Tu veux ou tu veux pas

à 25 sur le drapeau, obligé, c'est un peu tassé

Je m’y attendais. Discrétos, j’ai glissé il y a quelques jours qu’il fallait voter OUI au référendum sur la ratification du Traité constitutionnel par la France… Et j’ai reçu un commentaire comminatoire, culpabilisant, manquant sérieusement d’humour (alors qu’ici, sur Playpause, on s’amuse à tout prendre à la légère), me mettant au défi d’argumenter ma prise de position.
OK, c’est parti !
Tout d’abord, pour commencer, je souligne : jusqu’à présent, personne ne m’avait sommé de justifier une opinion, même un peu sèchement affichée sur ce blog. Comme je l’ai écrit au mois de novembre et à propos de Michael Jackson, ici, c’est chez moi, alors je fais totalement ce que je veux. Quand je dis que Mylène Farmer chante de la merde, personne ne vient me titiller sur le ton « mais tu te rends compte de ce que tu écris ? ». Oui, je me rends compte. Oui, je suis d’accord avec moi-même. Oui, Mylène Farmer chante de la merde. Oui, je vais voter OUI le 29 mai.
Ceci dit, je ne suis pas fermé à la discussion, loin de là. J’ai réfléchi, j’ai survolé ce texte, j’ai écouté les arguments de mon chéri qui va voter NON, j’ai lu les tribunes des pour et des contre, j’ai téléchargé le résumé rédigé par les services de la Commission européenne. On peut certes les soupçonner d’être plutôt acquis à la cause, on ne peut en revanche pas leur reprocher d’enjoliver la réalité : ils parlent du boulot que ça va leur donner, donc, pas maso, ils n’en rajoutent pas.
Ce bousin est une rédaction indigeste principalement imputable à Valéry Giscard d’Estaing, un fatras technocratique comme les services de la Commission et de l’Union européennes savent en pondre, une construction intellectuelle assez alambiquée… Mais qui reprend dans les grandes lignes les traités et textes successifs signés depuis 1957 et ajoute une couche institutionnelle qui enrobe le tout pour mieux faire glisser les 25 pays les uns contre les autres.
Mouais… Ecrit comme ça, je pourrais paraître opposé à ce projet politique. Sauf que dans le fond, l’Europe dans laquelle je vis depuis que je suis né ne fonctionne pas si mal. Alors je me dis « autant continuer ». Et là, en plus, on y colle une bonne dose de droits de l’homme (ça ne fait jamais de mal), on met un peu plus de contrôle démocratique, on organise tout ce petit monde pour une défense commune. Pas mal.
Alors, si c’était aussi beau, pourquoi la majorité des sondés voudrait-elle voter contre ?

  • Peut-être parce que Chirac, Raffarin et leurs petits copains ont poussé le bouchon vraiment trop loin et que c’est le seul moyen qu’on a trouvé pour le leur dire. Oui, mais il faut pas confondre : notre archi naze gouvernement français pue du cerveau, ce n’est pas une raison pour vouloir faire péter tout l’appareil politique qui se trouve autour.
  • Peut-être parce que Sarkozy et Hollande qui militent à fond pour, ça fait peur. Oui, mais Christine Boutin, Philippe de Villiers, Jean-Marie Le Pen et Jean-Pierre Chevènement qui militent à fond contre (et accessoirement Laurent Fabius), ça me fait encore plus peur.
  • Peut-être parce que des personnalités-et-pas-des-moindres comme José Bové et Bernard Cassen expliquent que c’est un traité pro-libéral. Oui, mais non : il s’agit d’une constitution, pas d’un programme électoral. En clair : ce n’est pas au cadre constitutionnel que l’on doit reprocher le libéralisme ambiant, mais à ceux qui sont au pouvoir. Et si une constitution imposait des choix politiques, économiques et sociaux, ça se saurait. Même Mitterrand, qui avait craint le coup d’état permanent au passage de la Ve République, s’était un peu gourré : à moins de voter pour Le Pen aux prochaines présidentielles, on ne risque pas grand chose. (D’ailleurs, si tu pouvais m’éviter d’avoir à re-voter à droite la prochaine fois, merci…).
  • Enfin, peut-être parce que ça paraît un peu compliqué et qu’on n’est pas sûr de signer pour un truc avec une petite note de bas de page qui nous le colle dans le baba. Oui, mais dans ce cas-là, dis-moi que tu as lu le code civil et que tu l’as compris, dis-moi que connais la constitution française et que tu te la récites le soir en t’endormant pour ne pas l’oublier, dis-moi que tu connais le traité de Rome et qu’il te suffit largement. Parce qu’une constitution, c’est effectivement une construction mentale fabriquée par des experts en la matière pour organiser le fonctionnement d’un état (ou d’un truc encore plus gros) : plus compliqué que la notice de montage d’une armoire IKEA, plus impliquant qu’un vote par SMS pour la Nouvelle Star… Faut juste être un peu spécialiste ou élire des politiques en qui tu as confiance pour l’appliquer et la respecter…

Et puis parce qu’il y en a qui, en plus, s’amusent à vraiment tout mélanger en pelotant le racisme du Français de base sur le thème « dire OUI à la Constitution, c’est ouvrir la porte de nos maisons aux Turcs qui n’attendent que ça pour venir violer nos femmes », je te dis tout de suite que je suis plutôt favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Europe. Mais on en reparlera parce que là n’est pas le débat.
En attendant, un morceau de Mercan Dede. Parce qu’il est Turc, il dit EVET quand il veut dire OUI dans sa langue natale.

Have you heard of the new French paradox? These people used to be pro-European, their country has contributed to build the European institutions from the beginning thanks to great men like Robert Schumann, they have taken profit from this institutional and political progress. But they have a short memory and now they want to stop this historical evolution by saying NO to the referendum on the ratification of the Treaty establishing a Constitution for Europe.
Sure, one should think twice before answering. But French voters are so mad at the uselessness of our President, Prime minister and government, so worried about low growth rates and high unemployement, and desperate for the future that they want to say NO instead of thinking that the problem do not lie in this European project. And like Sinéad O’Connor once said about the Pope, we need to fight the real enemy: greed and lies.

As I have explained my opinion to my French readers (who seemed upset by my positive attitude) above, I’m not going further here in the English part of the post. I’d rather talk of Mercan Dede.
A Turkish musician with crazy looks and amazingly beautiful tatoos, who lives in Canada, who blends traditional and electronic vibes, who spins records also under the name of Arkin Allen. Must be open minded, would probably vote YES to the referendum… Carries a peaceful message…
The albums Seyahatname and Nar are ambient masterpieces that mix traditional sufi music with electronic design. He tours with an ensemble that provides energy to his rather mental music: the spiritual vibes get alive on stage thanks to a whirler. Must be quite an experience.
Nar-ı Seher is the last track on the CD: a detuned sample rushes along, the voice of an old sufi, beats… I love this piece.
After that, you’ll check the East 2 West compilations released on Doublemoon, an electro label from Istanbul, featuring some Mercan Dede’s works and remixes.
And hope that Turkey will match the European commission criteria in order to get into the EU some day… Say EVET!

(Rem Koolhas’ EU Flag project taken from Spiky Art)

Mercan Dede – Nar-ı Seher

Bonus Traque le sang chaud des Okinawais

…pendant ce temps, il y en a un qui se la coule douce à Okinawa
Amour, musique, plage, surf et awamori. Un bon programme de vacances.

Yae’s voice may sound familiar to Final Fantasy gamers. She performed FF Crystal Chronicles‘ themes and has recorded several albums on her own. Ambient moods, very strong voice, world music influences. On Flowing to the sky, the album on which きがつけば (today’s track) is featured, the reference are mainly Latin American, mixing Spanish words with tribal arragements. And this particular song features a Brazilian maracatu-like break with vocals…
2005 is l’Année du Brésil in France.

(pictures sent by Nicolas)

Yae – きがつけば (Steam Song)

Plus con, t’es mort

Avec mon nouveau jouet, je vais bien faire chier tout le monde ! (Pascal Nègre) Qui touchera le fond en premier ? Mon compte en banque ? Jean-Pierre Raffarin ? L’industrie du disque française ?
A lire ça, je me dis que notre Premier ministre a encore de beaux jours devant lui, il devrait même résister à la campagne sur le référendum…

Cette année, les cloches de Pâques, elles ne sont pas en chocolat : elles dirigent les majors du disque. Les entreprises qu’elles représentent s’obstinent à croire qu’Internet, c’est super grave… Et les journalistes, qui ne font rien qu’à les contrarier en écrivant dans leurs canards que pas du tout, si on vend/achète (tout dépend de quel côté on se place) moins de disques aujourd’hui, c’est pas à cause du téléchargement, mais à cause que les disques en vente dans les magasins sont petitun trop chers petideux trop nuls, méritent d’être punis. Lesdites cloches s’imaginent que supprimer les envois promos va tout résoudre !
Et surtout, en tant qu’à peu près journaliste écrivant parfois sur des sujets plus ou moins liés aux productions de ces producteurs, j’ai bien constaté une certaine dérive depuis quelques années :

  • Quand une major ou un de ses sous-labels fait des envois de promos, la plupart du temps, il s’agit d’un CD-R. Ce qui n’est pas si mal, mais les étiquettes Maxell, j’ai moins de plaisir à les lire (et ça me donne moins d’infos sur le disque en question) qu’un livret de CD… En plus, les stagiaires promo sont de plus en plus paresseux, ils ne mettent plus de stickers sur les galettes, résultat, tu mélanges tout et tu ne retrouves plus ton disque au moment où tu veux le réécouter.
  • A moins de t’appeler Epok, de promettre une couv’, un tirage à 2000000 et une interview croisée avec Eminem, c’est la stagiaire qui te répond, entre deux cafés, qui te promet tes envois en fin de journée, et qui oublie, parce que vraiment, elle n’a pas que ça à faire… Pour l’anecdote, quand j’ai appelé Polydor deux mois avant la sortie de l’album solo de Gwen Stefani, la meuf a d’abord hésité, puis s’est renseignée (puis s’est trompée de bouton, ça a raccroché), avant de se rendre compte que, oui, oui, effectivement, Gwen Stefani, c’est bien chez elle, mais que pour l’instant, c’est pas une priorité, donc est-ce que tu peux rappeler la semaine prochaine ?
  • Les indépendants aiment bien envoyer des disques, parce qu’ils sont sûrement encore les seuls à penser que pour parler d’un album, le mieux c’est de l’avoir entendu auparavant…

Donc, tout ça ne donne pas vraiment envie de respecter les méthodes des majors. Ce qui n’empêche nullement de respecter les artistes : je n’ai jamais entendu quelqu’un se féliciter de pirater le promo d’un artiste en développement, mais plutôt de niquer Universal ou son clone. Surtout quand un disque écrit, enregistré et produit met six mois à sortir, tout ça pour coller à je ne sais quelle loi sur les quotas, à je ne sais quelle stratégie de tube de l’été (même sur Nova, il y a des tubes de l’été), à je ne sais quel partenariat…
Alors, si tu es concerné, signe la pétition sur DownMusicFrance.
Et puisqu’on est dans la revendication, pense déjà à voter OUI au référendum sur la ratification du Traité établissant une Constitution pour l’Europe.

Quant à mon compte en banque, en fait, il est hors concours, il a déjà touché le fond. Mais tel Mylène Farmer (à côté de qui j’ai déjeuné cette semaine, mais cette conne me tournait le dos, je ne peux donc pas te dire si elle fait aussi peur en vrai qu’à la tévé), il remonte toujours des abysses au moment où on s’y attend le moins.
Pour fêter ça, on écoute Le silence d’Ollano. Parce que c’est extrait d’un des premiers albums que j’ai reçus en promo quand je commençais à être vaguement stagiaire pour un journal et que je devais créer la page musique. Parce que je me souviens encore très bien de ces CD. Parce que les stagiaires qui commencent leur carrière aujourd’hui ne recevront plus des disques qui les suivront pendant dix ans, mais des liens dans leur boîte mail pour écouter du streaming sécurisé. Rien que pour ça, je changerais de vocation.

French music industry keeps on acting foolishly. They pretend to be very calm and conscious, facing poor sales and criticisme, but in fact, all they do is panicking… On this site is a petition for journalists and reviewers against the five French majors’ new idea: no more promo stuff, online streaming only! They pretend to save money and to stop piracy with this technology. But they also stop the press from doing their job (i.e. listening to albums, and not only during office hours because some of them are meant to be heard on sunday mornings…).
I don’t know how it goes in foreign countries, on the biggest markets : the U.S., Japan, England… Can anyone tell me if anything like this happening elsewhere?
As a writer, what I’m sure of is that independant labels still know that sending promo CDs is a good thing, mainly because music lovers have also something with owning the music, holding it in their hands, passing it to their friends… I’ll always remember how excited I was when I received my first promo CDs, ten years ago. I still remember them: Excentrique by Daniel Chenevez (pure French crap), Blur’s self titled album (with great tunes like Beetlebum, Theme from Retro and Death of a party…), and Ollano.
A concept album featuring, among others, Pierre Bégon Lours, who became part of Mellow, Marc Collin, wannabe Nouvelle Vague, Helena Noguerra, whom I’ve talked about here, and Bertrand Burgalat, Tricatel founder.
Today’s selection is then Le silence (sung by Sandra Nkake)… That’s my testimony and my petition, too.

(image taken from Une vie de cloche)

Ollano – Le silence

Bonus Traque can warm your lonely nights

Shuffle Un billet petit mais joli. Au lieu de me casser la tête à essayer de raconter tout le temps des choses essentielles sur ce blog, je me laisse aller à un petit peu de sentimentalisme facile. D’abord pour rectifier la méchanceté proférée à l’encontre de cette brave Shola Ama dans un billet récent. Ensuite parce que mon iTunes a fait une très chouette random sélection ce matin, que j’ai failli te mettre en ligne, et puis, étant pris dans le vent de l’urgence, cette intention est passée à la trappe.
Donc, parmi les jolies chansons matinales, il y avait cette version de You might need somebody.

Short post but cute song. I often spend to much time preparing essential and deep thoughts about music for this blog. And sometimes, when you hear songs such as You might need somebody, music proves to be essential by itself. No need to talk, just listen. Even if nor the song neither the singer are the most unmissable things in pop, Shola Ama‘s simple cover is full of soul. And this track was part of the random selection my iTunes made this morning I wanted to share with you.
But I had to rush and this is the only thing that remains from this playlist…

Shola Ama – You might need somebody (acoustic version)

RADIOLALA

RADIOLALA

RADIOLALA, c’est une nouveauté sur Playpause, un programme d’une heure (presque) tout rond avec que des chansons qui font lala (ou choubidou, ou yéyéyé…).
Voilà, éclate-toi, je te ferai d’autres sélections (thématiques ou pas) plus tard.
D’ailleurs, si tu veux écouter RADIOLALA tout en surfant sur le reste du Web, tu peux cliquer ici ou sur le bouton Pop-Up du module de la radio.
Et si tu ne comprends pas du tout pourquoi je te parle d’un truc qui ne s’affiche pas dans ton navigateur, c’est que tu n’as pas Flash, et là, franchement, je peux pas grand chose pour toi à part te dire : « Réveille-toi, on est en 2005 ! »

RADIOLALA has nothing to do with LaLa TV,
nothing to do with Lala from Teletubbies,
nothing to do with Donny Hathaway’s daughter, Lalah
It’s a new feature on Playpause: a one hour program dedicated to songs that go lala (or shoobedoo, or yeah yeah yeah…).
If you want to listen to the radio while surfing on other webpages, click here or on the Pop-Up button.
And if you don’t see anything working, it may be because your browser is missing the Flash player, so wakey wakey, it’s 2005!

RADIOLALA selection:
01 Minnie Riperton – Lovin’ You
02 Leon Ware – French Waltz
03 Masters at Work feat. Luis Salinas – Pienso en ti (smooth old mix)
04 Galliano – Jus’ Reach (12″ mix)
05 Anita O’Day – Sing, Sing, Sing
06 LCD Soundsystem – Yeah (clap-a-pella)
07 Toto Bona Lokua – The Front
08 Camille – La demeure d’un ciel
09 Claudine Longet – Guess who I saw in Paris
10 Carmen Miranda – I like you very much (I, yi, yi, yi, yi)
11 Brigitte Fontaine & Areski – C’est normal
12 Gillian Hills – Zou bisou bisou
13 Astrud Gilberto – Portuguese Washerwoman
14 La Lupe – Chumba la chumba
15 Moloko – Fun for me
16 Homegrown – Home alone
17 Bus Driver and Radioinactive with Daedelus – Weather Locklear
18 Pizzicato Five – Darlin’ of discotheque

Bonus Traque les erreurs

Not my day Ben oui, ça m’arrive de faire des erreurs… J’ai traqué toute la journée celles qu’il pouvait y avoir dans mon contrat de travail récemment signé, mais en fait, rien à leur redire, c’est moi qui ai accepté leurs conditions abusives sans trop y penser. Résultat, je m’en mords les doigts. Comme on le disait quand je faisais mon service militaire, vivement la quille.
Sinon, la bourde du jour, quand même, c’est celle que j’ai commise hier en écrivant que Camille avait composé la chanson Ruby. Re-que nenni ! C’est à Euston Jones que l’on doit cette oeuvre, et ce monsieur mystérieux n’est pas vraiment passé à la postérité. On dirait qu’il a juste été ami avec Marie-France (pas ma mère, l’autre).
Ce qui me rassure, c’est que je ne suis pas le seul… Le maître de cérémonie Benjamin Castaldi vient d’annoncer dans l’émission des chèvres chantantes, Nouvelle Star, que You might need somebody était une chanson de Shola Ama. OK, il ne s’est pas trompé à proprement parler, mais j’aurais trouvé plus correct qu’il dise que cette chanson est de Tom Snow et de Nan O’Byrne, rendue célèbre par la grande Randy Crawford. (Alors que Shola Ama, elle a juste une jolie voix.)
J’essaie donc de me faire pardonner en publiant, clin d’oeil, le morceau Let me fix it (Laisse-moi arranger ça, si tu ne comprends pas la VO). Et, pour avoir vérifié le livret du CD avant de cliquer sur « en ligne » contrairement à hier, c’est bien le monsieur qui chante qui a composé : Brook Benton.

Oops… I did it. I made a mistake, huge misquotation: Camille’s song, Ruby, on the previous post was not written by herself, but Euston Jones… Nobody noticed it… Is anyone reading this blog? Does anyone have some information about this mysterious songwriter?
So I’ll try and apologize with Brook Benton‘s Let me fix it, composed by himself (I checked the credits). And I hope the groove will help you forgive my clumsiness.

(image taken from powerpointbackgrounds.com)

Brook Benton – Let me fix it

Vive la sanchon çanfraise

Le bal des ringards Présidées par le patron d’un label indépendant, les Victoires de la musique ne pouvaient cette année qu’être respectables, présenter un palmarès digne et susciter les applaudissements des professionnels de la profession… Que nenni ! A voir ce qu’ils en ont fait, ces messieurs ont plutôt semblé s’acharner sur le cadavre d’un figurant de Six Feet Under.
A commencer par ça : les Rita Mitsouko dans la catégorie Artiste(s) interprète(s) féminine(s) de l’année, ça aurait dû faire sortir tous les guitaristes de France dans la rue. Fred Chichin, un homme qui en a… des seins ? L’honneur est sauf : c’est Françoise Hardy qui obtenu le prix, et on ne peut pas la soupçonner de manquer de féminité : elle était la covergirl préférée de Mick Jagger dans sa jeunesse.
Autre aberration dans ce palmarès : Daniel Darc élu Révélation en 2005 ! J’avoue ignorer les critères exacts pour être éligible dans cette catégorie, mais connaissant la discographie solo du garçon, ça me semble louche, sans compter sa carrière en groupe dans le légendaire Taxi Girl…
Cette cérémonie a touché le coeur du problème, à savoir le ridicule de toute cette mise en scène, en remettant le prix du Clip de l’année à Alain Chamfort pour Les beaux yeux de Laure… La vidéo en DV, genre caméra cachée, dans laquelle il charge sa maison de disques qui lui a rendu son contrat. Grâce aux Victoires, les producteurs peuvent dire aux artistes : quand on vous aura tous virés, on vous filera des prix de consolation, même aux ringards !
Et la plus belle victoire de toutes, c’est celle qui a été remise à l’impayable Mylène Farmer pour les vingt ans de musique insupportable qu’elle nous a fait subir depuis la création de cette cérémonie foireuse. (Pourquoi pas Michèle Torr, tant qu’à couronner les chanteuses qui font peur ? Ca fait plus de vingt ans qu’elle chante et que tout le monde s’en tamponne, ça mérite bien un prix, non ?)
D’ailleurs, les tubes à essais de Libé se sont autorisé un emplafonnement de la dernière livraison de la rousse ici. Mais comme Universal a truffé les réseaux d’échange de leurres, je n’ai même pas eu le plaisir de rire de cette chose pour l’instant. Et ne compte pas sur moi pour écouter NRJ en attendant la diffusion dudit tube, ça me tombera bien assez tôt dans les oreilles.
Bon, les Victoires de musique, fallait pas être devin pour prévoir un sérieux foutage de gueule (donc, j’ai séché le Zénith et le plateau-télé. Je suis allé voir ça, plutôt, c’était sympa). La semaine précédente, les César s’en étaient mieux sortis : au moins, les vannes de Gad Elmaleh, le défilé des alcooliques mondains et les lèvres d’Isabelle Adjani m’ont fait marrer.

Il reste toutefois un petit peu d’espoir à cette chose musicale qui se chante en mots français. Outre l’événement que représente l’outrancier photoshopage de Lara Fabian nue sur la pochette de son dernier album (sera-ce vraiment le dernier ?), il y a la claque Camille. Je vais essayer de ne pas en faire des tonnes, parce que la blogosphère et la presse musicale, parisienne, nationale, bref, tout le monde s’extasie à l’écoute du Fil. Qui est bel et bien chanté en mots français quoi que leur sens m’échappe…
Camille, si tu me lis, tu étais déjà vachement bien sur ton premier album, Le sac des filles. Trop polie, parfois, ton grain de folie, ton petit vélo dans la voix étaient un peu bridés… Restent la chanson éponyme, hymne post-féministe rigolo, et La demeure d’un ciel, pseudo-soul déchirante qui laissait entrevoir Le Fil… Tu étais aussi vachement bien dans Nouvelle Vague (pistes 3, 4, 6 et 8), surtout pour In a manner of speaking (la 3), cette ballade tellement triste que je n’ai rien pu faire d’autre que l’écouter 20 fois de suite, un soir. Après, sur scène, tu t’es lâchée et tu as massacré l’intention bossa nova de ce concept album : je ne t’en ai pas voulu parce que tu m’as prouvé, ce soir-là, au Triptyque, que tu n’étais pas une chanteuse comme les autres, plutôt une preneuse d’otages.
Merci pour ton coup de fil (feel ?), ce travail étonnant sur la voix, ce disque qui trouve plus de sens dans le feeling que dans les mots : tu rappes mieux que MC Farmer (voir plus haut), tu vocalises mieux que Björk, tu évoques tes obsessions comme une grande artiste. Et quand mon iPod te fait chanter au creux de mes oreilles, j’ai l’impression que c’est mon cerveau qui fait des bruits de bouche.
Alors pour reprendre un peu de distance, je ressors Ruby du premier CD : un enregistrement que tu as dû passer 35 fois dans un magnétophone pour qu’il sonne aussi usé, et pourtant ton timbre y est toujours reconnaissable. Et puisqu’on a causé céfran jusque là, par esprit de contradiction, on écoute angliche…

We, French music listeners, have a very strange annual award ceremony: les Victoires de la musique. For 20 years, it has been known for being a boring TV show, and a complete masquerade. This year, once again, it was a ridiculous prom ball, where the French music industry has proved to be hypocritical and stupid. The most ludicrous example being the band Les Rita Mitsouko nominated for Best female artist award: imagine the reactions if a band as big as No Doubt was in that category (even if their music have nothing to do, by the way). Fans would go out and demonstrate their disagreement… The press would humiliate the jury for this unfair cast… Other nominated artists would protest against such nonsense… Well, in fact, nothing happened, and Les Rita Mitsouko didn’t win the prize anyway.
However, French chanson is not completely dead with its lacking sense of reality, some artists are really renewing it. Camille is one of them. She bears a name that can be either male or female in French, and her voice, sometimes, sounds like a young boy’s. On her latest album Le Fil (The Thread), with very few instruments and heavy vocal arragements, she tells strange stories about loving too strong, about being dead on the road to Nice, about taking the place of someone else’s pain… She sings that birds too are afraid of heights.
This record seems like an obvious spin-off to Björk’s Medulla, but she was already working on it one year ago, before the icelandic diva released her all-voices effort. I saw Camille live on a Nouvelle Vague show and she performed her songs on a complete different mood from the studio versions and it appears to me now that she was giving to Nouvelle Vague her Fil feeling.
Yet, as you can find many information on this new album of hers (here, for example), I’m giving out to you an English-speaking song from more conventional Le sac des filles, her first album. She wrote it, like most of her works. And you can sense her unique tone, here very feminine, light and warm. Now, like Theseus, follow the sonic thread…

(image taken from coulonges.net)

Camille – Ruby

Michelle, ma belle

3 Destiny's Child pèsent moins lourd qu'1 Laurence Boccolini

Observe avec moi l’actuellement plus grand groupe de filles du monde… Trois bombes dont le boulot (promo-concerto-solo) est programmé jusqu’en 2008 (je n’invente rien, elles l’ont annoncé elles-même pendant la promo de Destiny Fulfilled). Trois bombes dont il ne va en rester qu’une, sauf que, contrairement à la 1ère compagnie, ce n’est pas le public qui décide : c’est tout vu d’avance !
Les mauvaises recrues LaTavia, LeToya et Farrah sont déjà oubliées. Elles ont quitté le bateau trop tôt, victimes de leur propre mutinerie égotique contre le système Knowles : papa manager, maman styliste, frère agent, soeur chanteuse (dans cet ordre ou dans un autre, mais ça ne change rien).
Et il y a celles qui ont survécu. (Résisteront-elles toutefois au curieux sponsoring de leur tournée par McDonald’s ? Message subliminal : pour devenir aussi maigres que les Destiny’s Child, mangez fat !)

  • La diva : Beyoncé Knowles, celle qui va gagner (à droite sur la photo). Frontwoman qui reprend aussi bien à son compte le côté black-mama-bien-habillée de Diana Ross que la musicalité sexy de Tina Turner. Et un talent tel qu’elle a fini par faire croire à la planète entière que Crazy in love était une bonne chanson.
  • La fausse suivante (au milieu) : Kelly Rowland, très pétasse avec ses cheveux rouges, ses lèvres ourlées et glossy, ses tenues légères, ses duos minables avec Nelly et Stomy Bugsy. Elle a du mal à cacher, en fait, celle qui se trouve (injustement) au troisième rang.
  • L’oie blanche… euh non… La transparente… euh non plus… Comment dire ? C’est comme si elle n’était pas là, et pourtant (à gauche)… Michelle Williams est une des plus grandes chanteuses de r’n’b actuel, comme on peut l’entendre sur Soldier, qui passe en ce moment à la radio.

Et justement, comme souvent, pas de bol pour elle, son couplet intervient à la fin de ce single. La version album dure presque six minutes, on l’entend seulement après le pont solo de Beyoncé (bis) et le featuring tout naze de Lil’ Wayne… Autant dire qu’elle doit être coupée, la pauvre, sur la version radio, et que, du coup, les auditeurs d’NRJ ne profitent pas des lignes Homey in the dickies in my zone tonight […] He the type that might change my life. Du petit nègre à la ghettostyle, moyennement crédible dans la bouche d’une meuf qui gagne des milliards de dollars par seconde (même quand elle dort), mais hypra-sensuel, avec cette voix rauque de fillette en pleine révolution oestrogénique trop à l’étroit dans sa culotte 12 ans…
A part ça, elle a fait deux albums solo de contemporary gospel. Un genre musical qui ne concerne qu’une petite partie du marché américain et qui, en général, pue la mollesse et les bons sentiments. Sauf que, lors du dernier passage des Destiny’s Child à Bercy, la demoiselle nous en avait servi une petite part qui m’avait, ma foi, retourné. Alors, depuis, j’ai fait un effort, j’ai écouté un peu de ses deux galettes et, je le confirme, ça pue.
Heureusement qu’elle pense parfois à aller chanter chez les autres, avec d’autres, pas toute seule, comme sur ce morceau un peu fastoche, je te l’accorde, mais qui me donne des frissons. Parce que, placé entre deux couplets du rappeur trop dans le vent Talib Kweli, Look at all the lonely people, c’est le refrain le plus soulful qu’on puisse extraire d’une chanson des Beatles.
Et ce n’est pas Aretha qui dira le contraire.

Music industry has made a few steps with Destiny’s Child (huge singles and LPs sellers, major cast changes and lawsuits, solo breakouts…) and experiences big game marketing: I don’t think a band has ever included before their sponsor’s baseline into their world tour’s title : Destiny fulfilled… and lovin’ it
After hiring sporty Justin Timberlake to perform I’m lovin’ it promotional tune, will McDonald’s ask Beyoncé, Kelly and Michelle to have Big Macsⓒ on stage? Something has gone definitely wrong with American food: while not-so-thin Laura Bush is involved in the national campaign about heart disease, Destiny’s Child pretend that the more you love junk food, the thinner you look… These girls mustn’t have even seen a hamburger for years!
Yet, Michelle Williams, the tinier of them three girls, is my favourite. Because of her voice: she sounds like a little girl, throaty and whiny, stuck in her puberty’s first steps (and panties).
I like the fact that she’s always behind the two others. She often manages to beat Beyoncé’s glamourous virtuosity and Kelly’s bitchy flawlessness in a few screams or sighs. She’s the perfect background: on DC’s Destiny Fulfilled, her singing and verse almost appear as those of a featuring artist. Even when she opens a song, like If… And with her sexy verse, she perfectly closes Soldier.
As a solo artist, she hasn’t reached any success outside of the US, I guess. Contemporay gospel is not a genre that sells a lot outside of african-american communities. Michelle has also done some nice, and actual, featurings. Today’s pick, Lonely People, is one of them, from Talib Kweli‘s The Beautiful Struggle. Yet this track doesn’t appear on the regular edition: was it taken off the CD after a sample clearance issue or is it a leak as reported on Diesel Nation? Even if the cover is quite obvious, even if the track sounds also easy, Michelle vocalizes with much soul Paul Mac Cartney’s lines, and proves to be a great singer.

(image taken from rollingstone.com)

Talib Kweli feat.Michelle Williams – Lonely People

[di djé ing] culture

Et tu crois que ça va les aider à choper des gonzesses ? Bonjour, on se (re)connaît ? Playpause a changé : un nom de domaine rien qu’à moi (merci mon amour), un design rien qu’à moi aussi (encore en travaux), plein de nouvelles couleurs et de nouvelles idées, peu de temps… Je vais toutefois rendre cet endroit un peu plus vivant que les dernières semaines de playpause.typepad.com !
Pour commencer, alors, une médaille ! C’est festif et de bon ton… Je ne vois pas pourquoi je n’auto-célèbrerais pas un petit peu le futur succès de cette nouveauté, étant donné que notre gouvernement ne perd pas de temps non plus : pendant que le ministre de la dépense inconsidérée se voit jeté dehors pour cause de foutage de gueule manifeste, le ministre de la bonne conscience chiraquienne propose des maisons à 100000 € pour les pauvres… Et tandis que les intermittents réclament qu’on s’occupe vraiment d’eux, le ministre des inrockuptibles fait Chevalier de l’ordre des Arts et Lettres les doyens de la French Touch Air, Dimitri From Paris et Philippe Zdar. (Question en filigrane : en ont-ils vraiment quelque chose à foutre, voire besoin ?)
(Mauvaise langue, je continue sur ma lancée : cette info, je l’ai lue en premier dans A nous Paris… C’est bien la première fois que j’apprends vraiment quelque chose grâce au gratuit du métro…)
Pouet, pouet, boom, boom, sortez les cotillons… Je ne sais pas quel stagiaire de cabinet a rédigé le discours de notre ministre, mais j’ose espérer que ça a ricané rue de Valois quand RDV, le petit prince des pince-fesses, a lu les phrases suivantes :

  • Vous ne cessez de franchir de nouvelles étapes, toujours plus haut, vers de nouvelles échappées vibratoires et magnétiques. (extrait du discours à J.B. Dunckel et N. Godin)
  • Le premier album de Cassius en 1999 étincèle, avec son hip-hop festif aux sonorités soul et électronique, à la fois sensuelle et frénétique, impossible à écouter sans se mettre à danser. (extrait du discours à P. Zdar)
  • Vous découvrez le DJing [di djé ing] chez vous avec les moyens du bord, remixant, en coupant/collant des extraits de bandes de tubes disco que vous enregistrez à la radio. (extrait du discours à DFP)

[di djé ing] : je ne sais pas toi, mais moi, me rendre compte que sur le site du ministère de la culture, on publie le texte intégral des discours du ministre, didascalies phonétiques comprises, ça me fait hurler de rire…

Sinon, c’est l’occasion de mettre en ligne un morceau bien chouette des Brand New Heavies, remixé par Dimitri le DJ bien peigné. Une touche de house très nineties, quand le qualificatif underground imprimé sur une pochette de CD suffisait à me faire croire que mes oreilles allaient tomber du côté obscur de la musique électronique. Et la voix de Siedah Garrett, pas aussi mind tripping que celle de N’Dea Davenport (historiquement, la première chanteuse du groupe), mais tout de même joliment mise en valeur par le court passage a capella au milieu du morceau.
Alors, c’est parce que je préfère Dimitri à Siedah que je classe ce premier billet 100% playpause.fr dans la catégorie Faces, consacrée aux producteurs & remixeurs… Mais, c’est promis : je mettrai prochainement en avant la voix (l’autre, la vraie) des BNH…

Talkin’ ’bout a revolution
or maybe just a change of mind

Yep, Playpause has changed, and I haven’t figured out yet if it’s a revolution or a change of mind.
My lover has offered me this domain name for Valentine’s Day and I’m getting used to all the new tools and toys that come with managing my own site. More to come!
This new version is still work in progress, forgive the bugs and layout errors: everything will be fixed soon…

Sometimes: today’s song is a celebration of my new site (and also the new life I’m about to live. But I’m not really going into personal details on playpause.)
And an illustration of an eternal song theme: when you do good, good things happen to you. They’ve all sung that, from Aretha to Janet (for example), from Gorillaz ‘ forthcoming Feelgood Inc. to The Brand New Heavies
Frontband of Acid Jazz movement, they were quite huge in the beginning of the 90’s. Sometimes was the first single from Shelter. Yet, it is a great song, featuring their new female vocalist, Siedah Garrett, also known for recording I just can’t stop loving you, a duet with Michael Jackson, and one of Madonna’s background singers on her last Re-invention Tour.
Unfortunately, this BNH album lacked of the dreamy fucking funky inspiration they had put into the three first LPs and bomb singles as Dream come true or Dream on dreamer, and it seems that the band hasn’t really recovered it on their last effort, allaboutthefunk… (How can you take seriously people who cover Many rivers to cross ?)
This special remix is served by très très chic Dimitri From Paris, whose link to the news may not be very interesting for those who don’t follow French politics… Forgive me for this, I’d rather take care of my new design for you than translate these national issues! Anyway, enjoy, hope you like the new Playpause.

(image taken from doublet.com)

The Brand New Heavies – Sometimes (Monsieur D’S Underground Behaviour Mix)