Ta langue dans mon oreille

Drop It Like It's Hot - Snoop Dogg feat. Pharrell WilliamsCe soir, au lieu d’aller boire des coups dans les bars, écoutez France Culture.
Au programme de l’émission Surpris par la nuit réalisée par mon ami Pierow : H comme… Bernard Heidsieck.
Ce monsieur, héritier du champagne du même nom, est un artiste très étrange, fondateur de la poésie sonore ou poésie action, faite de déclamations, collages, détournements, déviations, altérations sonores… Dès la fin des années 50, il a anticipé le rap, le slam et le sampling. Ce n’est pas de la musique, c’est de la poésie, vraiment, basée sur le texte passé au filtre du magnétophone, sur les techniques d’enregistrement, sur le clash des sens, sur le rythme.
La parallèle du jour, donc, c’est le nouveau single de Snoop, Drop it like it’s hot, également rythmé à la bouche sur une nouvelle bonne idée des Neptunes. Claquer sa langue pour scander une chanson, c’est un truc vieux comme le monde, et dans ce morceau, ça tourne sévère.
Un des plus beaux clips du moment aussi, réalisé par le prodige Paul Hunter, jeune con qui s’est autrefois amusé à filmer Erykah Badu en femme de ménage et qui a réalisé le splendide spot Freestyle pour Nike. On s’en souvient encore.
Comme quoi, on peut toujours relier un californien de 26 ans, réalisateur de vidéos promotionnelles pour les daubes de J.Lo, à une dynastie française, symbole du luxe et de l’art de vivre, de surcroît génitrice d’un des poètes les plus fous du XXe siècle.

If you want to discover one of the most innovative poets of the 20th century, listen to public radio France Culture broadcast Surpris par la nuit (online streaming available here, this program is directed by my friend Pierow).
Heir of Heidsick champagne lineage, Bernard Heidsick is a banker but also a founder of poésie sonore or poésie action. Collages, sound design, recording on a Revox A 700, reading the dictionnary, sampling radio news : he started doing all that from the late 50’s, anticipating rap and its techniques, slam and its artistic position.
Quite naturally, this leads to Snoop‘s new single, Drop it like it’s hot, also based on oral rhythmic samples. Who has never clicked their tongue to someone else’s song? The Neptunes recycle this idea to build the track and director Paul Hunter follows the movement. Everyone on screen can be seen miming (lip-syncing…) the rhythm loop. I love this video, beautiful black and white that emphasizes Snoop’s good looks and Pharrell’s sexy humor.
Somewhat, French bourgeois and American nerds/jerks are not so different. They just don’t look the same.

Bernard Heidsieck – (Morceaux choisis) Piste 1

Bonus Traque le soleil

Tout est bluePas beaucoup de temps à consacrer à playpause cette semaine… En attendant les choses sérieuses, une petite chanson pas du tout de saison.
Souvenez-vous de Ame Strong S.A., groupe frenchy à qui l’on doit le tube Tout est bleu, abondamment exploité par Café del Mar. Guère plus d’un album à leur actif, malgré le succès de leurs singles et la voix suave et chaudasse de la chanteuse, Pascale Hospital, depuis reconvertie auteur, pour Native notamment.
Les charts français ne laissent pas vraiment leur chance aux blancs qui font de la musique noire. Même Ophélie Winter a fini par se viander.

Not much time to update playpause this week. Many things to write, I even need to translate my résumé…
Meanwhile, remember Ame Strong S.A., French band made famous by the hit Tout est bleu.
They didn’t break through, though. French white musicians are never taken seriously when they do black music. Shame, instead we have to listen to Eminem.

Ame Strong S.A. – Bout à bout

Sweden, two points

JJJ

Quel rigolo ce Jay-Jay Johanson. Outre ses problèmes de poids (d’alimentation ?) et de coiffure, il aime faire des jeux de mots avec son prénom (Jäje transfomé en Jay-Jay) et la musique disco.
On s’en rend compte sur ce remix de Keep it a secret, dans lequel il cite le refrain de A night to remember de Shalamar. Le grand écart.
De la même manière, il m’a bien fait rigoler dans le clip de On the radio, où, sur un air ressemblant beaucoup trop à Can’t get you out of my head pour que ce soit honnête, il exécutait maladroitement une choré digne de Kamel Ouali
Tout de même, quelle voix. Profonde et détachée, légèrement voilée, qui s’accorde malgré tout au traitement sautillant de cette chanson.
On ne l’entend plus guère depuis le relatif échec de son virage électro il y a deux ans (mais bon, Funkstörung, c’est clairement chiant).
Jay-Jay, reviens (avec des cheveux) !

At last, a guy in my VOICES selection… Sure, I have some, one of my favorite male singers being abuelo Ibrahim Ferrer… Dos Gardenias, what a love song.
But today, let’s have a younger male, not latin at all, from cold Sweden.
Skinny Jay-Jay Johanson must be a sad guy, he hardly smiles, has a serious haircut problem. He sings cold blues, full of sorrow and melancholy. One of his influences is Chet Baker (another favorite of mine). I saw him once on a train: he spent the whole journey looking through the window… for four or five hours!
But he is also a funny guy, who transformed his name Jäje in Jay-jay, and likes to party… As you can hear on the remix of Keep it a secret, he quotes A night to remember by Shalamar. Disco meets Nordic Pop. Nothing is impossible!
Following the dance trend, his last works were much more electronic, but nothing very exciting, apart from the ironic single On the radio. Click here to see the video intro, right between Janet Jackson and Jay-Z!
Will he be back soon (with a wig and without Funkstörung)?

Jay-Jay Johanson – Keep it a secret remix (a tribute to Venus & Serena)

Red hair, blue eyes, grey day

Stuart Price in Zoot WomanCela fait une semaine que le Best Of de Britney est sorti, et de cet événement ne me reste qu’une seule certitude : Stuart Price est vraiment un dieu pour mes oreilles. Quel lien avec Miss Vulgos 2004 ? Vendu sur le CD bonus, son remix Breathe On Me (à l’origine une daube midtempo indigne façon Kylie Minogue). Sauf que sous les claviers agiles de Jacques Lu Cont (ça se complique au niveau des pseudos, je vais expliquer), les voix s’entremêlent, on ne comprend même plus ce qu’elle chante (qui n’a effectivement aucun intérêt) et on se retrouve avec une montée extatique, hi-nrg. C’est le I Feel Love du troisième millénaire… Merci.
Stuart Price s’est d’abord fait connaître à la fin des années 90 sous un nom étrangement francophile, Les Rythmes Digitales, avec deux albums visionnaires, Revolution et Darkdancer. Sonorités sombres et antiques (comprendre « eighities »), white funk qui hésitait entre second degré et déclaration d’amour aux synthés vintage. Il se faisait alors appeler Jacques Lu Cont, arborait une tignasse rouge assez douteuse et portait des vêtements de cosmonaute des années 60…
Avec son ami Adam Blake, il a aussi fondé le groupe Zoot Woman, à l’esthétique plus léchée, au style plus agressif. Guitares et des mélodies nickel. It’s Automatic, tube d’un été dont on ne s’en lasse pas, contrairement à la Macarena. Fin 2003, ils ont sorti leur deuxième album, moins remarquable dans l’ensemble, mais porteur de Grey Day, autre bombe électropop, Remixée par ledit Stuart sous un autre de ses pseudos : Paper Faces. Et re-belote, c’est devenu le remue-pieds de mon été 2004, un truc qui retourne les foules, sélectionné par Felix da Housecat dans ses sets estivaux pour faire monter la sauce.
Sinon, jamais le dernier pour rigoler, SP/JLD signe aussi certaines de ses productions Thin White Duck (en hommage à la période Thin White Duke de Bowie au milieu des années 70), dont le phénoménal remix de Hollywood de Madonna, qui n’a rien trouvé de mieux à faire que d’embaucher ce petit mec sur ses deux dernières tournées comme directeur musical. Le flair de cette dame m’épate… (Du coup, vu que ça fonctionne, il semble être aux commandes du prochain album de la Ciccone et, en plus, il s’occupe de faire construire un home studio dans le manoir anglais de madame Guy Ritchie !)
A écouter également, Fabriclive 09, son DJ set paru sur le label du club anglais Fabric, ne serait-ce que pour le clash Richard Strauss (Ainsi parlait Zarathoustra) / Eurythmics (Sweet Dreams).
Donc, je résume : une bonne touche (il est aujourd’hui réconcilié avec le concept de « coiffure », et suit les conseils de son styliste), une tête sympa, des yeux bleus, un énorme talent, il est encore tout jeune, on n’a pas fini d’en entendre parler. Et s’il évite de trop bosser avec des chanteuses à succès pour se consacrer un peu à ses propres disques, il devrait faire une carrière exemplaire.
Allez, clique ci-dessous pour écouter le remix de (Hey You) What’s That Sound?. Rigolo et entraînant.

Stuart Price is a genius, a dance music genius, with some identity problems… Let me explain.
In the mid 90’s, he started with a fake band (in which he did almost everyting on his own), called Les Rythmes Digitales. Red hair, ridiculous clothes… He wasn’t the glamorous producer he is now, but he already had the feeling and the talent. Synth sounds, 80’s groove(box), bouncey bouncey !
He is also a founder of pop Zoot Woman. From their albums Living In A Magazine and Zoot Woman, this band has released two unforgettable singles. It’s Automatic, laidback and catchy. And Grey Day, which has been remixed under the Paper Faces alias and was part of Felix da Housecat’s set during the summer ’04. Pure dancefloor filler: the line no relief from this blue melody, melody hooks you up and there you dance !
Another nickname for this funny guy is Thin White Duck, allusion to David Bowie’s Thin White Duke impersonation during the 70’s. Chic reference, that matches SP/JLD’s look today (much more trendy), that led to one of Madonna’s best remixes: Hollywood (featured as an interlude on M’s Re-Invention Tour). They have become close collaborators and he seems to be quite involved in Mrs. Ritchie’s next album.
So Stuart Price aka Jacques Lu Cont aka Les Rythmes Digitales aka Thin White Duck aka Paper Faces is a cool, good-looking guy, young and healthy, artistically impressive… Will he finally get lost in well-paid collaborations with female popstars or carry on with his exciting solo works?
If you like I Feel Love by Donna Summer, sexy dance music and hi-nrg beats, you have to check out his latest remix for Britney Spears’ Breathe On Me (available on her Best Of). On top of my iPod’s playlist.
Also lend a couple of ears and feet to Fabriclive 09, his DJ set for London club Fabric. The one with Richard Strauss’ Also Sprach Zarathustra… No kidding!

Les Rythmes Digitales – (Hey You) What’s That Sound? Remix

Death Vs. Michel Colombier

Michel Colombier

Remember :
Serge Gainsbourg, Melody Nelson & Elisa.
Maurice Béjart & Pierre Henry, Messe pour le temps présent.
Barbara, L’Aigle noir.
Prince, Purple Rain.
Madonna, Don’t Tell Me.
Mais aussi : Kronos Quartet, Jaco Pastorius, Roberta Flack, Brandford Marsalis, Herbie Hancock, Joni Mitchell, Stéphane Grappelli, Flora Purim… et la grande Petula Clark.
Michel Colombier, le Maurice Jarre des nuits d’Antenne 2, le Jean-Jacques Goldman des violons sixties, est mort. Envolées lyriques en veux-tu en voilà… C’est David Whitaker, rival générationnel, qui doit être soulagé.
Juste en dessous, l’écoute du jour est extraite de l’album Wings, sa « symphonie pop », avec Herb Alpert au chant.

Autre coup dur, ODB (Ol’ Dirty Bastard, pour les néophytes) du Wu-Tang Clan est mort aussi. Il s’est écroulé en studio à 36 ans. Accablées de chagrin, les deux morues intersidérales qui lui doivent beaucoup, Mariah Carey (Fantasy) et Kelis (Got Your Money), lui rendent hommage : pleurer, c’est maigrir un peu.

Michel Colombier is dead. Innovative arranger and composer. Cheesy (will Pharrell Williams sound cheesy too, in 40 years?). French pop and international artists owe him a lot (see the list above).
Featuring Herb Alpert, today’s mp3 is taken from his solo work, Wings, sometimes referred to as a « pop symphony » or a « rock oratorio »… My my !

Wu-Tang Clan’s ODB has passed away too (bad november!).
Plump tarts and ODB collaborators, Mariah Carey (Fantasy) and Kelis (Got Your Money), are in thorough mourn. Cry, ladies: while you weep, you’re not thinking of your diet.

Michel Colombier feat. Herb Alpert – All in All

Soul Music came back to life in Berlin

Me'ShellUne belle rencontre, qui dépasse le petit cadre de la revue de voix que je me suis lancé à moi-même… Me’Shell NdegéOcello (écrit comme ça, ou sans apostrophe) adoubée par Herbie Hancock… Back en 1994, elle débutait à peine, la petite, que les plus grands l’avaient déjà remarquée. Madonna, d’abord, qui l’a signée sur son label, Maverick. Prince, aussi, l’a courtisée quelques temps, et puis, ça a fait pschitt, comme dirait l’autre. (Quelques chansons pour les autres, mais bon, rien, quoi.)
Difficile de passer à côté, en effet : une noire américaine née à Berlin, musicienne brillante, mais aussi, personnalité engagée, bisexuelle notoire et mère d’un enfant. Pas deux mains gauches, pas la langue dans sa poche, pas le sourire en permanence, non plus, faut pas trop lui en demander.
Ses premiers albums flirtaient davantage avec la pop et les sons urbains (ah… le groove new jack de If That’s Your Boyfriend (He Wasn’t Last Night)), le dernier, Comfort Woman baigne plus ambitieusement dans le jazz et le dub, une certaine épure qui n’égale toutefois pas la grâce de Bitter. Son bijou, particulièrement recommandé, s’il ne devait en rester qu’un seul. En résumé, si on considère que le courant nu ou neo soul existe, c’est Me’Shell qui l’a inventé.
Sa voix est grave et nonchalante, tout comme sa basse est funky et nonchalante : une très forte énergie se dégage de cette artiste et de ses créations, interprétations, toujours zen malgré tout. Fortiche…

Me’Shell NdegéOcello had a real impact on me. I discovered her when she started out, back in 1993. Dredloc had everything : groove, soul, sensuality, a not-so-commercial approach. Her music writing stroke me, as did the vocal harmonies. The same you can hear on Nocturnal Sunshine, recorded with Herbie Hancock, Wah Wah Watson, Luis Conte… This happened in 1994, just a few months after her first album, Plantation Lullabies was released: she was already part of the big game. She never had the success her music deserves, though. She is not an easy personality, and never went into the showbiz race. I always thought she isn’t American enough for the US audience. The first reason of all may be her place of birth, Berlin: can music buyers identify massively with a black bisexual woman born in Europe ?
The deepness in her voice is balanced by her mellow diction, her bass is at the same time caliente and laidback: music sounds easy to this woman. It’s her language. She may be the living proof of Madonna’s musical good taste, at least her label’s, Maverick
Her best work is Bitter, a delicate whisper of love and pain.
I’d love her to read me something to sleep.

Me’Shell NdegéOcello featuring Herbie Hancock – Nocturnal Sunshine

image taken from Urban Shogun

Minnie forever

ⓒDisney !Il n’y a pas grand chose que je pourrais écrire sur Minnie Riperton qui n’ait pas été écrit auparavant. Sa voix phénoménale (d’une source à l’autre, on lui attribue entre 3 et 8 octaves, rien que ça), la légèreté sensuelle de ses chansons, son destin tragique… Reste Everytime He Comes Around, déclaration d’amour terriblement sexuelle, un trip féminin total, un fantasme.
Mirwais tire de son grand tube Inside My Love un chant d’oiseau électro. Remis au goût du jour sur la BO de Pulp Fiction, 2 People est à l’origine un titre de Jean-Jacques Smoothie (rien que le nom…), joliment mis en clip sur un court de tennis. Jupettes virevoltantes & optique hamiltonienne, si je me souviens bien.
C’est en écoute, juste en-dessous.

Everything has been written about Minnie Riperton. Her talent (huge), her voice (incredible), her songs (beautiful), her death (tragic). Everytime He Comes Around, though, remains one of the hottest soul tracks ever, sincerely sexy and full of love. Sheer fantasy.
Now online, 2 People. Originally, a tune by Jean-Jacques Smoothie based on Miss Riperton’s Inside My Love, here remixed by Mirwais. The chick turns into a bird and loops into the acid groove…

Jean-Jacques Smoothie – 2 People (Mirwais Extended Mix)

m.F.e.U.r.C.d.K.e

m.F.e.U.r.C.d.K.e

Les gros mots… Un serpent de mer de la chanson, évidemment. Serge Gainsbourg, Requiem pour un con, très classe ; Jacques Dutronc, Merde in France, très lourd… Mais là, je sens comme un relâchement général, bien sympathique avant la reprise en main, ne vous inquiétez pas. D’abord avec le coup médiatique raté du chanteur de la Nouvelle Star, Steve Estatof, qui a fait croire que sa chanson 1977 ne passait pas à la radio parce qu’il dit salope, pouffiasse et putain de ta mère dedans. Mais pas du tout, c’est parce que tout le monde s’en fout.
C’est pareil pour TTC, le groupe qui fait frémir la critique frémissante, avec leur album Bâtards Sensibles (trop fort). Une excroissance dance post-french touch grasse comme Eminem sur le hip hop français. Bien fendard, vraiment un très bon album pour finir 2004. Et très grossiers, les garçons. Suce moi bien pétasse, prends des initiatives étant la moins imagée de leurs élucubrations.
Heureux en amour,
Malheureux au jeu,
Et comme j’ai fourré ta copine tu seras malheureux aux deux.

Alors, on écoute Roudoudou et le chapelet d’injures proféré par Jenny de Vivo. Extirpé de 1998 : ils avaient de l’avance… C’est frais !

On curse words and swearing. Fortunately, we don’t have compulsory Explicit lyrics advisory stickers on CDs here… So, French examples. First one : French Pop Idol-like Steve Estatof. He has tried to create a scandal with a song, 1977, in which he sings salope (bitch), pouffiasse (whore) and putain de ta mère (motherfucker). But nobody cares.
The second case is TTC, brilliant French hip hop act. Somewhere between Eminem and Daft Punk, they express sexual fantasies and insane provocations in very funny lyrics. The album is called Bâtards Sensibles. Very good, very rude !

Back from ’98, the track of the day is another very impolite one, en anglais dans le texte :
You pisshead
You tied ass
(…)
I love you so, baby

Jenny de Vivo is the bad girl. Go on, fucker !

Roudoudou featuring Jenny de Vivo – Chanson d’amour spécial

Marvin Gaye reincarnated into a fat lady

Ruby Wilson

J’essaie de la faire courte, aujourd’hui… I’m Coming Home, un bon gros blues qui tache.
Ruby Wilson est une copine de BB King, vedette de son club à Memphis.
Elle chante la chanson sur laquelle démarre le délicieux film Cookie’s Fortune, de Robert Altman. Scène de club, poisseuse à souhait, l’Amérique dans toute sa crasse sociale et culturelle. Vive le soleil, mais ce n’est pas pour rien qu’on a inventé la climatisation…
I’m Coming Home a été composée par Dave Stewart, moitié pileuse des pénibles Eurythmics, comme toute la BO de ce film. Franchement pas terrible, ces instrus new age blues. Il a la guitare qui le démange vraiment trop, parfois, ce monsieur. On a aussi Bono et The Edge en invités sur deux morceaux, et c’est même pas la peine d’en parler.
Reste à évoquer la troublante ressemblance entre ce titre disponible en écoute et I’m Going Home du grand, très très grand, Marvin Gaye. Outre le titre qui nous permet de réviser en musique nos leçons de vocabulaire d’anglais (to goto come), on notera de grandes similitudes dans la mélodie du refrain aussi. Après, la comparaison s’arrête là, Marvin chante moins avec ses seins que Ruby Wilson, mais ça n’en est pas moins sexy pour autant.

Real blues mood today. With Ruby Wilson, a girlfriend of internationally acclaimed BB King. She stars in one of his clubs in Memphis.
This song opens the delicious Cookie’s Fortune, by Robert Altman. A club sequence, hot and dirty. Not because of the singer (she sweats beautifully, and that’s what cinema is about : to transform body secretions into metaphorical close-ups), but because the American South has always been too hot and dirty.
Aren’t Coca Cola headquarters based in Atlanta ? You’d better live in a hot place if you want to sell more of your refreshing soda…
So now, what’s the point with Marvin Gaye ? Listen again to song called I’m Going Home : lyrically and musically, they have a lot in common. Maybe Dave Stewart was a bit uninspired by himself when he wrote the song, or he pays a secret homage to Marvin. Whose falsetto was sometimes higher than Ruby Wilson’s roar. But never less sexy.

Ruby Wilson (Cookie’s Fortune OST / BOF) – I’m Coming Home

Scandinavian Bossa Nova

Lars H.U.G.Backwards est tout simplement une de mes chansons préférées.
Une bossa nova (= nouvelle vague ou new wave…) écrite en 1996. Bien longtemps après que la bossa nova a été inventée. La légende dit que c’est Henri Salvador, copain de la bande à Jobim, Getz et cie, qui a joué une samba au ralenti un jour, sur sa guitare, pour voir comment ça sonnait.
Bref, l’histoire devrait peut-être reconnaître les origines françaises (mais des îles… ça se complique, si on y regarde d’encore plus près) de cette musique si brésilienne.
Et à mes yeux (pour le clip en WMV, c’est ici) / oreilles, la plus belle bossa, c’est à un danois qu’on la doit. En plus, un type qui a intitulé un de ses albums Save me from this Rock’n’Roll doit être un type sympa.
Au charme de l’interprétation, toute en mélancolie pleine de soul et de saudade aussi : d’un côté, Lars H.U.G., sorte d’iconoclaste pop, artiste multimédia avant l’heure. Son premier groupe, très New Wave, s’appelait Kliché. De l’autre côté, Lisa Ekdahl, qui hésitait à l’époque (1996) entre un destin de couineuse pop suédoise et le frisson international (tournées aux Etats-Unis, musiques de pub pour des voitures ou des cafés ou des serviettes hygiéniques, je ne sais plus…). Mariée à Salvador Poe, un brésilien de New York qui lui a écrit un très joli album, elle s’est transformée juste avant l’an 2000 en Björk blonde. Elle a aussi enregistré plus récemment un duo naze avec Elie Semoun, et un autre avec… Henri Salvador !
Et la boucle est bouclée.

Backwards is one of my favorite songs ever.
It’s a bossa nova hit. Some people say that bossa nova (= new wave or nouvelle vague) was invented by French Henri Salvador. He was friends with Getz & Jobim in the 50′ and played a samba slowly just to hear what it would sound like. Seems they liked it and kept the idea for a while.
Anyway, music history should remind that this so-brazilian style has some French (ok : Caribbean, to be precise) origins.
And to my ears, the most beautiful bossa nova song is Danish (WMV eye candy here). White soul meets Brazilian saudade. Written and performed by Lars H.U.G. , pop activist and major personality in Denmark, who became famous in the 80’s with his New Wave band, Kliché. Performed also by Lisa Ekdahl. Indie Swedish poptart who turned jazz, then into Blonde Björk, when she met her brazilian-but-from-New-York husband, Salvadore Poe. This guy is fascinated by bossa nova and wrote pretty songs for her. She has also recorded a duet with… Henri Salvador. That’s enough.

Lars H.U.G. & Lisa Ekdahl – Backwards