonnie Banane

Bonnie Banane should have been one of those acts that everyone talks about in 2020, whose showcase I would have probably missed before enjoying half a set at a festival. We’ll have to wait until we meet.

Check Bonnie Banane’s album Sexy Planet. When I first heard her, I thought it was Kali Uchis but she sounded français, and then the album came out and it felt like Erykah Badu, Diplo and Yelle had a threesome.

But no orgy was supposed to happen in 2020 so, what the fuck?

❌ Meilleur dernier concert : Madonna

Ben ouais, encore elle.

Dans mon histoire personnelle, Madonna restera la dernière artiste que j’aurai vue chanter une dizaine de jours avant le Grand Après.

Miskine, elle avait la hanche ou le genou pété (je sais plus) et ce connard de virus (on l’a su après). Bref, elle n’était pas au top de la forme même si elle a donné tout ce qu’elle pouvait ce soir-là. Si mon calcul est bon, c’est ce mercredi 4 mars qu’elle a joué la dernière version la plus complète de son Madame X tour. Un show à la fois plutôt modeste pour Madonna, impeccable du point du vue scénographique, mais aussi méga kiffant for me : au rang K du Grand Rex, mon premier concert dans cette salle, le strapontin le plus cher de ma life acheté 1 semaine avant alors que tournée méga-complète et annulations en cascade.

La ferveur du public pendant la première partie jouée par ce trio jazz post-world music, mi-karaoké mi-portugais, l’entrée tonitruante sur God Control, I Don’t Search I Find, la pertinence d’American Life à cette date-là, la procession de ses choristes à deux centimètres de moi pendant l’intro de Batuka, la splendeur du tableau lisboète, le chit-chat tout foireux avec Christ-ineadthequeens, 2020, ça enchaîne bien. (GLOUPS).

Pour plein de raisons, les morceaux les plus dépouillés de l’album à sa sortie en 2019 m’ont énormément touché. A l’heure où j’écris ces lignes, je ne sais pas ce qui me procurera à l’avenir les mêmes émotions que d’avoir entendu ces chansons en live.

Par ailleurs, ma première interaction, au bar, avec un con de Parisien qui alpaguait un mec masqué venu du Liban et qui ne demandait rien à personne…

Il a un masque, pourquoi tu le fais chier ?

🎧 Best real-life soundtrack composer: Ludwig Göransson

How can anyone think of 2020 without Grogu in mind?

The Mandalorian season 2 finale soundtrack is among the most glorious of the year, and one of Star Wars‘ finest.

Maybe you wandered through your post-apocalyptic neighbourhood after the umpteenth wave, listening to Tenet‘s unsettling and yet so earthly drum patterns, when music underlines perfectly what you never wanted to feel. The official inverted version of the OST deserves a listen also.

I recommend you try it if you’re chez Paris. This decaying atmosphere becomes old cities.

🤩 Meilleure allégorie des portes de la perception : Vendelune

Soul est un des meilleurs films de l’année.

Je te refais le pitch façon #unpopularopinion : le premier personnage principal masculin noir d’un film d’animation Disney est musicien au début du film. A partir du moment où il meurt, Joe est bleu-vert ou chat. [SPOILER ALERT] A la fin, il accomplit son destin en choisissant de ne pas retourner sur Terre. [/SPOILER ALERT]

Qu’en pense l’année de Black Lives Matter ? Tu as moins de 24 heures pour en débattre, large !

Je répète : Soul est un des meilleurs films de l’année.

Les passages évoquant l’état de grâce provoqué par la musique sont absolument stupéfiants. Ce film offre une vision magnifique de ce lieu où nous allons tous lorsque je divague, lorsque je suis Vendelune…

🆗 Best of what was and will never be again: 1989

Obviously, like everybody else, I have played to a couple of social games this year. Took part in the ‘Post four albums that came out when you were fourteen‘ challenge, and realized that so many music acts made an indelible impression on me. Beyond the ones that I posted (Prince / Neneh Cherry / Mano Negra / Madonna), Martika’s first intervention was probably the one I listened to the most that year and totally lost in the process #crossmyheart (before she made anything memorable, thanks to Prince), Lenny Kravitz’s Let Love Rule is one oldie that I enjoy going back to (damn he could pull out wicked harmonies), and Janet Jackson’s Rhythm Nation 1814 is another I grew to understand afterwards.

On the other side, I’ve always loathed Simply Red, Fine Young Cannibals, and above all Phil Collins.

1989 was also the year Milli Vanilli millivanillied. Those guys were probably lucky enough the hoax didn’t happen during social media times. This thing should probably end up as a Netflix series before 2026 though.

If there’s a single track to pick when you gonna call 1989, remember this Dana Dawson gem, it’s pure vaporwave/nostalgia material. I played the crap out of that NRJ Summer Winter whatever season Hits cassette I owned: it was the handiest way for me it hear it again and again.

🇦🇷 Le Playpause d’honneur 2020 : Luis Alberto Spinetta

Faut s’accrocher un peu pour binger Rompan Todo, le docu-série de Netflix sur l’histoire du rock latino-américain, quand on n’a pas toutes les clefs pour remettre les 76493 intervenants, même en voyant les grandes lignes et en connaissant les figures incontournables. Imaginez une rétrospective sur 50-60 ans featuring les Polnareff, les Jean-Louis Aubert, les Arno, les Bashung et les Christophe à l’échelle de l’Amérique latine. Il y a aussi un sosie d’Edouard Philippe botoxé, avec la barbe teinte en noir, qui parle très sérieusement de MTV, à ne pas confondre avec Charly Garcia et sa moustache bicolore.

Je trouve toujours hyper drôle de regarder ce genre de reportage, ne sachant jamais à quel niveau placer la crédibilité de tel ou tel mec au palmarès stratosphérique mais dont je n’ai jamais entendu aucun son : sur l’échelle de Bernard Lavilliers, ce type avec la gueule de Philippe Risoli qui aurait percé dans le ska-punk, est-ce que c’est plutôt le Gérard Manset ou le Calogero de son pays ?

Le mot ‘machisme‘ est prononcé au début et puis c’est à peu près tout jusqu’à ce supercut à la fin qui compile tous les plans de meufs qu’ils ont réussi à trouver, sur fond d’hymne à la sororité. Le dernier épisode tente une réconciliation œcuménique, plombée par l’unanimité hétéro (évidemment, zéro lesbienne à l’horizon) à peine capable d’une unique mention à une expression sexuelle ou de genre différente via l’androgynie du leader d’Illya Kuryaki and the Valderramas (qui n’est autre que le fils de Spinetta, les chiens ne font pas des chats).

En 2020, on aura au moins vu exploser l’imagerie du mâle sud–américain réinventée par Maluma façon chaton mignon (swipe right aussi pour Mahmood, abyme méditerranéen qui rendrait chèvre le plus puriste des latinistes) ou par des mecs plus sucios comme Bad Bunny…

A la fin, tout ceci donne un peu l’impression d’avoir passé 5 heures à écouter des mecs se dire les uns aux autres qu’ils se trouvent formidables, surtout ceux qui sont morts. Plusieurs d’entre eux sont manifestement atteints du syndrome des boules de cristal, cuisses ouvertes à 180° sous la bedaine de frontman rangé des bagnoles. Le problème avec le manspreading, comme avec le mansplaining, c’est qu’une fois que tu l’as remarqué, tu ne vois plus que ça.

Autre méga problème, la traduction en VF, faite d’approximations et de contre-sens. ‘Musique progressiste’ pour ‘Música progressiva’, ça raconte totalement autre chose que ce que c’est censé dire. Cet autre effet de la mécanisation toujours plus poussée de l’industrie de la série, moins cocasse que la tasse Starbucks de Daenerys ou le Jeans Guy dans The Mandalorian… La  médiocrité langagière dans laquelle baignent beaucoup de productions internationales est rarement débattue, mais la question, elle est vite répondue : ça vaut pas un cachou. Que Bridgerton soit sous-titré avec les pieds, peu me chaut mais c’est vraiment problématique dans le cadre d’un documentaire.

Reste une playlist impressionnante, les fulgurances de Gustavo Cerati (faudra que j’écrive un jour sur ce phénomène), des kilotonnes de rock pesado horribles à mes oreilles, des découvertes et redécouvertes.

Ainsi que les apparitions du fantomatique Luis Alberto Spinetta. Poète rockeur archidoué, proto-Kurt Cobain avec la gueule de Julien Clerc, quelque part entre Syd Barrett, Caetano Veloso et Daniel Darc, auteur de chansons hyper douces comme de trips expérimentaux bien barrés. Les albums de ses groupes Almendra et Pescado Rabioso sont des trucs vraiment à part que j’aime beaucoup. Et puis, comme quasiment tout le monde, il s’est noyé dans les années 80 et leur cortège de synthés dégueu, de batteries hyper appuyées et de songwriting orienté stade de foot.

Une très grande joie de vivre se dégage de ces personnalités, ces rockeurs boomers sont moins poseurs que leur homologues européens, tout en étant plus subversifs que beaucoup de leur idoles nord-américaines. S’obstiner à faire du rock sous Pinochet restera dans l’histoire comme un geste artistique plus qu’essentiel. Prenons-en de la graine.

💿 Best digital death: iTunes

is dead, right? Shit, it’s been part of my music life since my first iBook. So many nights ripping cds, on a 128kpbs setting, that only exist in that format… or worse.

Hail all the Spotifies in the world and their global library.

Just kidding.

When the Big Shutdown comes, what will happen with Bandcamp? What will happen with the music on hard drives?
Will it still be music?

⚫️ Meilleurs trucs chez soi : les vinyles

Pensez qu’un jour, il y aura une mode, nostalgique et/ou ironique, inspirée par les lockdowns des années 20 : il y a bien déjà eu une avalanche de Pinterest et de Tumblr sur le #cottagecore, ce trip d’un confinement idéalisé option inspirational, fait de moodboards à l’esthétique cul-cul d’une nature très civilisée, entre cyber-Americana et bungalows dans la forêt dont on ne sait si c’est une collection de carte postales vintage, une collab Harry Potter x Laura Ashley ou du concept art pour une fanfic XXX sur Monsieur Meuble 🤮

Confinée dans son intérieur deluxe comme la princesse des poissons dans l’eau, Taylor Swift nous a sorti pas moins de deux albums sur son univers intérieur, enregistrés au coin du feu, en mode confessions chuchotées, dans les pas feutrés de Joni Michell et de Carole King. Il y a certes toujours eu une certaine gravitas dans son écriture… Cela prend une dimension presque politique désormais, c’est le blues d’une chanteuse blanche ultra-privilégiée.

Chiant.

De chez moi, j’ai acheté des disques pour les avoir chez moi. Il doit y avoir un nom pour décrire l’état de nerfs dans lequel te met un Chronopost en 2020.

J’ai commandé plein de vinyles. Sur plein de sites.

J’ai continué de chercher cette ré-édition de Bocanada de Cerati, un de mes albums préférés. Je l’ai trouvée.

Et à la fin, c’est Amazon qui gagne 🥴

Chiant.

💜 Bonus track : 

Parce qu’en 2020, il nous est resté Fleetwood Mac, The Crown et les lives sur YouTube.

#2020_select by Playpause

 

 Bonne année 2021 

Discouraged disco gif by Animated Text

 

Moodboard 2010-2019

🇫🇷 La plus 2019 des années 2010 : Rosalía

Je l’adore. Pas nouvelle cette année, pourtant, la musique et la présence de Rosalía incarnent le renouveau de 2019. Les lyrics en anglais sont dépassées dans la pop, it’s a fact.

Ce qui convient désormais, c’est du catalan comme dans Milionària, du coréen (je suis passé largement à côté du train K-pop) ou la novlangue d’Aya Nakamura. Je ne serais pas surpris que la série inspirée du Seigneur des anneaux, ou tout autre univers de fiction doté d’une langue construite, inventée, ne finisse par donner naissance à des hits. Finalement, un tube, c’est un mème musical : tout est bon à prendre à ce compte et la culture passée à la moulinette du web ouvre de nouvelles possibilités.

En tout cas, il est loin le temps des Beatles « Baby, you can drive my car / Yes, I’m gonna be a star ». Regardez comme Lady Gaga s’est archi-vite ringardisée avec ses onomatopées de nouveau-né WASP épileptique.

De Gangnam Style à Despacito, le Top 50 mondial n’a jamais été aussi polyglotte. Et ce, malgré Taylor Swift, qui est aussi un marqueur de la décennie (DAMN IT).

Chose étrange, cette internationalisation des référents musicaux n’a pas ouvert de nouveaux horizons politiques. On est allé directement du Printemps arabe au Brexit sans passer par la case We Are The World. Pas de protest song 2.0 : non, maintenant, la jeunesse fait des détournements de tutos sur Tik Tok. On retiendra toutefois que la valeureuse MIA s’est exprimée en chanson sur le thème des migrants, U2 aussi entre autres. (La candidature de la France à l’Eurovision, avec Mercy, c’était un gros WTF).  Et on a pu compter au final sur Madonna pour défendre les gays, les Juifs, l’Islam, les femmes violées et d’autres opprimés dans une seule et même chanson.

Même Joan Baez prend sa retraite, alors…

🇬🇧 Dead people

Prince. I remember so well when I learned his passing. Nice evening. I was riding back from work and my phone kept buzzing (I have since disabled most news notifications, the Tens were such a mess about that too), so I checked it at a red light, close to the Opera, and he was declared dead. It took me a few breaths to take it in. Went back to that moment, a couple of days before, when I learned that he’d had a stroke or something: I thought « Oh no, not you, not now ».
Then again, I thought « Oh no, not you, not now ».

Back home, I listened to his music, sipping wine.
Shit.

Think of it, even Lauren Bacall was still (but) alive at the beginning of the decade.
Gil Scott-Heron.
Sylvia Robinson, Etta James, Whitney Houston, Donna Summer.
Donald Byrd, Yusef Lateef.
Gustavo Cerati.
Bowie.
Then, it was George Michael.
Then, it was Jeanne Moreau 💔.
Then, it was Aretha.
And Michel Legrand.

Those years are gone.

🇫🇷 La dance molle et les chanteuses à voix de petite fille

Ça a commencé dès 2010, avec Nightcall de Kavinsky.

Puis, dans la lignée de James Blake (aussi une des révélations de la décennie), mais en plus accessible : Flume, Kygo, Fakear, Petit Biscuit… tous ces nouveaux venus qui se sont vite fait un nom et qui ont fini par tous se ressembler.

En parallèle, Robyn, Nicolas Jaar, Disclosure, Four Tet, Caribou, Metronomy, Maya Jane Coles, Tycho, The Avalanches, Neon Indian, Unknown Mortal Orchestra, Boards of Canada, Nicola Cruz, Pacific Coliseum [qui fait le lien avec la vaporwave, cf. plus bas], Mark Ronson, jusqu’à Helado Negro encore cette année, ont tous apporté leur touche plus ou moins indé / underground à cette vibe. Pour calmer tout le monde et pousser le bouchon, Burial sort une compile 2011-2019, qui résume un peu tout ça. Bref.

Sont venus les hits tendance hyper régressive, des productions pas violentes et enveloppantes, des intonations rassurantes et chuchotantes, des tubes-doudous qui donnent autant envie de twerker qu’une comptine (cf. Abra, plus bas).
Du guilleret Rather Be avec la voix mielleuse de Jess Glyne, à Goodbye de Feder et son gimmick à la mandoline, sans oublier l’immanquable Lean On de l’immanquable Major Lazer, on n’a jamais dansé aussi sagement.

Katy Perry a enterré le game. Déjà, le retour de Daft Punk avait été mou du genou, hein… Un des clous dans le cercueil de cette vogue aura été Feels par le combo Calvin Harris / Katy Perry (encore elle) / Pharrell et Big Sean, une soupe aux featurings réchauffés. Même Clairo s’est perdue, passant d’une pop super lo-fi, aux multiples influences, à un trip plus indus assez laid à l’oreille.

La dance est redevenue plus VNR (trop pour certains), comme récemment avec ce truc chelou et pêchu de Four Tet (ironie de l’histoire, le sample date de 2006), pendant que perdurent encore quelques clichés beauf et big room, hantés par le fantôme d’Avicii, avec du gros son pour festoche où un couillon fait semblant de tourner des boutons devant une foule de kids super high.

La nonchalance est restée, elle a muté : avec la transformation des beats hip hop et r’n’b en trap, la deuxième moitié des années 10 a ouvert la voie à une version urbaine de la dance molle, cette fois mumble-rappée par des gamins de 20 ans avec des couteaux ou des lettrages dégueu tatoués sur le visage.

Ou minaudée par Ariana Grande.

🇬🇧 Music on screen

Musical documentaries were quite a thing. It started with the excellent Searching for Sugarman which made me rediscover Sixto Rodriguez, then there was Twenty Feet from Stardom (that Gimme Shelter moment is unforgettable), and then Netflix arrived with What Happened, Miss Simone?, Quincy and Homecoming.

In 2019, I litterally wept non-stop through Aretha’s Amazing Grace. For 2 hours. I still get goosebumps when I think of it.

Among other musical emotions at the movies, I’ll remember Barbara by Mathieu Amalric, Only Lovers Left Alive by Jim Jarmusch, Inside Llewyn Davis by the Coen brothers, Modern Love in Frances Ha, Xavier Dolan’s Les Amours imaginaires, Tom à la ferme & Mommy soundtracks (still not my thing, Céline Dion sure won the 2010s too), the awesome Doof Warrior, half-guitarist, half-flamethrower, in Mad Max: Fury Road, the 9 minutes 49 seconds progression of Light of the Seven in GOT season 6 finale, Preciso me encontrar by Liniker in Netflix Brasil’s 3%Skyfall opening credits, Harry Nilsson’s Without Her at the end of Victoria (echoed by Harry Nilsson’s Gotta Get Up in Russian Doll), Le Temps de l’amour in Moonrise Kingdom‘s so cute dance scene (mirrored by the Settin’ The Woods on Fire by Hank Williams in The End of The F***ing World), the Italian canzone in Call Me By Your Name and Adam Driver torch singing Being Alive at the end of Marriage Story.

And despite all the hate, I really enjoyed Vinyl, the HBO series, especially the giganormous two hour long pilot directed by Martin Scorsese. I really wish there had been a season 2 in order to dig more into disco and fix what The Get Down missed too.
Inexplicably, both shows were somehow wrong about what disco sounded like in the beginning.

🇫🇷 Beyoncé

Impossible de résumer l’improbable OPA de Queen B sur les années 2010. Elles sont passées très vite, et sans doute il faudra du temps pour digérer ce qu’elle a apporté, dans le maelstrom qui nous a conduit d’Obama à Trump.

Du suave (et mésestimé par moi-même à l’époque) 4 au phénoménal Lemonade, sans oublier la séminale surprise de Beyoncé en 2013, elle s’est imposée comme la star indépassable de l’époque, par ses performances, la prise de contrôle de sa persona à un niveau jamais égalé, sa plastique, son féminisme empowered et finalement son omniprésence.
Cette vedette est ce que l’industrie musicale a fait de mieux pour se racheter d’avoir engendré Michael Jackson.

J’aurais pu choisir un de ses plus gros coups de cette période Drunk In Love, parce que ça me fait toujours penser à Björk et à Ella Fitzgerald en même temps. Le truc, c’est que l’en même temps, c’est devenu compliqué.

Donc, puisqu’il est question ici de Prince et de tous ces RIP, The Beautiful Ones me paraît fort à propos.
(la 2e partie du clip, en revanche, c’est selon…)

🇬🇧 Rihanna

One of the most iconic songs of these years, and a damn good one.

I mean, RiRI crossovered Britney Spears, Shakira, Calvin Harris, Paul McCartney, Drake, fashion and Instagram. And she brought Diamonds (another Top ’10 song) to pop like Greta Thunberg a voice to the planet, like blah blah blah.

(Hey, that’s meta: « iconic » is one the words that has emerged since 2011, check Google Trends.)

🇫🇷 Kanye West

Dérouleur de beats.
Poopy-di scoop.
Génie pour certains.
Scoop-diddy-whoop.
A dansé le Floss avec Jay-Z bien avant Fortnite.
Whoop-di-scoop-di-poop.
Troll bipolaire qui penche vraiment trop à droite.
Poop-di-scoopty.
Mari de Kim Kardashian. (Putain de souvenir des années 10, ça aussi !)
Whoopity-scoop, whoop-poop.
Infréquentable mais respecté.
Poop-diddy, whoop-scoop.

Poop, poop.

🇬🇧 Abra

Among all the fresh faces from the Twenty-Tens, Abra holds a special place. The unexpected childling of Janet Jackson, rougher than AlunaGeorge, less creepy than Billie Eilish, less dool-like than Kali Uchis, fierce, influent and still underground.
Featured on Solange’s and Toro Y Moi’s latest albums, two artists among my loveyou’s of the decennary.

🇫🇷 Gainsbourg


Outre ce nouvel inédit, Lola Rastaquouère écoutée tant de fois et encore redécouverte très récemment dans cette version étirée au possible (le passage à partir de 7’11 » 👍), ce qui me vient en premier, c’est We Love Green, où j’ai vu Charlotte pour la première fois en 2018, parce que cette pelouse, par un intime et intérieur colimaçon, représente aussi d’autres choses dans ma vie.
Sans rentrer dans les détails, la conclusion, c’est que la musique est restée un gilet de sauvetage extrêmement fiable pendant ces 3645 jours. Notamment celle de la famille Ginsburg, ça remonte aux premières imprégnations quand j’étais gamin, et en dépit des tentatives du cher Lulu.

Depuis Gainsbourg, vie héroïque en 2010, de la réédition augmentée de Melody Nelson, à l’excellent Rest, en passant par l’intime journal de Jane B. en 2019, la galaxie Gainsbarre m’aura plus régalé que le hachis parmentier des Skywalker. Real people are real.
(Bon, ok, j’avoue, Baby Yoda, je craque comme tout le monde.)

🇬🇧 Out my mind, just in time

How can anyone live without Erykah Badu? Her power, her voice, her poetry?
I saw her, again, two or three times in the ’10s.

Among others, the artists I saw the most are Janelle Monáe, Björk (putain, j’ai vu Björk au Fuji Rock Festival 2013), Beyoncé, Madonna (can’t forget the intensity of La Marseillaise sung by the whole Bercy arena, a few weeks after the Bataclan attacks), Prince…
and Midnight Magic, my favourite live act of the decade.

Life is a circle: this love-breakup-rebirth song has been a personal staple in f%ing ’10 and in f#ing ’19.

Don’t ask, just listen through it. Again and again.

🇫🇷 Frank Ocean

Ce mec mérite tous les likes (encore un symbole des années 2010-2019) du monde.
Vas-y Franky, t’es bon. Merci pour ta musique, et surtout pour Pyramids à 1’11.

🇬🇧 Vaporwave

Call it future funk, call it nu disco, call it seapunk, call it post-trip hop, call it the next step after DJ re-edits (this subgenre, which originated with reggae and disco, peaked between 2007 and 2012)… Whatever, it’s an all new continent of sonic rehashing and digital reworking, sometimes including Microsoft Windows easter eggs. The spoils of digital native and 80s/90s (soon 2000s) nostalgia subculture. Flourishing, exciting, unhinged, glitched, screwed and chopped. So much fun.

I’m still wondering what the 2010 kids will be covering or sampling in 15 years. Snapchat and Android notifications maybe?

🇫🇷 Du piratage au streaming

On a globalement arrêté d’acquérir de la musique. Sauf en vinyle ou en cassette, mais au fond, c’est avant tout « pour l’objet ».
Et, perso, de temps en temps sur bandcamp.

On ne la vole (allez, presque…) plus non plus, depuis la neutralisation spectaculaire de Kim Dotcom en 2012.

Petit à petit, on est tous devenus abonnés.

A Spotify quand on est dans le camp des gens cools, à Amazon quand on n’est pas regardant sur le marchand, à Apple Music quand on est snob, à Tidal quand on est ultra-snob, à Deezer quand pourquoi pas…
Ou alors utilisateur de Youtube quand on est trop jeune pour avoir une carte bleue, quand on veut accéder au plus grand catalogue (covers pourries, bootlegs et morceaux officiellement reniés par l’artiste inclus), quand on n’a pas envie de payer pour écouter un truc qui est gratuit ailleurs ou qu’on s’en fout de bouffer le même pré-roll plusieurs fois par jour pour écouter en boucle Bim Bam Boum.

Cette évolution est en train de rendre obsolète les concepts d’album et de single. La consommation numérique de la musique a aussi démodé les albums mixés, où les morceaux s’enchaînent, et les interludes au début ou à la fin des chansons.

Des enregistrements studio, il ne reste vraiment plus que des tracks à playlister.

🏳️‍🌈 My chouchou de la década : Álex Anwandter

Depuis que je suis né, c’est toujours vendredi dans mon coeur. Et un jour, j’ai découvert un artiste qui avait écrit une chanson exactement sur ça (le reste des paroles dit un peu autre chose, mais bon, c’est aussi le propre de la pop d’offrir une multitude d’interprétations dont celle qui complait à l’auditeur).

Mais pas que : de Santiago à New York ou Los Angeles, où il vit si je comprends bien, Álex Anwandter compte dans la musique latino-américaine, parce qu’il la secoue un peu en contournant les clichés tropicalistes (ya qu’à entendre ses reprises de Milton Nascimento et de Chico Buarque sur son dernier album, magnifiques et absolument pas solaires comme on aurait pu s’y attendre). Il a même été adoubé par le fils de Gustavo Cerati d’une certaine façon.
Et puis faut voir ses posts en ce moment (c’est totalement la merde au Chili*, fin 2019).
*comme partout dans le monde, aussi, non ? 😳

Beau gosse queer, tendance non-binaire, il offre aussi des cours de musique, il produit des petits jeunes… Sans minimiser, ni banaliser, ni trivilialiser sa démarche, le mec est vachement dans son époque.
Et moi aussi, un peu plus grâce à lui.

Un petit regret, je ne l’ai jamais vu en concert, sans doute pendant les meilleures années de sa carrière. Reste aussi à voir son film, Nunca vas a estar solo.

Bonus tracks

Parce que Peggy Lee.
Parce que Don Draper.
Parce que « If that’s all there is my friends, then let’s keep dancing ».

« Me deixem cantar até o fim » a enchéri ma vieille copine Elza Soares en 2015 sur l’excellent A Mulher do Fim do Mundo.

« Nothing could be harder than the quest for fun
« .
David Bowie –
Baal’s Hymn (1982)

(Cover image by Playpause on Instagram)

2015, un genre de best of

Best everything
Unknown Mortal Orchestra – Multi-Love
I’ve loved this band since their first album. The third one, Multi-Love, is a perfect digest of the 80s and 90s influences that percolated through pop culture this year. They’ve managed to keep their weird demo sound, to add even more groove when you thought they couldn’t and to polish the songwriting into super relevant, THC-induced funk and laid back pop. The American contradictions about « persons of color », polyamory, vintage keyboards and in-your-face neon pink : all of 2015 themes on one record. You gotta love Extreme Wealth and Casual Cruelty and Like Acid Rain.
Built on a great balance between nostalgia (brought by the trumpet on the intro) and our contemporary craving for Wi-Fi and mobile signal, Can’t Keep Checking My Phone* is undisputedly the best song of 2015 with the lyrics « Drink chicha / In the jungle / That sounds great / I’m kinda busy, could you call back again? ». And it came out 6 months before Drake’s Hotline Bling, Adele’s Hello and Erykah Badu’s Caint Use My Phone. HULLO UMO!

* featured on Summer Select 2015

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2012, c’était pas l’année du blues

Best everything:
Frank Ocean – Channel ORANGE

Clever social media build up, smart personal branding, excellent songs. The controversial tumblr post brought mostly good things, and disgrace on a bunch of archaic machos (there are a few left). The rest is all groove and sexyness and melancholy: Frank Ocean often feels like Little Stevie Wonder doing Janet Jackson. R&B at its best.

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Be my best


Best everything:
Metronomy – The English Riviera

Everything is right about this album: the music, the words, the vocals, the album title, the cover, the tracklist order, the videos, the bonuses, the remixes. Very 2011.

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